Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1716.09.20)

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Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1716.09.20
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 94*
Fussnote



File icon.gif Monsieur et Trescher Patron

Je commence ma Lettre par l'endroit de la Vôtre[1] qui m'est le plus Sensible, c'est, Monsieur, la perte, que vous êtes obligé de souffrir dans la banqueroute de ces deux malheureux, que je ne veux pas nommer derechef, n'êtants pas dignes d'être nommés par des honnethommes: Vous l'avés diviné au juste, quand vous dites que cela me touche vivement, j'en suis affligé autant que le doit être un homme qui a l'honneur de vous connoître à fond, qui sçait la cordialité avec la quelle vous les avés fait prendre en main une partie de vos biens; Si c'etoient des gens qui par une longue suite de malheurs auroient perdu leurs facultés, encore ce seroit plus facile de digerer une perte bien qu'aussy Sensible que la vôtre, mais à ce qu'on me dit, ce sont êté des gens pleins d'ambition, et d'une magnificence extraordinaire, où il entre quasi toujours de la fourberie, et une malhonnêteté accomplie. Mais je ne veux pas m'entretenir longtemps sur des idées qui ne peuvent être que chagrinantes; Je vous souhaite de tout mon coeur, que vous soyés pleinement consolé, et que la benediction du ciel vous restitüe par d'autres voyes, ce que des vrays coquins vous ont plus que derobé. Je me console moy même, lorsque je considere que vous êtes Philosophe Chrêtien, connoissant parfaitement bien, que tout ce qui est hors de nôtre Ame est sujet touts les moments à la perte, et qu'il n'y a que les merites de cette parcelle divine, qui nous apartiennent en propre, et qui ne nous peuvent pas être derobé par des hommes: Je ne dis pas, que cela ne nous doive pas contrister, quand nous soufrons la perte de nos biens, principalement, lorsqu'on File icon.gif voit devant soy la famille, dont la benediction divine nous a favorisé, toutes ces belles considerations, que la Philosophie et la Theologie nous fournit en foule, ne mettent pas pour cela une famille dans l'état, où l'on souhaiteroit bien de la voir avant que nous sommes obligés de la quitter: une douleur moderée ne peut être que tres legitime: Je m'en console pourtant aisément encore de ce point, regardant le grand bonheur de Vôtre treschere famille, qui voyant encore par la benediction divine un beau reste, peut jouir encore de la grace d'avoir un pere, qui ne manque pas à luy donner une Noble éducation, par la quelle, se conduisant vertueusement dans le monde, on gagne les coeurs des hommes, et les fortunes les plus eminentes: Ces petits evenements (souffrés, cher Patron, que j'appelle ainsy vôtre perte, eû egard à vos facultés residuës) qui nous montrent ce que le bon Dieu pourroit bien pratiquer dans les fortunes entieres, que nous possedons, sera un aiguillon perpetuel à ceux qui ont l'honneur de se nommer Vos Enfans, de se pousser dans le chemin de la vertu, et des merites, à fin qu'ils se voyent en Etat, de se procurer eux mêmes, par les eminentes qualités qu'ils peuvent quasi heriter de Vous leurs Etablissements; alors ils rendront Grace à Dieu et à leur[2] Pere, si son assiduité et la benediction divine leur[3] laisse un heritage honnête. Je souhaite du reste encore une fois que Vôtre bonheur, et Vos facultés soyent proportionnées de plus en plus, avec Vos merites et qualités eminentes.

File icon.gif Au reste je suis ravy que la Soye ait êté agreable à Mad.e Vôtre chere Epouse;[4] mais je ne dois pas manquer de Vous dire que j'ay reçû de M.r Holzhalb les 25 St. 15 X.r qui etoient le prix de cette Marchandise, je souhaite que Madame en fasse une belle Etoffe, qui luy fasse plaisir.

Nos affaires des Pietistes recommencent quasi de nouveau, mais non pas avec la même vigueur, on fit venir la Semaine passée, devant la Commission[5] des Servants pietistes, qui ont mal parlé de la rigueur qu'on a usé envers les bannis: c'êtoit pour leur faire une leçon; Du reste on a decouvert depuis[6] peu une marque tres distincte de l'Impartialité dont ce tribunal a usé envers les Interessés: C'est une Lettre Ecrite du pays d'Appenzell par un Ministre nommé Schlang,[7] contenante l'Examen d'une Inspirée, qui denonça un certain M.r Cramer, Diacre à Liechtenstaig,[8] que celuy là approuvoit les Inspirations comme venantes immediatement du S.tEsprit: cette Lettre a êté communiquée à M.r Hottinguer le Theologien et quelques autres Chanoines, et a eû le bonheur d'avoir êté supprimée dans un temps où la rigueur êtoit la plus vive: Je sçay bien que M.r Kramer n'est pas precisément de ce sentiment, mais je ne puis jamais combiner la rigueur extreme envers les autres interessés, et qu'on supprime la denonciation d'un autre, qui a le bonheur d'être dans une grande famille.

Je ne scay plus que dire, hormis que je suis avec un veritable Respect comme envers Madame, et Votre Chere Famille, et à Vous Monsieur et Trescher Patron votre treshumble et tresobeïssant Serviteur D. Jean Scheuchzer.

Zuric ce 20. Sept. 1716.


Fussnoten

  1. Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1716.09.15.
  2. Im Manuskript steht "leurs".
  3. Im Manuskript steht "leurs".
  4. Dorothea Falkner (1673-1764), Gattin von Johann I Bernoulli, hatte Johannes Scheuchzer um die Besorgung und Übersendung von Seide gebeten. Siehe den Brief von 1716.08.12.
  5. Zur Pietistenkommission siehe die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.07.04.
  6. Im Manuskript steht "depui".
  7. Vermutlich Johann Philipp Schlang (1668-1737), Pfarrer in Appenzell.
  8. Lichtensteig.


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