Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1721.07.23)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Ort Basel
Datum 1721.07.23
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms H 321a, Nr. 98 pp. 307-310
Fussnote



File icon.gif Monsieur et treshonoré Ami

Vous me faites trop d'honneur de me demander pardon de Vôtre silence, qui vient comme Vous dites d'une cause aussi juste que celle d'etre embombé dans le grand Catalogue de Votre Bibliotheque,[1] qui Vous occupe tellement que Vous ne pouvez vaquer à d'autre chose; je serois le plus malhonnete homme du monde, si j'exigeois de Vous de quitter pour l'amour de moi un travail dont depend tout votre interest; non, quelque doux et quelque cher que me soit Votre commerce, je ne pretends pourtant pas, que Vous interrompiés pour un seul moment Vos pressantes occupations, pour mon plaisir particulier.

Je suis rejoui de voir, que mon raisonnement sur la production des nouveaux ecueils prés des Isles Azores ne Vous a pas deplû:[2] La remarque que Vous faites à cette occasion me plait aussi beaucoup.

Pour ce qui est du tremblement de terre arrivé le 3.me de ce mois[3], qui epouvanta notre Ville et ses environs,[4] je puis Vous dire que je ne l'ai pas senti, ou plutot que je l'ai senti sans l'attribuer à un veritable tremblement; voici ce qui en est: Le dit 3.e Juillet un jour de Jeudi, aprez le sermon du matin fait à l'Eglise de S.t Pierre, où on m'avoit baptisé un Enfant qui est mon 5.e fils[5] outre mes deux Filles[6] (d'où Vous voyez que ma Famille continue à s'augmenter heuFile icon.gifreusement) je sortis de l'Eglise[7] et m'arreta devant la petite Porte avec mes deux Comperes Mr. le Thresorier Falckner mon beaufrere et Mr. le Conseill. Hofman;[8] nous y causames ensemble quelque peu de temps, mais entendant sonner un quart aprez 9 heures et me souvenant que je devois aller assister à une creation de Docteur en Medecine, nous nous separames, Mr. Falckner se tournant du coté de la place St. Pierre,[9] et Mr. Hoffman et moi vers la Ruë du Nodelberg[10]; mais ayent fait 5 ou 6 pas, étant encor sur le cimetiere,[11] je sentis tout d'un coup un branlement sous mes pieds, et mes jambes commençoient à chanceler, tout comme si j'avois été de bout dans une petite barque qu'on nomme ici Weydling: Mais ne pensant à rien moins qu'à un tremblement de terre, je crûs que j'avois un vertige et que la tete me tournoit comme il arrive quelque fois quand on est à jeun: ainsi je continuois mon chemin avec M. le Cons. Hofman qui ne s'apperçût de rien, mais au sortir du Cimetiere et etant parvenu à la rue, nous vimes les gens faire des cris d'etonnement et plusieurs d'Eux qui s'étoient sauvés de leurs maisons, craignant comme ils disoient que leurs maisons ne tombassent en ruines, tant ils les avoient vû balancer aprez deux secousses, dont la premiere ne faisoit qu'ebranler un peu les fenetres, les parois, et les planchers, mais l'autre secousse qui suivit incontinent aprez la File icon.gif premiere, fut si terrible qu'on en vit bercer et soulever les parois et les planchers avec un bruit et un fracas qui menacoit un bouleversement general, mais graces au bon Dieu on en fut quitte pour la peur; il n'y en eut de dommage que quelques cheminées abbattuës et quelques murailles fendues. Mon enfant nouvellenemt baptisé venoit justement d'étre reporté au poile où métoit l'accouchée: Les femmes qui l'avoient accompagné selon la mode de cette ville, au milieu des complimens qu'elles faisoient à ma femme, furent vilainement interrompues par ce triste incident, et chacune se mit à s'enfuir, abandonnant la pauvre accouchée qui s'attendoit avec une entiere resignation à voir la fin de ses jours. Mon fils Daniel étoit alors sur le Grenier de ma maison, mais la frayeur subite qui le saisit l'en chassa plus vite qu'il n'y étoit monté, il sauta d'un seul saut par tout un escalier et se blessa un peu. On sentit ce tremblement dans tout notre Canton, il fut plus fort en certains endroits qu'en d'autres; à Waldenbourg[12] il fut tres-violent, comme aussi en quelques endroits de l'Eveché où il a meme endommagé des batimens: on s'en apperçût aussi à Mullhausen[13] et au déla, quelques uns disent jusqu'à Strasbourg; Voila une grande étendue de pays, qui a participé à l'effet de ce Tremblement de Terre, qui est un des File icon.gif maux les plus dangereux; et meme plus redoutable que la peste; puis qu'il surprend et qu'il peut renvoyer dans l'autre monde en un instant plusieurs milliers d'ames avant qu'on s'y avise; Si on pouvoit prédire les Tremblements comme les Eclipses, ce seroit une bonne chose, car non seulement chacun pourroit se garentir et prendre les differences[14] des longitudes de touts les lieux où le tremblement se feroit sentir, pourvû que les Scavants observassent exactement le moment du temps où il arrive; ainsi voila une utilité en consolation du malheur. Mon Neveu qui a aussi été sur la rue[15] et plusieurs autres personnes de celles qui y ont été dans le temps que le dernier tremblement arriva, ne l'ont pareillement pas senti ou plutot n'y ont pas fait d'attention, ce qui est assez étrange, vû la grande agitation et vehemence qu'il a causé dans les maisons.

On enterra avant hier notre pauvre Mr. le D.r Stehelin qui mourut Samedi passé d'une phthisie qu'il avoit contractée depuis plus d'un an: je perds un bon Ami, et mon dernier Dutzbruder; il étoit agé de 53 ans et 2 mois. Dieu Vous conserve longtemps pour le bien public et pour me consoler de ma perte. Je suis aprez Vous avoir fait les salutations de ma femme, avec un attachement perpetuel Monsieur Votre tres humb. et tr. ob. ser.tr J. Bernoulli

Bâle ce 23. Juillet 1721.


Fussnoten

  1. Zu Johannes Scheuchzers Arbeit als Bibliothekar der Bürgerbibliothek Zürich siehe seinen Brief an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
  2. Johann I Bernoullis Deutung des Phänomens der Entstehung eines Felsens zwischen den Inseln São Miguel und Terceira findet sich in seinem Brief an Johannes Buxtorf von 1721.06.04, der als Kopie seinem Brief an Johannes Scheuchzer von 1721.06.18 beigelegt war.
  3. Im Manuskript steht "moi".
  4. Es handelt sich um das Erdbeben von 1721.07.03 mit Epizentrum in Aesch. Der vom Schweizerischen Erdbebendienst angegebene Zeitpunkt weicht von der Zeit, die Johann I Bernoulli angibt, um zwei Stunden ab. Diese Abweichung ist teilweise mit der damals in Basel geltenden Basler Zeit zu erklären. Auch in seiner deutschen Selbstbiographie (UB Basel, Bernoulli-Archiv III. Akten, a2, 1), abgedruckt in Bernoulli-Sutter, René (ed.), Gedenkbuch der Familie Bernoulli, Basel 1922, pp. 81-103, hier: p. 100, berichtet Johann I Bernoulli im Zusammenhang mit der Taufe seines Sohnes kurz über das Ereignis und gibt ebenfalls 9:15 Uhr als Zeitpunkt des Bebens an.
  5. Emanuel Bernoulli wurde am 29. Juni 1721 geboren.
  6. Anna Katharina Bernoulli (1698-1780) und Dorothea Battier Bernoulli (1704-1800).
  7. Die Peterskirche.
  8. Emanuel Falkner (1674-1760) und Johann Jacob Hoffmann (1666-1733) waren zusammen mit Susanna Mangold (?-1754) Taufpaten von Emanuel Bernoulli.
  9. Der Petersplatz.
  10. Der Nadelberg. Hier lag das Wohnhaus "Zum Imber" (heute "Zur alten Treu") von Johann I Bernoulli.
  11. Gemeint ist der nicht mehr existierende Friedhof der St. Peterskirche, der sich am Standort des heutigen Peterschulhauses befand.
  12. Waldenburg.
  13. Mülhausen.
  14. Im Manuskript steht "difference".
  15. Nicolaus I Bernoulli wohnte ebenfalls am Nadelberg.


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