Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1718.03.29)
Kurzinformationen zum Brief mehr ... | |
---|---|
Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1718.03.29 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms H 321a, Nr. 68 pp. 207-210 |
Fussnote |
Monsieur et tres-Cher Ami
Puisque j'ai eu le bonheur de Vous satisfaire pleinement sur la grandeur apparente des diametres de Vôtre Iris, je n'en parlerai plus.[1] Quant à l'autre phenomene que Vous devez avoir vû vers le temps de la pleine Lune suivant ce que Vous en marquez,[2] je ne puis pas en dire mon sentiment sans l'avoir vû moiméme: Cependant il ne me paroit pas non plus qu'à Vous, que ces traits lumineux qui occupoient l'horizon du Nord-est vers le Sud-oüest, puissent étre pris pour le lumen boreale, d'autant que selon Vôtre description il est tout à fait different de celui dont Mr. Wolf a fait une dissertation en allemand,[3] tant à l'egard de la figure et situation de cette lumiere qu'à l'égard de sa durée, la Vôtre s'etendant par la moitié de l'horizon depuis le Noord-Est jusqu'au Sud-Oüest avec des traits paralleles à l'horizon, et ne durant qu'une heure, au lieu que la lumiere de Mr. Wolf si je m'en souviens bien etoit située sur une petite partie de l'horizon en forme d'un demi cercle qui elançoit continuellement des traits en haut comme des fusées, tout comme montre la figure que Mr. Vôtre Frere a inserée dans la troisieme partie de son Histoire naturelle de la Suisse.[4] Outre cela la lumiere de Mr. Wolf duroit bien plus longtemps qu'une heure si je ne me trompe. Je serois donc plus porté à croire avec Vous que Vôtre phenomene n'étoit autre chose que des floccons de nuées fort deliés eclairés par la lune qui n'en pouvoit pas étre bien eloignée, puisque c'etoit du temps de la pleine Lune.
Je ne voi pas ce qui peut encourager les Deputés de l'Abbé de S.t Galle[5] à se roidir presentement et à devenir plus difficiles qu'au commencement de la negociation; est ce peutetre qu'ils esperent que l'Empereur[6] aura les mains libres ou qu'il fera exprés sa paix à tout prix avec les Turcs et avec les Espagnols seulement pour secourir ce miserable Abbé?[7] Je m'étonne que Messrs. de Berne soient si faciles à ceder leur droit acquis par les armes, Vous avez raison de dire que si une fois[8] on a la foiblesse de plier par la crainte de l'Empereur ou de quelque autre qui pouroit assister l'Abbé, celuici quand il sera retabli n'a qu'à recommencer sa premiere manoeuvre, Vous aurez beau le rechasser toujours, il ne manquera jamais de regagner son poste par le meme moyen dont il se serviroit aujourdhui.[9]
On regrette ici le bon Mr. Zeller, que la Mort vient de Vous enlever,[10] touts ceux qui le connoissoient assurent que c'étoit un fort honnete homme et d'une pieté exemplaire loin d'hypocrisie et de cette orthodoxie pedantesque qui regne si fort parmi la pluspart des Theologiens d'aujourdhui, lesquels sous le manteau de la religion exercent leur haine et persecutent ceux qui ne veulent pas se soumetre aveuglement à leur volonté et qui refusent de recevoir d'Eux des loix et de se conformer à leur pedanterie. Je ne conseillerois pas à Mr. Nüscheler Vôtre nouveau Pape de prendre une autre conduite que celle de feu Mr. Zeller, en voulant marquer trop de rigueur contre ceux qui ne sont pas de son orthodoxie et qui ne veulent pas heurler avec Lui, car que gagneroit-il par là? si non qu'il augmenteroit le regret pour son Predecesseur, or il est toujours peu honorable à un successeur de voir qu'on souhaiteroit de pouvoir faire revivre le Predecesseur, marque certaine qu'on n'aime pas celui qui Lui a succedé.
Depuis qu'on a introduit le sort chez nous, on s'en trouve bien: l'occasion s'est presenté d'en faire tout d'un coup 5 ou 6 epreuves, sçavoir une pour le petit Conseil et les autres pour le deux Cents; toutes ces charges furent remplies par des Gens honnetes, si bien qu'on peut dire que le sort aveugle a été plus clairvoyant que n'étoient les elections faites par la vieille methode. Le premier exemple qu'on fit par la methode du sort ce fut aujourdhui 15 jours,[11] jour d'ailleur memorable à l'avenir chez nous par le terrible embrasement qui s'excita immediatement aprez cette action: aussi y en avoit il de ces mecontens à qui le sort est comme du poison, qui eurent la noire impieté de dire, pendant que le feu étoit le plus violent, que c'étoit là un feu de joye pour avoir heureusement mis en pratique et commencé le sort, assurement la moquerie alloit bien loin, cependant on n'osa rien faire pour la punir, par ce que cela regardoit le Fils d'une personne du premier rang qui étoit le Fac totum de notre ville et qui avoit tout à sa disposition avant l'etablissement du sort. Voici un autre bon effet du sort; sçavoir une Collecte ayant été publiée dans toutes les Eglises de dessus les chaires en faveur des pauvres gens qui ont été ruinés par cet incendie, le nouveau Conseiller choisi par le sort y contribua mille florins, disant, qu'il pouvoit bien faire cela en consideration que s'il avoit brigué cette charge à force d'argent selon l'ancienne methode, cela lui auroit couté plus de 4 milles florins, dont il étoit quitte à present pour mille. Nous avons bien senti et prevû l'absurdité dont Vous faites mention touchant les charges de l'academie qui pouroient tomber par le sort sur le moins capable du ternaire aussi facilement que sur le plus habile. C'est pour cela qu'on auroit souhaité qu'on eut fait quelque exception en etablissant le Sort, mais il n'y avoit pas moyen, vû que les Ennemis du Sort se voyant enfin les inferieurs se joignirent par desespoir à ceux qui par un zele aveugle ne comprenant point la dite absurdité voulurent que toutes les charges sans aucune exception fussent remplies par le sort; Les plus sensés crurent qu'il valoit mieux ceder pour le present et laisser au temps de remedier aux inconvenients, que de gater tout et de renverser par une opiniatreté mal entendue les projets et les mesures qui étoient si bien prises pour l'etablissement du sort, ce que le parti contraire auroit bien souhaité. Vous dites qu'il est admirable que notre ministere ait pû consentir à ce changement; Vous ne sçavez donc pas, que nos ministres eux meme ont été les premiers qui ont recommendé le Sort au Magistrat, il y a déja prés de 4 ans,[12] mais alors leur recommendation ne fut pas gouté, et sans une extreme necessité où on étoit à cause de la corruption generale de notre Gouvernement, on n'auroit jamais franchi ce pas. Mais supposé que le ministere n'eut pas voulu accepter de bon gré le sort, le magistrat l'y auroit bien forcé: nos Ministres ont quelquefois beau faire le Diable à quattre, nôtre Magistrat a le moyen de les brider: il est vrai que quelques uns d'eux ont mal au coeur quand ils pensent au sort, entre autre le Diacre Leonhardin[13] qui se flattoit de faire en sorte par ses brigues qu'il succederoit un jour infailleblement au pastorat et son fils à Lui meme, il eut l'insolence de precher contre le sort, mais il poura bien se repentir.
Ma femme Vous salue cordialement: et moi je suis à mon ordinaire Monsieur Votre tres h.ble et tr. ob. ser.tr J. Bernoulli
Fussnoten
- ↑ Zum Phänomen des im Appenzell beobachteten, speziellen Regenbogens siehe den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.01.02.
- ↑ Zur Beschreibung des erwähnten Nordlicht-Phänomens siehe Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.03.20.
- ↑ Wolff, Christian, Gedancken über das ungewöhnliche Phoenomenon, welches den 17. Martii 1716, des Abends nach 7 Uhren zu Halle und an vielen andern Orten in und ausserhalb Deutschland gesehen worden, wie er sie den 14. Martii in einer lectione publica auf der Universität zu Halle eröffnet, Halle 1716.
- ↑ Scheuchzer, Johann Jakob, Meteorologia et oryctographia Helvetica. Oder Beschreibung der Lufft-Geschichten, Steinen, Metallen und anderen Mineralien des Schweitzerlands, absonderlich auch der Uberbleibselen der Sündfluth ... (Natur-Geschichten des Schweitzerlands, Teil 3, eigentlich Teil 6), Zürich (H. Bodmer) 1718, Tafel 1, Fig. II. Diese Figur gehört zu Scheuchzers Auseinandersetzung mit Wolffs Beobachtungen auf pp. 51-81.
- ↑ Joseph von Rudolphi (1666-1740).
- ↑ Karl VI. (1685-1740), römisch-deutscher Kaiser.
- ↑ Zu den von Karl VI. dem obersten Schutzherren des Klosters St. Gallen in den Jahren 1716 bis 1718 geführten Kriegen siehe die Anmerkung im Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.03.16.
- ↑ Im Manuskript steht "foi".
- ↑ Immerhin kam es bald darauf zu einem gewissen Ausgleich mit dem St. Galler Abt Rodolphi, der am 23.3.1719 einen großen Teil der zu Beginn des Krieges nach Zürich gebrachten Bibliothek wieder entgegennehmen konnte.
- ↑ Zu dem am 19. März 1718 verstorbenen Antistes Peter Zeller und seinem Nachfolger Johann Ludwig Nüscheler siehe die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.03.20.
- ↑ 14. März 1718.
- ↑ Am 29. Oktober 1714 präsentierte der Conventus theologicus (bestehend aus dem Antistes Hieronymus Burckhardt, den Theologen Samuel Werenfels, Jacob Christoph Iselin, Johann Ludwig Frey sowie den Pfarrern Johann Heinrich Gernler, Johann Jacob Frey, Friedrich Battier und Theodor Gernler) einen mündlich vorgetragenen Vorschlag zur Einführung des Loses in Basel. Er ist abgedruckt als Memoriale der Geistlichkeit zu Basel, wegen Einführung eines Looses, zu Hintertreibung der Pratiquen, und Verhuetung dess Meineyds. Dorten vor Rath und Burger proponirt Anno 1714, Bern (S. Küpffer) 1720.
- ↑ Johann Rudolf Wettstein (1663-1737).
Zurück zur gesamten Korrespondenz