Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1720.05.29)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1720.05.29 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms H 321a, Nr. 90 pp. 277-280 |
Fussnote |
Je Vous envoye par le Messager les deux Livres que j'ai achetés pour Vous, n'ayant pas trouvé d'autre occasion pour Vous les faire tenir. Il n'est pas necessaire de Vous tant presser de m'envoyer l'argent que ces livres coutent, car c'est ici la mode qu'on ne paye les emplettes faites aux Encants que trois mois aprez, ensorte que Vous avez du temps de reste: Puisque Vous me demandez la valeur d'une Livre Baloise, il faut que je Vous dise que 4 florins d'ici ou ce qui est la meme chose 2 Louisblancs vieux font 5 livres de Bale; cela Vous suffit pour faire le calcul.
Le paquet des livres que Vous avez donné à Vos Libraires pour nous les envoyer n'est pas encore arrivé, Mr. Stehelin qui y a le plus de part de ces livres et qui les doit envoyer à Strasbourg est fort impatient de ce long retardement.
Enfin donc on a rendu justice à votre merite en ce que Msrs. les Curateurs de Votre Bibliotheque ont reconnu que les services que Vous avez rendu à la Bibliotheque pendant les 4½ ans de Votre Bibliothecariat,[1] sont dignes de recompense, et qu'ils Vous ont promis de recommender l'affaire au Conseil pour Vous faire obtenir la Profession de l'Histoire de la Patrie j'espere d'apprendre bientot que cette promesse a eu un bon succés, en attendant je Vous en felicite de tout mon coeur; je Vous assure que ce bonheur arrivé à Vous me cause plus de joye que s'il fut arrivé à moi ou à quelqu'un des miens. Je voi par là qu'il y a encore chez Vous des Gens raisonnables qui aiment à recompenser les services qu'on rend au public; mais ici c'est tout le contraire, quelquefois on donne des gratifications à des personnes qui en sont les plus indignes, et on laisse sans remercier seulement ceux qui sacrifient leur repos, leur temps, leur santé et qui s'exposent meme à la persecution des mal intentionés, seulement dans la veue d'étre utile au bien public; Vous avez un exemple visible en ma personne: puisqu'aprez 7 ou 8 ans de services que j'ai rendus à notre Gymnasium public d'une maniere extraordinaire que la charge du visitatorat n'exigeoit pas de moi et aprez avoir employé mes soins et ma vigilance par la quelle j'ai epargné au Fisc de l'Ecole plusieurs milliers de florins, je n'ai remporté autre chose que la haine de ceux auxquels ma trop grande exactitude étoit importune.[2] Vous ne sçavez peutetre pas aussi, que pendant tout l'hyver passé ayant l'inspection sur le travail qu'on faisoit avec quelque succés au bord du Rhin endommagé par la violence de l'eau,[3] il m'a fallu tous les jours employer plusieurs heures à étre present au travail et à essuyer par là les plus grandes rigueurs de la saison, aussi bien que les vents, les pluies et les neiges, au grand prejudice de ma santé, de mes habits et de mon temps destiné sans cela à mes affaires domestiques ou à des Colleges particuliers; hé bien, que pensez Vous quelle recompense on m'a donnée pour cette peine extraordinaire qu'on m'avoit imposée sans que j'y fusse obligé en vertu de ma profession? je Vous dis qu'aprez qu'on a payé touts les ouvriers, on n'eut pas seulement l'honneteté de me remercier, bien loin de m'offrir quelque chose.
Mon Neveu qui Vous fait ses compliments celebrera ses nopces Lundi prochain; c'est lui sans doute, qui Vous a dit dans sa derniere lettre que ma fille a suivi son exemple,[4] mais alors la chose étoit encore incertaine, c'est pourquoi je me contentois de Vous insinuer en parlant du mariage de mon Neveu, que je pourois peutetre bientot Vous communiquer une autre nouvelle semblable; sans cela je Vous l'aurois dit ouvertement: Cependant à l'heure qu'il est le contract de mariage de ma fille vient d'etre conclû; Son Epoux est un jeune homme de Mulhouse nommé Dollfuß d'une des meilleures familles de cette ville-là; c'est un parti assez avantageux pour ma fille ainsi que j'ai lieu d'en etre content; Je Vous suis bien obligé de Vôtre cordiale felicitation, ma joye seroit complete, si je pouvois me flatter de Vous voir present à ses nopces qui se feront 8 jours aprez celles de mon Neveu; nous tacherions de mettre tout en oeuvres pour Vous bien divertir.
Je Vous remercie des 6 feuilles que Vous m'avez envoyé du bel ouvrage sur Job[5] que Mr. Votre Frere fait imprimer, j'ai lû ces feuilles avec grand plaisir; pour moi je n'y trouve rien que de bon et de sçavant qui marque partout une grande Lecture qu'a Mr. Votre Frere: Je devinerai peutetre outre l'Ochsengeschlecht que Msrs. les Censeurs ont Critiqué, ce qui peut leur avoir deplû; Par exemples pag. 23 sur la fin Mr. Votre Frere dit que la propagation d'une petite semence est aussi bien un miracle que la multiplication des 5 pains dans l'Evangile, autrefois à Groningue dans une Disputation publique je dis à peu pres la meme chose, mais les Theologiens orthodoxes crierent d'abord tout haut, que c'étoit là avilir et extenuer les miracles de Jesus Christ, en voulant les comparer à des ouvrages de la Nature.[6] Pag. 28 vers le milieu, l'Ane sauvage et le boeuf sont appellés des machines, auxquelles par consequent on ôte tout sentiment; ce qui tire trop sur le Cartesianisme, par consequent suspect aux orthodoxes. Pag. 31. L'insipidité des sermons ordinaires prononcés en chaire est depeinte avec des couleurs un peu trop vives ce qui pouroit bien blesser l'estomac de certains orthodoxes, qui ne peuvent pas digerer ces sortes de reproches. Pag. 34 sur la fin, il est vrai que Mr. Votre frere ne dit pas directement que la Terre tourne au tour du Soleil, mais il dit tout autant indirectement en attribuant à la terre einen ordentlichen kreiss durch die himmellufft, et une force centrifuge qui lui vient par son mouvement autour du soleil; or il y a longtemps que les orthodoxes ont condamné le copernicanisme comme une heresie à bruler.
Mr. Iselin m'a promis de me faire faire un Catalogue des Historiens manuscripts de Notre Bibliotheque,[7] quand il sera de retour des eaux de Plombiere,[8] où il ira aprez demain pour se guerir de son indisposition ordinaire qui consiste dans une fievre d'estomac, dont il est souvent incommodé. Il dit que ce Catalogue sera bien de 5 ou 6 grandes feuilles (bögen). Pour le livre Balois touchant les armes des familles de la Suisse, il ne se souvient pas en avoir lû quelque chose dans Stumpf[;] si Vous voulez lui indiquer le passage, il verra ce qu'il en sera et il vous communiquera son sentiment là dessús.[9]
Ma femme, ma fille l'epouse, et tout le reste de mes enfants, Vous sont tres obligés de Votre souvenir, et se recommendent à la continuation de votre affection. Quant à moi Vous sçavez que je mourai plutot que je ne cesserai d'etre Monsieur Votre treshumble et tres-obeissant serviteur J. Bernoulli
Bâle ce 29. Maj 1720.
Fussnoten
- ↑ Zur Organisation der Zürcher Bürgerbibliothek siehe die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1720.05.19. Zu Scheuchzers Arbeit als Bibliothekar siehe den Brief von 1716.02.09.
- ↑ Zu Johann I Bernoullis Versuch einer Gymnasiumreform siehe seinen Brief an Johannes Scheuchzer von 1716.02.26.
- ↑ Zur Sanierung der Schäden am Rheintor siehe den Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.11.09.
- ↑ Nicolaus I Bernoulli berichtet in seinem Brief an Johannes Scheuchzer von 1720.05.08 von den Vorbereitungen zu seiner Hochzeit. Im gleichen Brief kündigt er auch die Hochzeit von Anna Catharina Bernoulli (1698-1780) mit Johannes Dollfus (1694-1736) an, wobei er jedoch bemerkt, dass die Sache noch nicht sicher sei.
- ↑ Scheuchzer, Johann Jakob, Jobi physica sacra, oder Hiobs Natur-Wissenschafft, vergliechen mit der Heutigen ..., Zürich (H. Bodmer) 1721.
- ↑ Zum Streit Johann I Bernoullis mit den Groninger Theologen siehe die Anmerkung in seinem Brief an Johann Jakob Scheuchzer von 1710.11.19.
- ↑ Siehe dazu die Anmerkung im Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1720.05.08.
- ↑ Plombières-les-Bains.
- ↑ Siehe dazu die Anmerkungen im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1720.04.14.
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