Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1723.04.11)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1723.04.11
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 144*
Fussnote



File icon.gif Monsieur mon Treshonnoré Patron.

C'est de toute justice, que vous m'accusés de negligence, de ce que j'ay aussy long temps tardé à Vous repondre à Votre treschere du mois de Fevrier,[1] mais je vous supplie de me pardonner, en reflechissant sur le Labyrinthe où je me trouve maintenant, et où toutes mes applications roulent sur les moyens de decouvrir un trou par le quel je puisse echaper avec succés.[2] Le recit suivant, à ce que j'espere, me servira de justification. J'ay cinq competiteurs tres forts, entre ceux, à ce que je puis penetrer, il y en a un, qui n'est entré dans la brigue, que pour me ruiner mon parti, et pour ammoindrir mes esperances, et qui par consequent ne gagne rien, que le plaisir de me flamber. Et comme il y a 6 pretendants pour cette charge je suis obligé de rendre visite à touts les membres du Grand conseil, c'est à dire à 212 personnes, outre une infinité de visites que j'ay à rendre à d'autres de mes amis, pour qu'il s'interessent pour moy. Vous voyés donc combien des affaires que j'ay sur le bras, qui me tourmentent jour et nuit. Bien que j'aye beaucoup d'esperance de reüssir, il y en a pourtant encore un grand peut être, en egard à un homme tout à fait misantrope, qui est un de mes competiteurs, qui a deja une bonne charge, et qui est secouru dans sa brigue par un autre qui voudroit bien luy succeder: Et dont tout deux sont de grande famille. Quant à moy, je n'ay rien qui combate pour moy, que les Services que j'ay rendu au public, secours tres foible dans le Siecle où nous vivons. J'ay communiqué aux Chefs de Nos Seigneurs, ou bien à touts les membres du Conseil secret, le premier tome de mon Catalogue,[3] qui comprend la Lettre A mise au net, avec une preface en allemand, qui contient une histoire des services que j'ay rendu au public, et du dommage que j'en ay souffert pendant l'espace de 8 Années consecutives, ayant êté obligé non seulement de vivre de mes petites rentes, mais encore de consumer une bonne partie de mes biens. Tout le monde convient de la justice de ma cause, Touts avoüent que j'ay les plus fortes et les plus pressantes raisons, mais il y a toujour un mais qui suit dans la conclusion facheuse. Je remets donc l'issüe de l'affaire à la Providence Divine, qui certainement me secourira finalement. Avec patience je ramperay par les ronces et les espines qui m'environnent par tout et en tout, en attendant File icon.gif la delivrance du Ciel. La plus grande partie de ma vie, graçes à Dieu, est surmontée, et ce que le bon Dieu y ajoutera encore sera terminé aussy avec ses aides et ses secours misericordieux.

J'ay eu un grand plaisir en lisant vôtre memoire sur le Calendrier,[4] que vous avés presenté à Vos Seigneurs. J'ay eu des idées semblables sur cette affaire, n'ayant jamais pû decouvrir autre chose, si non qu'il y avoit un point d'honneur dans la querelle: Estant tres certain que tout le globe terrestre ne peut pas se regler selon le meridien d'Uranobourg[5] tout seul. Je sçay bien que votre memoire a êté ecouté du Senat avec applaudissement, et que l'on le communiquera au Corps[6] Evangelique de Ratisbonne, c'est tout ce que j'en puis vous dire.

Quant à la preparation de la pierre de Bologne,[7] je vous en fairay tout le detail. On met la pierre en poudre, le passant par un tamis fin. De cette poudre et de l'eau de gomme, ou avec l'ichtyocolle on forme une pâte, de la quelle on forme des petits mourceaux ronds et plats en forme de biscuit, de la grandeur d'un demi Ecu ou d'un ecu; Et aprés les avoir seché, on les met à calciner dans un feu de reverbere; ou bien dans un fourneau d'un potier, et tant plus que ces medailles là tireront sur le jaune tant plus elles reüssiront pour le phosphore, dont la lumiere sera semblable à celle des braises. Voila donc tout le secret. Or il y a quelques uns, qui selon leurs opinion, pour y mieux reüssir, choisissent les pierres transparentes, et rejettent celles qui n'ont pas la figure lenticulaire, et qui sont opaques: mais tout cela n'y fait rien, les opaques reüssissent aussy bien, que celles qui sont diaphanes; pourvu que la calcination soit parfaite; car sans cela le soufre qui y est ne s'exalte point, et ne peut point se detacher de ses liens. J'ay des mourceaux de cette pierre assés grands, qui sont des parties des pierres spheriques de plus d'un quintal, et qui ne sont composé que de fibres qui tirent vers le centre, qui ont êté reputés pour inutiles, qui pourtant ont reüssi à merveille. J'ay même calciné des mourceaux semblables, sans les mettre en pâte selon la maniere susdite, qui ont rendu une lumiere plus vive que les pâtes, bien que Marsigli dans son traité de ce phosphore[8] ait assuré, que la pierre calcinée sans la preparation ne rende aucune lumiere: mais le mal est, que ces pieces là sont tres friables et ne se laissent pas manier, comme font les pâtes.

Avec cette pierre j'ay fait deja beaucoup d'experiences tres curieuses, mais je n'ay pas encore eu du temps pour y reflechir serieusement. L'une est, que j'ay fait la dissolution des pâtes calcinées dans l'eau, la quelle traitée comme il faut, donne un sel abondant, File icon.gif de la figure hexagone, plus ou moins reguliereFigure icon.gif[9] tout comme la figure le montre. Ce sel là, comme la dissolution même est jaune, et cette couleur, qui est asses vive perit dans un moment, lorsque l'on met le sel dans le feu de la chandele, car le souffre s'enflamme et se consume dans un instant. Aussy la couleur et la sapeur de ce sel s'en va avec le temps de soy même, et l'on ne trouve de residu, qu'une poudre insipide, qui n'est autre chose qu'une chaux morte. La poudre qui reste de la filtration, reduite de nouveau en pate, et calcinée de nouveau, reprend la qualité de Phosphore, mais elle n'est pas aussy permanente que dans la premiere preparation.

Il y a peu de Semaines, que j'en ay fait une autre experience, qui, peu s'en falut, m'êtoit funeste. J'ay versé sur la poudre des pates calcinées l'eau forte, l'ebullition êtoit forte, avec une fumée qui sortoit de la bouteille tres puante et sulphureuse, mais sans aucune marque de lumiere. J'y ay versé finalement de l'eau, ce qui a donné une teinture brune et transparente, la quelle j'ay mise en digestion sur le fourneau, en bien bouchant la bouteille. Deux ou 3 jours apres j'ay observé, qu'alentour de la bouchure au dehors de la bouteille il y avoit un sel blanc, que j'ay gouté, il avoit le gout de l'arcanum duplicatum,[10] aprés le quel se faisoit sentir une douceur agreable; un soir j'en ay pris et maché à peu prés un demi grain, ce qui me causa un sommeil interrompu, et vers le matin des grandes douleurs de l'estomac et des boyaux, et principalement dans l'orifice sinistre de l'estomac; des grandes nausées, suivies de trois ou 4 vomissements. J'ay pris d'abord un bon caffè avec du lait en abondance, ce qui fit suivre deux ou trois purges tres fortes par en bas: mais les douleurs revenoient de temps en temps pendant deux jours, ce qui me marqua une qualité arsenicale, qui domine dans cette pierre: J'ay eû la curiosité de cristalliser le sel, ce qui a donné des octaëdres parfaits. Voila presque les experimenta per mortes.[11]

Puisque je suis sur la matiere des phosphores, je ne puis pas passer sous silence une espece de phosphore, ou bien pyrophore qui s'enflamme actuellement en l'exposant à l'air, dont l'inventeur est un M.r Vogell de Hanau:[12] peut être que vous n'en sçavés encore tout ce qu'il en faut. Voila donc ce qu'il ecrit à mon frere du 14. fev.r de cette année.[13] Dißer[14] pyrophorus kan ex omnibus tribus regnis Naturae, praesertim vero ex regno animali et vegetabili elaborirt werden. Alß z. Ex. ich wolte bald einen pyrophorum haben, ohne vile mühe, so nehme ich nur ex regno animali eine Axungia vel oleum foetidum, alß ol. Cornu Cervi, solches mit dem Alumine usto miscirt usque ad massam crassam, ex regno vegetabili, cum File icon.gif Therebinthina vel oleo picis etc. vel cum rasura ligni, cum Alumine usto, miscire solches, und in ein glaß gethan, in einen tigel mit sand gestellet, und gradatim im Windoffen feür gegeben. (NB. das glaß muß mit einem Stöpfel von Lett verwahret seyn) so lang bis das glaß etwan ½ stund durchauß geglüet, hernach mit einander verkalten laßen, wann es erkaltet, in warm gemachte gläßer gethan, und wol verwahrt, dißer pyrophorus wird guten effect thun. Ex regno minerali, Carbones petrae cum Alum. usto, eben so mit procedirt, gibt auch einen guten pyrophorum.

Peut être que cet Advis vous contentera, s'il vous ne le sçavés pas encore. Peut être que le phosphore de Bologne a les même principes. Il se peut aussy, qu'en traitant la pierre de Bologne sur le même pied, il se pourroit montrer quelque chose de curieux.

La Formule[15] n'est pas abrogée chez nous, comme on vous a dit; et elle ne sera pas abrogée non plus, bien qu'il y ait beaucoup, qui sont de ce sentiment. On m'a dit que l'on imprime la Lettre de nôtre Antistes avec des notes,[16] je vous supplie marqués moy ce qui en est, ou faites m'en tenir un exemplaire ou deux.

Du reste je repasse pour penser à mes brigues, qui me font oublier tout, hormi les obligations que je vous ay, et la sincerité avec la quelle je resterai toute ma vie Monsieur mon treshonnoré et trescher Patron Votre treshumble et tresobeiss.t Serviteur D.r Jean Scheuchzer.

Zuric en hâte ce 11.e Avril. 1723.

P. S. Mes tres humbles Respects à Mad.e Votre chere Epouse et à toute Votre belle famille.


Fussnoten

  1. Dieser Brief hat Johann I Bernoulli nicht im Februar, sondern im März verfasst (1723.03.03).
  2. Johannes Scheuchzer nimmt hier Bezug auf seine Bewerbung um das Amt eines Landschreibers der Grafschaft Baden. Zum Wahlverfahren siehe Scheuchzers Brief an Johann I Bernoulli von 1723.06.19.
  3. Es handelt sich um den ersten Teil eines im Jahr 1721 begonnenen Gesamtkatalogs der Bürgerbibliothek Zürich, der laut Vögelin, Salomon, Geschichte der Wasserkirche und der Stadtbibliothek in Zürich, Zürich (Orell und Füssli) 1848, p. 83, als Vorarbeit zum 1744 gedruckten Catalogus Librorum Bibliothecae Tigurinae in inferiore aedium parte collocatorum von Johann Conrad Heidegger und Johann Rudolph Rahn gedient haben soll. Zu Johannes Scheuchzers Arbeit als Bibliothekar der Bürgerbibliothek Zürich siehe seinen Brief von 1716.02.09.
  4. Es handelt sich dabei um ein von Johann I Bernoulli verfasstes Memorandum vom 26.02.1723 zuhanden des Basler Rats, in dem die Regelung hinsichtlich der Bestimmung des Ostersonntags von 1724 geprüft wird. In lateinischer Übersetzung wurde es auch in Bernoullis Opera aufgenommen (= Op. CLXXXVIII). Siehe dazu Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1723.03.03.
  5. Der reformierte Kalender wurde aufgrund der Rudolphinischen Tafeln Keplers für den Meridian von Tycho Brahes Uranienburg berechnet.
  6. Im Manuskript steht "Corp".
  7. Beim "Bologneser Stein" handelt es sich um Baryt, der beim Erhitzen mit organischen Substanzen phosphoresziert.
  8. Marsili, Luigi Ferdinando, Dissertazione epistolare del fosforo minerale ò sia della pietra illuminabile Bolognese, a’ sapienti et eruditi signori collettori degli Acta Eruditorum di Lipsia ..., Lipsia 1698.
  9. Figur 1 .
  10. "Arcanum duplicatum" ist eine alte Bezeichnung für Kaliumsulfat, dessen Geschmack bitter bis salzig ist.
  11. Diese Formulierung geht auf C. Plinius Secundus, Naturalis historia, 29,8, zurück, wo den Ärzten vorgeworfen wird, dass sie bei ihren Behandlungen den Tod der Patienten in Kauf nähmen ("experimenta per mortes agunt").
  12. Friedrich Achatius Vogel, cand. med. in Hanau.
  13. Die folgende Passage ist ein Zitat aus einem Brief von Friedrich Achatius Vogel an Johannes Scheuchzer von 1723.02.14, ZB Zürich, Ms H 299, p. 439.
  14. Im Manuskript sind in deutscher Schrift geschriebene Wörter mit Doppel-s durchgehend mit einem Schriftzeichen wiedergegeben, das als "ss" oder "ß" gelesen werden kann. Es wurde in der Transkription durchgehend mit ß umgesetzt.
  15. Die Formula Consensus.
  16. Dieser Brief von Johann Ludwig Nüscheler (1672-1737) konnte bisher nicht nachgewiesen werden.


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