Montmort, Pierre Rémond de an Bernoulli, Johann I (1718.10.28)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Montmort, Pierre Rémond de, 1678-1719
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Montmort
Datum 1718.10.28
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 665, Nr.19*
Fussnote Bleistiftstriche von Joh. I B.



File icon.gif A Monmort ce 28 8bre 1718.

Une fievre continue accompagnée de tout ce qu'il faut pour faire mourir un homme plus robuste que je ne suis est ce qui m'a empeché depuis deux mois de vous faire reponse et à Monsieur Vostre fils[1]. Je n'ai plus de fievre depuis 10 ou 12 jours mais je suis extremement foible, on me defend toutte application d'esprit, j'entreprend neanmoins de vous écrire; cette occupation me sera tres agreable et je l'interromperai aussi souvent que je le sentirai necessaire. La lettre belle et longue que j'ay recue de vous depuis quelques jours[2] me fournira bien de la matiere. Je suivrai l'ordre des articles.

M.r Herman[3] m'a aussi envoyé sa nouvelle solution du prob. des trajectoires, la voicy. "L'egalité des courbes dont on cherche la trajectoire estant ( signifie une quantité quelconque donnée par et des quantités constantes) on a est une quantité constante pour tous les points de la trajectoire et variable pour chaque point de la trajectoire pour la formule qui appartient à une trajectoire qui coupe chaque courbe donnée sous un angle dont le sinus est au sinus de complement comme est à , partant faisant la formule se change en pour les trajectoire[s] orthogonales". Vous verrez M.r si ce qu'il vous a envoyé est conforme à cecy que je n'entends pas.

Vous croyez M.r sur la parole de M. Varignon[4] que M. Newton[5] vous a envoyé un exemplaire de son Optique,[6] et vous souhaittez que je l'en remercie de vostre part. Je n'en ferai rien s'il vous plaist 1.erement parceque j'ay de grandes raisons de croire que vous devez ce livre à M.r Varignon[7] et non à M.r Newton[8]; si pour vous divertir vous en voulez scavoir la verité demandez à M.r Varignon[9] lorsque vous luy écrirez en quels termes M.r Newton[10] luy a écrit sur vostre sujet. Vous l'embarasserez car pour vous parler net c'est une galanterie du pacifique M.r Varignon[11]. Que cecy s'il vous plaist soit entre nous, car M.r Varignon[12] me prie dans sa lettre de ne vous point reveler ce petit mystere et j'aurois suivi ses intentions qui sont bonnes si ce n'est que je m'appercois que cet erreur vous feroit faire un qui pro quo en remerciant M.r Newton[13] qui n'a point pensé à s'attirer un remerciment de vous et n'y a pas donné lieu. Ma 2.e raison est qu'il est inutil d'ecrire à M.r Newton[14] de qui on ne peut esperer aucune reponse. Je m'attendois d'en avoir une à une longue lettre que je luy ecrivis il y a 8 ou 9 mois[15] dans laquelle je luy rapportois par vostre ordre[16] et de vostre part plusieurs choses honestes et obligeantes qui assurement demandoient un remerciment pour vous.[17] M.r l'abbé Conty[18] à qui je fis voir ma lettre m'assura File icon.gif que je n'en receverois point de reponse, qu'il n'en faisoit jamais surtout à de pareilles lettres, qu'il s'etoit fait ladessus des regles de prudence ou plustost de politique auxquelles il ne manquoit jamais. La prediction s'est trouvée juste, je n'ai point eu de reponse. Je ne concois rien à ces manieres sauvages qui sentent trop son insulaire mais enfin me voila instruit, je ne luy écrirai plus. Il m'a fait l'honneur de m'envoyer en present la nouvelle edition Angloise de son Optique,[19] on en fait actuellement une autre en latin et quand elle sera faitte on me mande que M. Newton[20] travaillera à faire imprimer ses Principes.

Croiriez vous M.r que j'ay reçu une lettre de vostre cher et bien aimé M. Keil[21], je vais vous en rendre compte fidellement. Sa lettre est du 3. 7bre. J'avois écrit à M.r Taylor[22] que vous m'aviez mandé touchant la courbe du projectile dans l'hypp. des resistances en raison simple des vitesses que c'etoit une courbe fort connue des Geometres. M.r Keil[23] commence sa lettre en disant qu'il y a plus de 30 ans que M.rs Wallis[24], Newton[25] et Huygens[26] ont nommé cette courbe. Cela est conforme à ce que vous me marquez dans vostre derniere lettre. Il m'avertit en suitte que le prob. resolu par M.r Vostre neveu[27] et par M. Herman[28] est fort different de celuy qu'il vous a proposé. Cela est tres vray et je n'ai pu les croire les memes. Mais voicy comme la chose est arrivée.

Lorsque je vous ai rapporté le defy que vous faisoit M. Keil[29], je l'ai fait dans ses propres termes et l'extrait de la lettre de M. Keil[30] à la main. Mais ensuitte ecrivant à M.r Vostre neveu[31] et à M.r Herman[32] voulant leur mander des nouvelles et en particulier le defy qui vous estoit fait par M.r Keil[33], il m'est arrivé je ne scai comment d'oublier l'enoncé de son probl. et d'y en substituer un autre, scavoir trouver la courbe des resistances d'un pendule qui decrit une cycloide dans l'hyppotese des resistances proportionelles au quarré des vitesses, apparemment il m'etoit passé dans l'esprit que le prob. de M. Keil[34] etoit deja resolu, ce qui n'est pourtant vray que pour le seul cas de la resistance proportionelle aux vitesses. Quoy qu'il en soit car pour dire la verité je ne m'en souviens pas bien, je me console de ma meprise et de mon etourderie puis qu'elle a donné lieu à ces M.rs de faire de belles decouvertes auxquelles ils n'auroient peutestre pas pensé. Je vais vous traduire tout au long le reste de la lettre de M.r Keil[35].

"Quand M. Leibnitz[36] etoit pressé par nos arguments il faisoit diversion en proposant des problemes. M.r Bernoulli[37] son imitateur veut faire la meme chose, mais je peux l'assurer que tous les prob. qu'il peut proposer ne m'empescheront point de poursuivr[e] le point capital de la dispute qui est entre nous. Il ne s'agit point de scavoir quel est le meilleur Geometre et entend mieux à resoudre des problemes mais de scavoir qui est l'inventeur du calcul des fluxions direct et inverse. M.r Bernoulli[38] reconnoist M.r Leibnitz[39] pour 1.er inventeur de la methode directe seulement avec un αυτος εφη vel quicquid dixerint Angli. Il s'attribue l'inverse quoy que le traitté des quadratures de M. Newton[40] soit fait il y a 40 ans longtemps avant que M.r Bernoulli[41] scust rien sur ces matières et que ce traitté renferme plus de choses File icon.gif que M.r Bernoulli[42] ne paroist en scavoir meme aujourdhuy. Il y a encore un autre sujet de dispute entre nous c'est à l'occasion de la meprise qui se trouve dans la proposition 10, livre 2, 1.ere edition des Principes, il pretend qu'elle est une preuve qu'il n'entendoit pas les 2.es differences quand il a fait ce livre,[43] que par consequent il n'en est pas l'inventeur et moy je pretend le contraire et que la solution est bonne. Si M.r Bernoulli[44] ne se retracte sur ces deux articles et ne rend justice à M. Newton[45] je le traduirai devant le tribunal de l'univers pour estre juge sur les unfairs and partial dealings. Si je voulois je ferois voir que dans le peu qu'a donné M. Bernoulli[46] qui n'est pas la millieme partie de ce que nous avons de M. Newton[47] il y a plus de fautes qu'il ne s'en trouve dans tous les ouvrages de M. Newton[48] ensemble; mais je n'aime pas la dispute. Ce que j'ay dit pour la defense de M.r Newton[49] procede uniquement du grand respect que j'ay avec tous ceux qui aiment les sciences pour un homme à qui le monde scavant a plus d'obligation qu'à tous les autheurs qui depuis Archimede[50] ont ecrit sur les mathematiques et sur la physique. Je prendrois volontiers pour juge une personne de vostre merite, knowledge and candor pour decider si M.r Newton[51] n'a pas été maltraitté par M.r Bernoulli[52] qui sans aucune raison a epousé le party d'un homme si noté de plagiat[53] qu'il n'a jamais rien pu dire pour sa defense et qui a eté obligé de garder le silence sur sa quadrature du cercle aussi bien que ses amis. Je suis etc."

Je ne scai si je fais bien de vous faire part de cette lettre que vous ne pourrez peutestre lire sans un peu d'impatience et d'emotion. Vous jugez bien par la peine que je prend que mon intention est de vous faire plaisir, sa lettre est extremement mal écritte et je ne scai pas trop bien l'anglois, ce n'est pas sans peine que je l'ai dechiffrée. Je vais luy faire reponse, je garderai copie de ma lettre pour vous en faire part quand vous le souhaitterez. Je suis sur d'avance qu'il n'en sera pas content quoyque je me propose de la faire honeste, moderée et de n'entrer que fort legerement en matiere. Vous voyez par cette lettre M.r que M.r Keil[54] ne pense point à donner la solution du prob. qu'il vous a proposé au moins je le juge ainsi. Il est vray qu'il ne vous a pas fait de defy dans les formes et parlant à vous mais enfin n'est ce pas à peu pres l'equivalent, d'ecrire à M.r Taylor[55] pour qu'il me fasse part de sa lettre, à moy dis je qu'il doit croire en liaison avec vous et vostre ami soit par Mr. Taylor[56] soit par les lettres qui sont dans l'Essai d'analyse,[57] d'ecrire dis je à M.r Taylor[58] ce qui suit.

"S'il" (Mr. Bernoulli[59]) "prend la peine de lire le traitté des quadratures de Mr. Newton[60] il y trouvera diverses speculations sur les equations fluxionelles qu'il ne luy est jamais entré dans la teste de considerer" (je traduis mot à mot) "particulierement dans la derniere proposition de ce livre qui s'etend à des fluxions de tous les genres. File icon.gif Si M.r Bernoulli[61] examine bien ce livre il se trouvera bien eloigné d'estre l'inventeur de ce qu'il appelle calcul integral.

Je ne puis nier qu'il ne soit fort versé dans ce calcul mais je ne scache pas qu'il l'ait appliqué à aucun probleme d'usage, il semble que son genie le porte principalement aux bagatelles. La seule partie de la philosophie de M.r Newton[62] qui n'est d'aucune importance et qui ne sert à rien pour expliquer les phenomenes de la nature est celle qu'il a examiné avec le plus soin. S'il vouloit exercer son industrie sur quelque chose d'util je desire qu'il voulust resoudre le prob. tenté par M.r Leibnitz[63] mais auquel il s'est trompé et qu'il n'a pu resoudre: Trouver la courbe qu'un projectile decrit dans l'air dans la supposition ordinaire de la pesanteur et de la densité uniforme du milieu mais de la resistance en raison doublée de la vitesse."

N'est ce[64] pas là une invitation qu'il vous fait et ne peut-on pas donner le nom de defy à cette invitation. M.r Keil[65] pourra dire qu'il n'a point ecrit cette lettre à M. Taylor[66] pour qu'elle vous fust communiquée mais aura-t-il raison de le dire, je ne le crois pas. Vous luy avez donné jusqu'au 1.er 7bre à resoudre ce probleme mais comme M.r Taylor[67] etant aux eaux a reçu fort tard la lettre dans laquelle je luy mandois ce que vous exigiez à vostre tour de M. Keil[68], j'ay cru de voir dans une 2.e lettre allonger ce terme et mettre le 1.er Novembre au lieu du 1.er 7bre. J'espere que vous ne desaprouverez point la liberté que j'ay prise.

J'ay trouvé dans la lettre de M.r Keil[69] à M.r Taylor[70] dont j'ay mis cydessus un extrait un endroit curieux dont j'avois oublié de vous faire part et que voicy: "M.r Bernoulli[71] peut differer de repondre au memoire que j'ay donné pour la defense de M. le chev. Newton[72] jusqu'à ce qu'il ait vu ce que j'ay repliqué à sa famous letter publiée dans les Actes de Leipsic 1716 contre moy;[73] il repondra en meme temps à l'une et à l'autre, s'il le peut." Cela confirme ce que j'ay eu l'honneur de vous mander et que j'avois appris de M. l'abbé Conty[74]. Je ne scai point si ce 2.e memoire a paru.[75] Je vais écrire à Paris pour en estre instruit car je scai qu'il a paru un nouveau volume de ce journal où se trouve un memoire de M. Herman[76] contre M. Keil[77].[78] Je puis vous assurer que je ne scai aucun detail du memoire de M.r Keil[79] contre vous. Je scai seulement que vous y estes maltraitté et cet abbé[80] quoyque fort Anglisé et grandissime partisan de M. Newton[81] en etoit scandalizé mais seuleme[nt] par rapport aux egards qui sont dus à un homme de vostre merite et de vostre reputatio[n] car il est fort disposé à tout donner à Mr. Newton[82] en quoy il a certainement tort et grand tort car il est plus clair que le jour que tous les Geometres qui sont en Europe n'ont appris le calcul differentiel et integral que de Mr. Leibnitz[83], de vous et de M.r Vostre frere[84] et point du tout de M. Newton[85], dont les decouvertes en ce genre n'ont paru qu'un grand nombre d'années apres les[86] vostres ensorte que nous vous en avons l'obligation toutte entiere, à vous, à M.r vostre frere[87], à M.r Leibnitz[88] et non à luy. C'est ce que je dis à qui veut l'entendre et ce que j'ay dit meme en Angleterre. Les Journaux de Leipsic sont des monumens eternels et incontestables de vostre gloire, rien ne peut luy donner atteinte.

File icon.gif J'ay examiné l'analyse de M.r Herman[89] pour integrer l'egalité . Il va comme vous et avec vous jusqu'à cette equation , il fait ensuitte une nouvelle substitution differente de celle que vous me marquez, enfin il prend une equation faute et employe la methode des coefficients indeterminées. Il me mande qu'il en est venu par 3 routtes differentes à integrer cette equation. Il me prie de ne faire voir à personne celle qu'il m'envoye, vous jugez bien qu'il sera obeï.

J'avois deja remarqué ce que vous me faistes l'honneur de me mander au sujet d'un certain probleme d'hydrostatique dans lequel M. Newton[90] s'est trompé. J'avois attribué le silence de M. Herman[91] à un manque de memoire et cela peut estre effectivement. Vous qui le connoissez mieux que moy pouvez mieux scavoir à quoy vous en tenir.

Sans estre bien connoisseur j'avois soupçonné que M.r Taylor[92] etoit plus pres du vray que M.r Herman[93] et que ce dernier avoit tort contre le 1.er mais je n'en etois pas sur n'ayant pas suffisament etudié ces matieres qui sont fort difficiles et dont par consequen[t] je ne suis pas trop capable d'autant plus que ce qu'ils ont donné l'un et l'autre sur cette matiere des vibrations des cordes de musique est écrit ce me semble avec beaucoup d'obscurité.[94] Le peu que vous me marquez de vos idées sur cette matiere me plaist beaucoup. Vous estes sur Monsieur dans tout ce que vous faistes quoy qu'en dise M. Keil[95]. Je vous invite à communiquer au public vos decouvertes en ce genre. Il ne sort rien de vos mains qui ne soit perfectum ingenio, elaboratum industria, ce n'est point là un compliment, c'est la pure verité. Et je ne connois personne qui soit connoisseur et impartial qui n'en convienne. Ce que j'estime encore infiniment c'est que vous avez le rare et precieux talent de vous faire entendre. Vous estes presque le seul auteur en Geometrie que je lise avec beaucoup de plaisir. Je n'aime pas la peine, bien d'autres me ressemblent en cela, vous la diminuez infiniment à vostre lecteur. J'ay bien dit des injures et de bien grosses à mon ami M.r Taylor[96] quand il etoit icy avec moy sur l'obscurité etonnante et la mauvaise facon de son livre.

Je suis faché que vos livres courent le monde et soient allez à Francfort. Je vous envoirai incessament le recueil de lettres entre M. Leibnitz[97] et M.r Clark[98] et quelques exemplaires de mon memoire sur les suittes inseré dans les Transactions philosophiques.[99] Si je peux j'y joindrai mon memoire à M. Taylor[100] sur nos principes physiques comparés à ceux de M. Newton[101] avec sa reponse à ce memoire[102] que j'ay recue depuis peu. Je suis dans le principe ordinaire sur l'estimation des forces. Je scai qu'apres M.r Leibnitz[103] vous et M.r Herman[104] estes d'un sentiment contraire. Je serois bien aise de scavoir vos preuves.

File icon.gif C'est d'un ami qui etoit à Paris avec vous[105] et qui copioit vos lecons pour M. de l'Hopital[106] que le P. Reinau[107] a tiré son manuscript dont j'ay bien remarqué quelques petits lambeaux dans son livre Analyse demontrée.[108] Le P. Bizance[109] en avoit aussi un,[110] comme je pressois M. le M. de l'Hopital[111] de me le prester il me donnast une lettre pour le P. Bizance[112] par la quelle il le prioit de me preter le sien mais apparemme[nt] le mot estoit donné pour n'en rien faire car je ne l'eus point. Le P. Reynau[113] me preta le sien environ un an apres et comme je vous l'ai dit j'en perdis et egarais[114] un petit cayer dont on fust bien faché.

Je m'en tiens toujours à ce que j'ay eu l'honneur de vous mander au sujet de l'utilité qu'il y auroit pour vous de laisser imprimer vos anciennes lecons à M.r de l'Hopital[115]. Vous avez vu que Mr. Johnes[116] a fait imprimer des anciens ouvrages de M. Newton[117],[118] personne n'a doutté de la datte ni de l'autenticité de ces ouvrages. Il en seroit de meme et à bien plus forte raison de vostre manuscri[pt.] Quoyque je l'aie gardé fort peu de temps et que je l'aie lu etant encore novice, je n'avois alors que 22 ou 23 ans et il y avoit fort peu de temps que j'avois commencé a etudier la Geometrie, je me souviens bien qu'il y a de tres belles choses sur le calcul differentiel et integral. Si apres y avoir pensé à loisir vous estes de cet avis, je me chargerai quand il vous plaira de le faire imprimer; on pourroit si vous le jugiez à propos pour le rendre encore plus digne de la curiosité du public et en assurer un plus grand debit y joindre quelques unes des decouvertes que vous avez faittes depuis à vostre choix. Cela se mettroit separement. A l'egard des lettres cela me paroist delicat et il faudroit prendre garde à ne rien faire dont on pust estre blamé. Vous y penserez M.r rien ne presse.

Vous m'avez convaincu M.r que M.r vostre frere[119] n'a point resolu le prob. de la chainette, plusieurs passages des Journaux de Leipsic m'avoient jetté naturellement dans cette erreur mais enfin vos preuves sont sans replique. Au reste Monsieur je croirois qu'on ne peut sans faire injustice à feu M.r vostre frere[120] refuser de le reconnoistre avec vous pour coinventeur du calcul integral aussi bien que pour grand promoteur du calcul differentiel. C'est de luy ce me semble que nous tenons le 1.er morceau de calcul integral qui ait jamais paru. J'entends son analyse de la ligne descensus aequabilis en 1689,[121] au mois de janvier de 1691 il en donne un autre magnifique où il vous cite et fait part aussi de vos decouvertes.[122] Il avoit des lors penetré dans le plus profond de ce calcul car je trouve Act. Erud. anno 1695 page 547 que dès l'année 1691 il avoit trouvé cette proportion d'où se tire l'equation de sa velaria.[123] Vous estes un grand homme M.r mais certaineme[nt] il l'etoit aussi et j'ay toujours cru que dans ces 1.ers temps vous marchiez l'un et l'autre passibus aequis. Je vous parle avec franchise et en ami. Je me flatte File icon.gif que vous n'en doutez pas et de là naist ma confiance à vous dire librement ce que je pense. Mon but est de m'instruire à fond de tous vos tittres pour les produire et les faire valoir en temps et lieu.

Je crois comme vous qu'un historien neutre et impartial n'est pas obligé de produire des monumens publics quand il n'en peut pas avoir et qu'il suffit ... etc.,[124] qu'un tel historien doit estre cru sur sa parole, mais je crois que cela a lieu principalement à l'egard de gens morts et qui ne peuvent pas faire leurs affaires eux mêmes. Quand un auteur a fait une decouverte et qu'il est bien aise de s'assurer l'honneur qui luy en doit revenir, qu'il la publie, qu'il la fasse imprimer, c'est là la grande routte, c'est la seule voye sure et legitime. Cette regle abbandonnée on ne scaura plus à quoy s'en tenir dans l'histoire des decouvertes, tout ne sera plus que conjectures. Je communique aujourdhuy une decouverte aux scavans, il s'en élevera un qui par 20 preuves douteuses et autant de temoignages suspects voudra prouver qu'il l'a scu avant moy, 10 ans si vous voulez auparavant; je dis qu'en bonne police ce pretendu preinventeur ou coinventeur ne doit point estre admis à faire ses preuves, ou que si pour de grandes raisons on veut bien l'y admettre, un historien et le public y doivent estre extremement difficiles. Je dis tout cecy comme vous voyez principalement par rapport à M. Newton[125].[126]

S'il a estimé la gloire d'avoir inventé le calcul direct et inverse des fluxions que n'a-t-il publié ses decouvertes pour en enrichir le public et en retirer l'honneur qu'elles meritent. Il s'en avise bien des années apres les autres et veut non seulement entrer en societé de gloire avec des personnes qui ont inventé et publié ces memes decouvertes mais encore leur ravir la qualité d'inventeurs. Certainement cela est dur et ses champions se mocquent des gens. Je scai moy en particuliers à n'en pouvoir presque douter par la communication que M.r Newton[127] m'a fait l'honneur de me donner de ses papiers qu'avant l'année 1677 il avoit deja fait de furieux progres dans ce que nous appellons calcul differentiel et integral, mais pour n'avoir rien publié alors et qui pis est pour avoir à dessein enterré ces decouvertes dans son livre des Principes où l'on n'en voit presque aucun vestige quoyqu'à mon avis et apparemment selon le vostre, il ait tout trouvé par ce calcul, il merite que la posterité en doute, et que M.r Leibnitz[128] qui a publié le 1.er et vous qui avec M.r vostre frere[129] avez elevé jusqu'aux nues cet edifice qui n'avoit encore que le raiz de chaussée quand vous y avez mis la main, en aiez le principal honneur.

File icon.gif Je vous prie de faire mes tres humbles remercimens à M. Iselin[130] pour le present qu'il m'a fait de sa dissertation sur la nouveauté du monde.[131] J'en ai admiré la vaste erudition, cette matiere est tres belle. Rien n'est si simple ni si élegant que vostre analyse du prob. des trajectoires.[132] Je n'ai pu me tenir de la lire malgré la foiblesse de ma teste. C'est ce matin que j'ay fait cet effort et j'en ay eté payé par le plaisir de la bien entendre.

M.r Poleni[133] m'accable de presents. Je n'ai encore rien lu de son livre De motu aquae mixto[134] qui n'est pas relié.

Je n'ai fait que parcourir le livre de M.r Raphson[135]. Quand je le recus d'Angleterre il y a 7 ou 8 mois ce livre me parut mauvais et tres mal fait. Je vous proteste que je ne me souviens pas d'y avoir rien vu que vous regarde. Je scai bien qu'on vous soupconnoit en Angleterre d'estre l'auteur de la lettre dont vous parlez du 7 juin 1713 mais etant à Londres je vous ai toujours defendu contre ce jugement temeraire car pour vous parler sincerem[ent,] je n'approuve point cette lettre dont je ne connois point l'auteur.

Je n'ai point icy l'Histoire des fluxions par M. Raphson[136].[137] Je ne puis croire que M. Newton[138] y parle de vous dans les termes que vous me marquez. Vous appeller homo novus cela seroit fou et on se deshonoreroit. M.r Newton[139] a trop d'esprit pour faire une pareille faute et je le crois trop honeste homme.

On me mande d'Angleterre qu'il y paroist un livre de M. Craig[140]. C'est un traitté de calcul integral. Il apprend entre autres choses à separer les indeterminées dans ces equations , , et sont des quantités composées de et de constantes et il pretend pouvoir faire la meme chose dans l'equation , ce qui m'étonne.[141] Quand j'aurai vu ce livre que j'attend je vous en manderai davantage. M.r Herman[142] m'a envoyé sa solution du prob. des Isoperimetres, elle a beaucoup de conformité avec la vostre. Il a observé que est la difference des sinus des angles et et la difference des sinus des angles et etc.[143] Il m'a envoyé sa solution en analyse pour m'en rendre la lecture plus agreable et plus facile. Il convient dans la derniere lettre que j'ay recue de luy que lorsqu'il a fait son livre il ne scavoit point trouver la courbe des resistances.

Si j'ay oublié de repondre icy à quelque art. de vostre derniere lettre j'y suppleerai une autre fois. J'ay l'honneur d'estre Monsieur avec mon attachement ordinaire et tout le respect dû à vostre merite Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Remond de Monmort


Fussnoten

  1. Bernoulli, Nicolaus II (1695-1726).
  2. Brief von Johann I Bernoulli an Montmort von 1718.09.29.
  3. Hermann, Jacob (1678-1733).
  4. Varignon, Pierre (1654-1722).
  5. Newton, Isaac (1643-1727).
  6. [Text folgt].
  7. Varignon, Pierre (1654-1722).
  8. Newton, Isaac (1643-1727).
  9. Varignon, Pierre (1654-1722).
  10. Newton, Isaac (1643-1727).
  11. Varignon, Pierre (1654-1722).
  12. Varignon, Pierre (1654-1722).
  13. Newton, Isaac (1643-1727).
  14. Newton, Isaac (1643-1727).
  15. Der Brief Montmorts an Newton von 1718.03.27 ist abgedruckt in: Brewster, David, Memoirs of the Life, Writings, and Discoveries of Sir Isaac Newton, vol. 2, Edinburgh 1855, p. 436.
  16. Johann I Bernoulli hatte Montmort in seinem Brief von 1717.04.08 gebeten, Newton die auf ihn bezügliche Passage zugänglich zu machen. Doch Montmort hatte trotz der Nachfrage von Johann Bernoulli in seinem Brief von 1718.03.17 lange gezögert.
  17. Siehe Newton-correspondence.
  18. Conti, Antonio (1677-1749).
  19. [Text folgt].
  20. Newton, Isaac (1643-1727).
  21. Keill, John (1671-1721).
  22. Taylor, Brook (1685-1731).
  23. Keill, John (1671-1721).
  24. Wallis, John (1616-1703).
  25. Newton, Isaac (1643-1727).
  26. Huygens, Christiaan (1629-1695).
  27. Bernoulli, Nicolaus I (1687-1759).
  28. Hermann, Jacob (1678-1733).
  29. Keill, John (1671-1721).
  30. Keill, John (1671-1721).
  31. Bernoulli, Nicolaus I (1687-1759).
  32. Hermann, Jacob (1678-1733).
  33. Keill, John (1671-1721).
  34. Keill, John (1671-1721).
  35. Keill, John (1671-1721).
  36. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  37. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  38. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  39. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  40. Newton, Isaac (1643-1727).
  41. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  42. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  43. [Text folgt].
  44. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  45. Newton, Isaac (1643-1727).
  46. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  47. Newton, Isaac (1643-1727).
  48. Newton, Isaac (1643-1727).
  49. Newton, Isaac (1643-1727).
  50. Archimedes (287 V. Chr.-212 v. Chr.).
  51. Newton, Isaac (1643-1727).
  52. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  53. Keill meint hier offensichtlich Leibniz.
  54. Keill, John (1671-1721).
  55. Taylor, Brook (1685-1731).
  56. Taylor, Brook (1685-1731).
  57. [Text folgt].
  58. Taylor, Brook (1685-1731).
  59. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  60. Newton, Isaac (1643-1727).
  61. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  62. Newton, Isaac (1643-1727).
  63. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  64. Im Manuskript steht "Nesce".
  65. Keill, John (1671-1721).
  66. Taylor, Brook (1685-1731).
  67. Taylor, Brook (1685-1731).
  68. Keill, John (1671-1721).
  69. Keill, John (1671-1721).
  70. Taylor, Brook (1685-1731).
  71. Bernoulli, Johann I (1667-1748).
  72. Newton, Isaac (1643-1727).
  73. [Text folgt].
  74. Conti, Antonio (1677-1749).
  75. [Text folgt].
  76. Hermann, Jacob (1678-1733).
  77. Keill, John (1671-1721).
  78. [Text folgt].
  79. Keill, John (1671-1721).
  80. Conti, Antonio (1677-1749).
  81. Newton, Isaac (1643-1727).
  82. Newton, Isaac (1643-1727).
  83. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  84. Bernoulli, Jacob I (1655-1705).
  85. Newton, Isaac (1643-1727).
  86. Im Manuskript steht "le".
  87. Bernoulli, Jacob I (1655-1705).
  88. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  89. Hermann, Jacob (1678-1733).
  90. Newton, Isaac (1643-1727).
  91. Hermann, Jacob (1678-1733).
  92. Taylor, Brook (1685-1731).
  93. Hermann, Jacob (1678-1733).
  94. Der folgende Absatz ist mit Bleistift und mit einem "NB" am Rand markiert.
  95. Keill, John (1671-1721).
  96. Taylor, Brook (1685-1731).
  97. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  98. Clarke, Samuel (1675-1729).
  99. [Text folgt].
  100. Taylor, Brook (1685-1731).
  101. Newton, Isaac (1643-1727). Montmort, Pierre Remond de, Dissertation de M. de Montmor [sic] sur les principes de physique de M. Descartes, comparez à ceux des philosophes Anglois, in : L’Europe savante, Octobre 1718, Tome cinquième, Seconde partie, La Haye (A. de Rogissart) 1718, Article III, pp. 209-294.
  102. Diese "Reponse" Taylors findet sich abgedruckt als [Taylor, Brook], Reponse à la Dissertation de M. de Montmor [sic] sur les principes de physique de M. Descartes, comparez à ceux des philosophes Anglois inserée dans l mois d’Octobre 1718. Traduit de l’Anglois de M. Taylor, in : L’Europe savante, Mai 1719, Tome neuvieme. Premiere partie, La Haye (A. de Rogissart) 1719, Article IV, pp. 83-134.
  103. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  104. Hermann, Jacob (1678-1733).
  105. Staehelin, Johann Heinrich (1668-1721).
  106. L’Hôpital, Guillaume François Antoine de (1661-1704).
  107. Reyneau, Charles René (1656-1728).
  108. [Text folgt].
  109. Byzance, Louis de (ca. 1647-1722).
  110. Costabel.
  111. L’Hôpital, Guillaume François Antoine de (1661-1704).
  112. Byzance, Louis de (ca. 1647-1722).
  113. Reyneau, Charles René (1656-1728).
  114. Im Manuskript steht "egarre".
  115. L’Hôpital, Guillaume François Antoine de (1661-1704).
  116. Jones, William (1675-1749).
  117. Newton, Isaac (1643-1727).
  118. [Text folgt].
  119. Bernoulli, Jacob I (1655-1705).
  120. Bernoulli, Jacob I (1655-1705).
  121. [Text folgt].
  122. [Text folgt].
  123. [Text folgt].
  124. Zitat aus Joh. I B., letzter Brief...
  125. Newton, Isaac (1643-1727).
  126. Der folgende Textabschnitt bis zum Ende der Seite ist am Rand mit Bleistift und einem "NB" ausgezeichnet.
  127. Newton, Isaac (1643-1727).
  128. Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716).
  129. Bernoulli, Jacob I (1655-1705).
  130. Iselin, Jacob Christoph (1681-1737).
  131. [Text folgt].
  132. [Text folgt].
  133. Poleni, Giovanni (1683-1761).
  134. [Text folgt].
  135. Raphson, Joseph (1648-1715).
  136. Raphson, Joseph (1648-1715).
  137. [Text folgt].
  138. Newton, Isaac (1643-1727).
  139. Newton, Isaac (1643-1727).
  140. Craig, John (1663-1731).
  141. Der erste Exponent in der letzten Gleichung ist schwer lesbar.
  142. Hermann, Jacob (1678-1733).
  143. Die Buchstaben und in den Formeln sind im Manuskript schwer zu unterscheiden.


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