Bernoulli, Johann I an Rossal, Michel (1717.03.17)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Rossal, Michel, 1674-1744
Ort Basel
Datum 1717.03.17
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 675:Bl.104-105
Fussnote Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. Rossal Prof. en Grec à Groningue." Zweiter Teil des P.S. eigenhändig



File icon.gif Bale ce 17.me Mars 1717.

Monsieur

Je Vous suis infiniment obligé de toutes les marques d'estime et d'amitié que Vous me donnés dans la lettre que Vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire;[1] Vous pourez conter reciproquement sur la sincerité de mon amitié si Vous croyez qu'elle peut Vous etre de quelque utilité. Au commencement de cette année je reçeus une lettre de Mr. Muykens[2] à qui je Vous prie de faire mes complimens, par laquelle il me fit connoitre, que LL, NN, PP[3] les Etats de Vôtre Province me feront peutétre l'honneur de m'appeller une seconde fois à la chaire de Mathematique dans leur Academie avec promesse d'une augmentation de salaire me priant de Lui ouvrir mon sentiment sur cette proposition, ce que je fis incessamment par une lettre,[4] où je Lui exposois au long une multitude de difficultez qui m'empecheroit d'accepter cette vocation malgré le penchant ineffaçable pour la Province de Groningue, qui m'est toujours resté depuis que je l'ai quittée: Voyez donc Monsieur si je n'ai pas eu sujet d'etre surpris de reçevoir de Messr. les Curateurs de Vôtre Academie la vocation solennelle et en forme par laquelle ils m'offrent la Profession des Mathematiques et une Pension annuelle de 1250 florins ou 500 ecus blancs, pension moins avantageuse que celle dont je jouissois pendant les dernieres années de ma demeure à Groningue[5], puisque le Magistrat de la Ville à l'occasion de la vocation d'Utrecht,[6] qui me fut adressée, File icon.gif eut la generosité d'ajouter 250 florins d'augmentation à la pension annuelle de 1250 florins ensorte que j'avois en tout par an 1500 florins; je fus pourtant obligé par des motifs particuliers de quitter cet avantage pour me transporter ici dans ma patrie; je l'ai fait, il est vrai, avec grand regret, il me falloit obeir à ma destinée; mais le moyen je Vous prie de retourner chez Vous pour y embrasser une fortune plus mediocre ou moins bonne que celle que j'ay abandonnée. Quoiqu'il en soit il faut que Mr. Muykens n'ait pas reçu ma lettre, car autrement, il n'auroit pas manqué de la communiquer à Messr. les Curateurs, lesquels aprez avoir pesé mes raisons auroient sans doute pris d'autres mesures: C'est pourquoi j'ai jugé à propos de Vous envoyer ici la copie de cette lettre là à fin de la remettre à Mr. Muykens, en cas qu'il n'ait pas reçu l'original; Il aura la bonté d'en faire part à Messr. les Curateurs, j'espere qu'ils agréeront mes excuses d'accepter leur proposition, quand ils auront reflechi sur toutes mes raisons alleguées; je Vous supplie mon cher Monsieur d'aller aussi chez eux et de Leur faire mes respectueux remercimens de la grace, qu'ils m'ont bien voulû faire de m'honorer de Leur lettre de vocation, je la considere comme une marque de la plus haute opinion qu'ils ont conservée pour ma personne et d'une satisfaction particuliere, qu'il Leur a plû de prendre des foibles services que j'ay eté capable de faire à leur Academie: Vous verrez dans ma Lettre à Mr. Muykens, qu'à faute de retourner moi meme à Groningue, j'offre à Messr. les Curateurs d'y envoyer mon Fils ainé,[7] qui se trouve presentement en Italie; c'est un jeune homme plein de santé et de vigueur dans un age à soutenir longtemps la fatigue des travaux Academiques; pour les connoissances et les lumieres qu'il possede dans les Mathematiques et la File icon.gif Philosophie, il ne me sied pas d'en faire l'eloge; mais il suffit qu'il en ait donné des epreuves publiques qui ont eté au gout des plus habiles Mathematiciens.[8] Je serois ravi que mon Fils put occuper le poste en qualité de mon Successeur, le poste, dis-je, que j'avois revetu pendant dix années, à la satisfaction, à ce que je voi, de tout ce qu'il y a d'honnetes gens chez Vous. Que si Messr. les Curateurs avoient quelque inclination pour appeller mon Fils, mais s'il leur restoit quelque scrupule sur sa capacité, je souhaiterois qu'ils le prissent à l'epreuve[9] pour quelques années, à fin de le pouvoir renvoyer en cas qu'il ne donnat pas assez de contentement. Cependant je suis entierement persuadé, qu'il feroit en sorte qu'on n'auroit pas sujet de se repentir de Lui avoir confié la Chaire de son Pere, car s'il y va de ma reputation que mon Fils remplisse bien son devoir, combien plus ne devrois-je pas etre scrupuleux à le recommender à des Personnes, auprez desquelles il m'importe infiniment de me conserver en credit et en bonne renommée, si je n'etois pas asseuré, qu'il s'acquitteroit parfaitement de sa charge au souhait et l'attente de Vos Seigneurs et de tous ceux qui prenent interest à ce que Vôtre Academie se remette sur un bon pied et qu'elle reprenne son ancien lustre.

Voilà Monsieur ce que j'avois à Vous écrire et que Vous aurez la bonté d'insinuer à Messr. les Curateurs et d'accompagner la chose de Vôtre recommendation. Au reste Mr. le Pasteur Trommius m'ayant ecrit[10] que sur ce que Messr. les Etats de Frise Vous avoient appellé à leur Academie de Franeker, on Vous a retenû à Groningue File icon.gif en Vous donnant le Titre de Professeur ordinaire en Grec avec une augmentation de Vôtre pension; je prens ici la liberté de Vous en feliciter et de Vous temoigner ma joye de ce qu'on a rendu justice à Vôtre merite; je prie le Seigneur, qu'il Vous conserve longues années en bonne prosperité pour le bien public et pour l'avancement des belles lettres. En attendant une reponse je me donne l'honneur de Vous offrir tous mes petits services, puisque j'ose Vous asseurer que je suis du meilleur de mon coeur Monsieur Vôtre tres humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli

P. S. Ma Femme Vous est bien obligée de Vôtre bon souvenir, Elle Vous fait reciproquement ses compliments.

Étant sur le point de cacheter cette lettre, je reçois dans ce moment une reponse de Mr. Muykens, ainsi je ne Vous envoye pas la copie de ma lettre à Lui ecrite que j'avois cru perdue.


Fussnoten

  1. Brief von Michel Rossal an Johann Bernoulli von 1717.02.27.
  2. Dieser Brief von Michel Rossal an Johann Bernoulli von Anfang 1717 scheint nicht erhalten zu sein. Siehe jedoch den Antwortbrief von Johann Bernoulli von 1717.01.04.
  3. LL NN PP = Les Nobles Puissances.
  4. Johann Bernoulli an Theodor Muykens von 1717.01.04.
  5. Johann Bernoulli war von 1695 bis 1705 Professor der Mathematik an der Universität Groningen.
  6. Im August 1703 hatte Johann Bernoulli in Groningen eine Ruf an die Universität in Utrecht erhalten und abgelehnt.
  7. Nicolaus II Bernoulli (1695-1726).
  8. Von Nicolaus II Bernoulli lag zu dieser Zeit nur eine mathematische Publikation vor, nämlich [Bernoulli, Nicolaus II zusammen mit Bernoulli, Johann I] Op. 104, Problema: Data serie linearum per rectae in eadem Linea constantis variationem prodeunte invenire aliam seriem linearum, quarum quaevis priores omnes ad angulos rectos secabit, in: AE Maji 1716, pp. 226-230. Doch hatte Leibniz bereits das Manuskript von Nicolaus II Bernoulli De trajectoriis curvas ordinatim positione datas ad Angulos rectos vel alia data lege secantibus; qua occasione communicatur gemina constructio alicujus problematis a Leibnitio propositi de trajectoriis orthogonalibus: una cum Appendice de Epistola pro Eminente Mathematico Actis Lips. Mens. Jul. A.1716 inserta gelesen und dazu angemerkt: "Non sine multo applausu legi specimen Domini Filii Tui, Juvenis, ut video, magna nobis promittentis. Solutio elegans ingeniosis Scholii observationibus ornatur, dum eam etiam ad Ellipses transfert." (Brief von Leibniz an Johann Bernoulli von 1716.01.31). Dieser Aufsatz von Nicolaus II Bernoulli erschien dann als Op. 108 in: AE Junii 1718, pp. 248-262. Bereits in seinem Brief an Johann Bernoulli von 1715.11.04 hatte Leibniz geschrieben: "Gaudeo etiam Dn. Filium Tuum Bernoullizare, et hereditarium familiae decus tueri".
  9. Im Manuskript steht "epreve".
  10. Abraham Trommius an Johann Bernoulli von 1717.02.28.


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