Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1720.09.07)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1720.09.07
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 128*
Fussnote



File icon.gif Monsieur mon Treshonnoré et Trescher Patron.

Je me trouvois depuis l'honneur de la Vôtre du 14.e du Mois passé[1] dans la Crise de mes affaires. C'est la raison que j'ay suspendu l'execution du devoir de vous y repondre: Maintenant êtant hors de tout embarras, je prend la liberté de vous faire un Compte exact de tout ce qui s'est passé. Il seroit superflu de vous dire de quelle maniere on m'avoit entretenu de temps en temps, pour que je ne quitasse point le soin de la Bibliotheque publique, c'êtoit par des promesses les[2] plus solemnelles.[3] Vers la fin du Mois passé nôtre Chancelier M.r Holzhalb[4] se resolût enfin de mourir, et par le remplacement des charges de la chancellerie[5] la profession de l'Histoire de la Patrie vint à être vaquante, d'abord j'ay pris la liberté d'offrir mes services, le plus civilement et humblement que je pouvois, je me servis d'une soumission toute extraordinaire et contraire à mon temperament, et cela à dessein, àfin qu'on ne puisse jamais me reprocher de n'avoir pas eu la deference düe à mon juge et Souverain. J'ay fait mention des Services rendus dans nôtre guerre en qualité d'Ingenieur,[6] et de ceux que j'ay rendu à la Bibliotheque et par consequent au Public pendant le temps de 5 années consecutives,[7] sans en avoir jamais reçu aucune recompense, et sans en avoir jamais demandé, sçachant bien que c'êtoit contre l'idée d'un vray patriote, de pretendre d'être payé pour les services que l'on doit naturellement et par obligation à la Patrie. Je representois les gracieuses promesses que Nos Seig.rs me firent le Mois de May passé[8] visantes uniquement à cette même Profession. Les premieres reponses que me firent quelques grands Seig.rs membres de nôtre Senat me firent d'abord comprendre, que j'allois tout doucement echoüer et heurter même contre le rocher de mon Esperance, resolu pourtant d'aller tête levée. J'avois pour competiteur un jeune homme nommé Bullinger,[9] dependant de la Chancellerie des Finances, proche parent du Chancellier de la dite Chambre, homme assés intrigant et assés puissant dans nôtre Republique; Ce même M.r Bullinger avoit reçu depuis la Guerre susdite, pour des petits services rendus dans la même Chancellerie des finances, et quelques malheurs qui luy sont survenu, passé 1000 ou 1200 florins. Il eut pourtant la hardiesse d'exalter les Services rendus File icon.gif à la Patrie. Mais ma surprise êtoit dans son plus haut degrés, lorsque ces mêmes Senateurs, dont le nombre est binaire, et qui m'encouragerent de continuer ma charge, jusques à la vacance de la Profession, et qui pour alors me promirent toute leurs assistance, et qui soutinrent chaudement dans le Senat, que l'on me devoit promettre absolument et sans equivoque la même Profession, commençerent à parler d'un autre ton, l'un qu'il êtoit Senateur de la Tribu de M.r Bullinger, l'autre qu'il prieroit Dieu qu'il luy ouvre les yeux pour connoitre qui êtoit de nous deux le plus digne: Langage que j'entendis d'abord, et qui m'ouvrit la bouche tellement que je luy tenois un preche pendant plus d'une heure, luy disant que doresnavant ils[10] ne m'attraperont plus, ajoutant des choses les plus fortes que l'on peut dire sans proceder directement aux injures. Mercredi passé le 4.e du present, on proceda à l'Election même, mon competiteur obtint la Profession avec 25 voix, et moy j'avois 14. C'êtoit tout ce que je pouvois esperer le soir precedant l'Election. Vendredi je me rendis auprés M.r le Consul Escher pour resigner tout court mon Bibliothecariat, il resista fortement à ce dessein, mais je n'ay pas voulu entendre raison, disant simplement que c'etoit trop, que de demander de moy que je serve au Public sans aucune esperance d'obtenir ce que l'on m'avoit promis, et que je pretendois la liberté de vaquer à mes affaires et à mes Etudes, pour chercher quelque part une issüe, que je ne cherche pas d'être à charge au Public par voye de recompense, que plus tôt j'etois resolus de suivre ce fameux Fabius dans l'Histoire de l'ancienne Rome, qui mangeoit[11] de raves cuites sur les braises plus tôt que de vouloir se resoudre à commettre des bassesses.[12] Finalement il demanda de moy un ecrit contenant Ma resignation, ce que je luy apportois aprés disner. Voila mon cher Mons.r à quoy je suis reduit, et si j'ay raison de quitter les services à rendre au Public ou non; Je ne scay pas encore ce que Nos Seig.rs diront de ma resignation, j'espere pourtant, que sans aucune difficulté je serai delivré du joug, qui m'incommoda pendant l'espace de 5 Ans.

Je vous temoigne mille obligations pour les mouches des mines de Reutlingue[13], elles sont tres curieuses et d'une tout autre espece, que celles que l'on voit frequentes ches nous et principalement suivant nos Rivieres et Lacs, elles sont pourtant, à ce que les debris en demontrent, du même genre. Je n'en sçay que dire, je souhaiterois d'être présent lors que l'on les trouve au milieu des rochers. Plusieurs AuFile icon.giftheurs, et specialement Agricola font mention de divers Animaux, qui vivent dans les Mines, et au milieu des rochers les plus durs; Mais il se pourroit aussy, que touts ces animaux auroient leurs logements dans les interstices des couches des Rochers, ou dans quelques autres fentes, qui divisent les couches des pierres perpendiculairement. Alors certainement ils s'y pourroient loger fort aisement pendant que l'on travaille dans les Mines.

Je vien de reçevoir le florin pour le port du pacquet, je vous en suis obligé, en vous disant pourtant, que touchant ceux, qui devoient le payer, vous n'avés fait aucune mention de Votre tres chere personne.

Que dite vous de la terrible Peste qui abime les environs de Marseille, et qui, à ce que le Conseil de la Santé de Milan marque, a commencée dans les Villes d'Arles, Aix, Nismes et Toulouse? Elle est aussy violente, selon les advis de la Vallée d'Aust, que l'on n'a pas encore pû sauver aucun des infectés, ny trouver aucun remede propre. Je crain fort, que ce terrible mal pourroit se dilater par toute la France, specialement quand il est vray, que les chiens et chats et touts les Animaux en crevent, Signe manifeste de l'infectation de l'Air. Dieu nous preserve. Du reste je me me souvien d'avoir lû quelque part que la France, (je ne scay plus quand) avoit pour precurseurs de la Peste l'Année auparavant, une terrible quantité de Locustes, ce qui s'est fait aussy l'année passée.

Une chose seule me mortifie extremement, s'est que la Lettre, que vous fites l'honneur d'ecrire à Mon frere[14] marquoit Vôtre indisposition, Dieu vous veuille retablir en parfaite santé au plus tôt, c'est ce que je souhaite du plus profond de mon coeur, et dont depend, que je puisse être encore pendant quantité d'Années avec joye Monsieur et Trescher Patron Vôtre treshumble et tresobeissant Serviteur D.r Jean Scheuchzer.

Zuric en hâte ce 7.e 7bre, le même jour que j'êtois elû Professeur à Venise l'Année passée.

Mes treshumbles compliments s'il vous plait à Mad.e Vôtre treschere Epouse et à toute Vôtre belle famille, comme aussy à celle de M.r le prof.r vôtre Neveu[15].


Fussnoten

  1. Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1720.08.14.
  2. Im Manuskript steht "le".
  3. Siehe dazu den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
  4. Im Manuskript steht "Holyhalb".
  5. Auf Beat Holzhalb (1675-1720) folgte der Historiker und Gesandte Hans Wilpert Zoller (1673-1757) auf das Amt des Stadtschreibers.
  6. Zu Scheuchzers Erfolge bei der Belagerung von Wil siehe den Brief von 1712.06.13.
  7. Zur Anstellung von Johannes Scheuchzer als ehrenamtlicher Bibliothekar der Bürgerbibliothek siehe seinen Brief an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
  8. Siehe dazu den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1720.05.19.
  9. Johann Balthasar Bullinger (1690-1764) wurde 1720 Professor für vaterländische Geschichte in Zürich.
  10. Im Manuskript steht "il".
  11. Im Manuskript steht "mangoit".
  12. Eventuell liegt hier eine Verwechslung zwischen den römischen Konsuln Quintus Fabius Maximus Gurges und Manius Curius Dentatus vor. Über letzteren wird in der römischen Historiographie, u. a. von Cornelius Nepos, die Anekdote überleiefert, er sei von einer samnitischen Gesandtschaft im Hofe sitzend beim braten von Rüben angetroffen worden.
  13. Reutlingen.
  14. Johann I Bernoulli an Johann Jakob Scheuchzer von 1720.09.04.
  15. Nicolaus I Bernoulli (1687-1759).


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