Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1718.12.06)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1718.12.06 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms H 321a Nr. 76, pp. 237-240 |
Fussnote |
Monsieur et tres honoré Ami.
J'ai reçû Vos deux dernieres lettres du 13 et du 27.e Novembre;[1] voici ce que j'ai à y repondre; L'affaire de la promotion de mon fils n'est pas encore achevée non plus que la Vôtre;[2] tout ce que nous sçavons et qui entretient encore notre esperance, est qu'on nous a ecrit que mon fils a été fortement recommendé à Mr. de Printzen[3] un des premiers Ministres à la Cour de Prusse qui a le soin et la direction des Academies du Royaume, et qu'il a repondu favorablement, promettant de le recommender au plutot à Messrs. les Curateurs de l'Université de Duisbourg. Ainsi il faut attendre avec patience l'issue de cette promesse. Pour ce qui est de Votre vocation, certaine ou incertaine je n'en sçai rien, je Vous communiquerai ce que Mr. Michelotti m'en ecrivit dernierement, par où Vous verrez en quel état elle est. "Utinam", dit il, "ad nos conveniat docendum Botanicen Clariss. Joh. Scheuchzerus vester, quem uti magni pendo sic de ejus doctrina, praestantia ac virtute in Botanicis ante 12 dies testatus sum scriptura quadam, quam Illustr. et Excell. D.o Johanni Pasqualigo Moderatori tradidi, in qua praeter alia adduco Commentarios Acad. Reg. scient. Paris. An. 1708, 1710,[4] quibus Eruditiss. Scheuchzerus laudatur ejusmodi mea contestatione fortasse fiet ut Ill. et Excell. Eques Maurocenus patiatur vocari solemniter Praeclariss. Scheuchzerum, quem nonnulli Patavini moleste ferrent. Caeterum me scias velim favere Scheuchzero propter summa quae in me confers beneficia."[5] Cet extrait est d'une lettre du 18. Novemb. Vous voyez, que Mr. Michelotti donne encore bonne esperance, et que c'est en partie en ma consideration qu'il se donne du mouvement en Votre faveur, ce qui me fait bien du plaisir voyant que je ne Vous suis pas tout à fait inutile dans cette affaire: cependant pour ne Vous rien cacher et afin que Vous puissiez prendre Vos mesures et contreminer les travaux de vos Ennemis, il faut que Mr. Morosini ne se soit pas encore laissé flechir pour Vous favoriser, suivant la derniere lettre de mon Neveu datée du 26. Novemb. que je reçûs avanthier, voici comme il en parle "H. Dr. Scheüchzer hatt mir geschrieben, daß man den H. Residenten berichtet habe, der H. Morosini habe sich bewegen lassen, ich glaube es schwerli[ch] und H. Michelotti schreibt mir das wider spiel; wan diesem herren (Morosini) ernst ist die promotion zu verhindern, so kan er solches so wohl in dem rath, als ausser dem selben durch andere trachten zu verhinderen. Einmahl das ist gewiß, daß so wohl Er H. D.r Scheuchzer als ich viel heimliche feind haben, von den offentlichen will ich nichts reden."[6] Enfin Vous eprouvez que Vous avez à faire avec des Italiens, c'est tou[t] dire. J'espere pourtant toujours, que Vous vaincrez à la fin malgré toutes les machinations souterraines de Vos Ennemis: J'ai été extremement scandalisé en lisant ce que Vous m'avez ecrit touchant le marché que Vous avez fait avec Mr. Z.[7] pour sa Bibliotheque botanique, et encore plus, voyant de quel trait de finesse il s'est servi pour Vous faire donner dans le panneau, en forgeant un marché chimerique avec nôtre Bibliotheque publique, auquel on n'a jamais pensé. Quant aux oeuvres de Mr. Morison, Vous n'en étes pas bien informé à ce que d[it] Mr. le D.r Iselin, car il assure que ce n'est que le troisieme Tome de tout l'ouvrage de Morison (qu'il a fait je ne sçai par quelle raison imprimer le premier) qui a vû le jour, les deux premiers n'ayant jamais été publiés à cause de la mort de Morison qui en empecha l'impression.[8] Ainsi Vous feriez tort à Mr. Z. de pretendre une chose qui n'est pas in rerum natura, mais quand il a fait mettre dans son Catalogue tous les 3 tomes, c'est un effet de rodomontade et d'ignorance tout ensemble, dont il devroit avoir honte. Ce que Vous avez pris la peine de m'ecrire au sujet de l'affaire du Rhin, est bien sensé et presque tout à fait conforme aux sentimens que j'en avois: Mr. Gross et moi nous convinmes qu'il falloit détourner le Rhin et le contraindre de se jetter un peu du coté de la petite ville, mais dans la maniere de l'executer nous étions de differens avis: Il conseilloit de faire des jettées de pierres qu'on appelle ailerons et qui avancent dans l'eau, de distance en distance, à peuprés comme est faite la Salmenwag vers la Pfaltz;[9] mais j'ai dit que le Rhin ayant trop de prise sur ces obstacles qui lui seroient si directement et si brusquement opposés, ne manqueroit pas tot ou tard en s'enflant une fois subitement d'emporter ces ouvrages; que selon mon conseil on feroit mieux de biaiser doucement le cours du Rhin par une jettée qu'on feroit le long du bord de la grande ville depuis le Birsec[10] qui est un peu audessous du pont, jusqu'à la Salmwag qui est vers la Pfaltz, c'est en quoi je voi que Vôtre idée est assez conforme à la mienne. Mais nos Seigneurs tenant toujours le present plus à coeur que l'avenir, ne se sont pas encor determiné quel parti ils prendront pour empecher que le Rhin ne fasse plus de desordre dans la suite des temps; et ils jettent toute[11] leur attention à ce qu'ils remedient au mal present et déja fait; c'est pourquoi ils ont accepté et approuvé le plan que Mr. Levrat[12] Leur a presenté suivant lequel il se fait fort de reparer les breches et les crevasses faites au fondement de la Tour du Rhin: il commence actuellement à construire une encloture ou un coffre de charpenterie devant la muraille endommagée, ce coffre sera de 200 pieds de long sur 4 à 6 pieds de large, il pretend que ce coffre tiendra si ferme contre l'eau, qu'il poura le faire puiser en 24 heures, et qu'il n'y en transpirera plus rien (mais j'en doute), ensorte qu'on poura, comme il croit, reparer à sec et à loisir la massonnerie emportée: Il espere d'achever tout cela jusqu'au mois de Mars de l'année qui vient. Quant au reste Mr. Levrat paroit un homme de bon sens qui raisonne bien et qui a de l'experience, quoiqu'il soit fort jeune, n'ayant selon les apparences que 26 ou 27 ans.
Je viens à Vôtre derniere lettre,[13] dans la quelle Vous me demandez des nouvelles touchant une dissertation theologique, qui doit étre imprimée ici depuis peu sous le titre de Mr. Lavater Votre Theologien: j'ai consulté là dessus Mr. le D.r Iselin mon Oracle ordinaire dans ces sortes de matieres qui ne sont pas de mon ressort; il m'a repondu qu'il n'y a rien d'imprimé ici sous le nom de Mr. Lavater; mais bien qu'autrefois un certain Florians Profess. en Theolog. à Herborn avoit fait ici une These à disputer De Partu Virginis, avec un Corollaire contre Bellarmin.[14] Je Vous envoye ici ce billet coupé de Vôtre Lettre, sur lequel Mr. Iselin a ecrit le nom de l'auteur et les autres circonstances de cette These.[15]
Je sçavois déja que l'année prochaine on celebrera le jubilé chez Vous, car Vos Theologiens l'ont notifié aux nôtres et les ont exhorté ce me semble, à la celebrer aussy: Vous dites que l'on tiendra chez Vous une Disputation publique et solemnelle, où tout le monde peut opposer; c'est bien de quoi! si cela est un attribut essentiel du jubilé, en Hollande il y a touts les jours jubilé, car dans les universités de ce pays-là on ne dispute jamais autrement; à Groningue j'ai cent fois disputé, sans avoir sçû auparavant, qui seroient mes opposans; c'est là la raison pour quoi on m'a suscité tant de querelles avec les Theologiens d'une certaine trempe, qui haissoient les mathematiques et la nouvelle philosophie:[16] car ordinairement ils avoient suborné des Gens fiers, hautains, et rempli d'aigreur contre moi, qui me demandoient à m'opposer et à étre ecouté sur le champ comme c'est la coutume dans ces pais-là; or il me falloit les admettre, si je n'eusse pas voulu étre biffé et sifflé de tout le monde, et passer pour un poltron, parce qu'on n'ose rejetter personne qui se presente en se levant pour opposer quand meme il seroit le plus grand Ennemi du Preses ou du Respondant; ainsi il faut essuyer ce feu imprevû, jusqu'à ce que le temps destiné pour cela soit passé et que le Pedau vienne frapper à la porte de l'auditoire pour donner le signal de finir. Il se trouveroit peutetre quelqu'un ici, qui oseroit bien s'engager en Dispute avec Vos Theologiens, et qui pouroit meme les mettre en peine et leur causer de l'embaras, dont ils[17] ne se tireroient pas aisément: mais qui est ce qui pour une si petite satisfaction de confondre Vos Theologiens voudra faire un voyage exprés d'ici à Zuric. Je suis avec mon zele ordinaire Monsieur et tres cher Ami Votre treshumble et tres-obeissant serviteur J. Bernoulli
Mes treshumbles complimens s'il Vous plait à Mr. Vôtre Frere. Ma femme et mes enfants Vous font les leurs.
Fussnoten
- ↑ Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.11.13 und 1718.11.27.
- ↑ Zur Bewerbung von Nicolaus II Bernoulli für den mathematischen Lehrstuhl an der Universität Duisburg siehe den Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.10.19 und die darin enthaltene Anmerkung.
- ↑ Marquard Ludwig Freiherr von Printzen (1675-1725).
- ↑ In Hist. Paris, 1708 (1709), pp. 30-33 findet sich Fontenelles Besprechung von Johannes Scheuchzers handschriftlich eingereichter Abhandlung De structura montium. In Mém. Paris, 1710 (1712), pp. 155-158 findet sich Philippe de La Hires Comparaison de mes observations avec celles de M. Scheuchzer sur la pluïe et sur la constitution de l’air pendant l’année 1709 à Zurich en Suisse.
- ↑ Pietro Antonio Michelotti an Johann I Bernoulli von 1718.11.18.
- ↑ Dieser Brief von Nicolaus I Bernoulli an Johann I Bernoulli ist anscheinend nicht erhalten.
- ↑ Gemeint ist Theodor Zwinger (1658-1724).
- ↑ Es handelt sich um Morison, Robert, Plantarum historiae universalis Oxoniensis pars secunda seu Herbarum distributio nova, per tabulas cognationis et affinitatis ex libro naturae observata et detecta, Oxonii [Oxford] (E Theatro Sheldoniano) 1680 sowie die pars tertia von 1699. Zu Morisons botanischen Arbeiten siehe die Anmerkung im Brief von 1718.12.18.
- ↑ Die Salmenwag ist eine Vorrichtung zum Fischfang. Die Pfalz, auch Münsterplattform genannt, ist eine steile Anhöhe über dem Rheinufer, auf der sich das Basler Münster befindet, und die zum Münsterplatz gehört.
- ↑ Die Birsig mündet unterhalb der Mittleren Brücke von Basel in den Rhein.
- ↑ Im Manuskript steht "toutes".
- ↑ Zum angeblichen "Ingenieur" Levrat siehe den Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.11.09.
- ↑ Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.11.27.
- ↑ Florinus, Johann Heinrich, Disputatio theologica inauguralis de virgine puerpera, ad illustre vaticinium Jesaiae cap. VII. v. 14, 15, 16, quam ... agonotheta ... Dn. Petro Werenfelsio ... pro Doctoralibus in theologia honoribus rite capessendis publice ventilandam proponit Johannes Henricus Florinus, Niederneyssa-Deciensis ... ad diem 16. Octobr. ann. MDCXCIX ..., Basileae (J. Brandmüller) 1699. Die Disputation erfolgte unter Peter Werenfels. Auf der letzten Seite finden sich die Korollare mit dem Hinweis, dass die gesamten Werke von Robert Bellarmin zu widerlegen seien.
- ↑ Dieses Billett ist anscheinend nicht erhalten.
- ↑ Zum Streit Johann I Bernoullis mit den Groninger Theologen siehe die Anmerkung im Brief von 1710.11.19.
- ↑ Im Manuskript steht "il".
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