Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1718.03.16)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1718.03.16 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms H 321a, Nr. 67 pp. 203-206 |
Fussnote |
Monsieur et tres honoré Ami
Quelques affaires pressantes ne m'ont pas permis de repondre plutot à Votre tres agreable du 5 fevrier.[1] Je suis bien aisé que ma lettre precedente[2] Vous ait debarassé de Vos difficultés touchant le phenomene vu dans le Canton d'Appenzel.[3] Vous avez raison de conjecturer que l'Observateur peut avoir vû ce phenomene fort obliquement, mais Vous avez tort, avec Votre permission, de juger que l'Iris representoit alors une ellipse, dont le petit diametre étoit le diametre du cercle accourci par l'angle de vue plus petit que celui du grand Diametre, car les angles de vuë de differents diametres sont tous egaux, parce que ces angles sont fait par les sections par l'axe d'un cone dont le sommet est dans l'oeil de l'Observateur; Et ainsi il falloit renverser la these et dire que l'Iris en question quoique veritablement d'une figure elliptique à cause de son obliquité avec l'axe du cone, ne laissoit pas de paroitre comme un cercle parce que tous les diametres de cette ellipse étoient vûs sous des angles égaux: il est vrai pourtant aussi que quand l'esprit du Spectateur est preoccupé de ce que quelques parties de ce cercle apparent sont plus eloignées de son oeil et quelques autres plus proches, il conclud tacitement que ce cercle doit étre veritablement une ellipse, ce qui fait qu'ipso facto il s'imagine de voir une ellipse contre la representation des sens qui lui font effectivement voir un cercle.
Je Vous suis obligé de la communication que Vous me faites de ce qui s'est passé chez Vous et au Congrés de Baden touchant la paix à faire avec l'abbé de S.t Galle.[4] Je ne sçai pas encore la conclusion de ce congrés, ni jusqu'où on a[5] avancé dans les negotiations avec les Deputés de l'abbé; si ces deputés sont comme Vous dites doux et traitables, c'est je croi parce qu'ils voyent que l'Abbé ne peut gueres comter sur l'assistance de l'Empereur,[6] qui Lui meme a assez à filer en Hongrie et en Italie, sans se meler des affaires d'autrui.[7]
Vos raisonnemens sur nos nouvelles ordonnances touchant la paillardise sont tres justes, il y a ici des personnes qui ont raisonné à peu prés comme Vous. Il faut que Vous sçachiez que c'est le Deux-Cents[8] qui a fait et ratifié ces ordonnances, il faut que Vous sçachiez aussi que dans le Deux-Cents il y a quantité de jeunes Messieurs, dont quelques uns seront peutetre bien aisés dans les occasions de jouir de la douceur des loix: Si les votres sont trop rigoureuses, et qu'il y ait chez vous des gens qui voudroient bien s'exercer à peu de fraix dans le champs Venecien, ils n'ont qu'à se rendre ici, on les accommodera selon nos nouvelles ordonnances. Mais quoiqu'il en soit, le Grand conseil d'un autre coté s'est signalé dernierement d'une maniere louable et digne d'étre remarqué dans les Annales; Vous le sçavez sans doute déja; c'est le Sort aveugle (das blinde loos) comme on l'appelle ici, que le Grand Conseil a etabli pour étre observé à l'avenir au lieu des elections dont on s'étoit servi jusqu'à present dans la collation des charges vacantes:[9] on ne laissera pas de faire un ternaire preallable à la maniere des ballotes, c'est à dire on fera une election de trois personnes qu'on jugera les plus propres à la charge vacante, et ces trois tireront au sort, celui que le sort nomme, aura emporté la charge.[10] Vous ne sçauriez croire combien de joye cette nouvelle constitution a causé auprés de la bourgeoisie de meme qu'à tous les honnetes gens, qui ne pouvoient plus regarder qu'avec horreur les brigues et les abus enormes qui se commettoient devant les elections, et meme dans les elections, temoin l'exemple inoui qui se pratiqua il y a quelques mois, en voici l'histoire en peu de mots, une place dans le petit Conseil étant venu à vaquer par la mort d'un certain conseiller,[11] deux Pretendans[12] presque egalement forts se presenterent, dont chacun brigua la charge avec une chaleur extraordinaire pour gagner les suffrages à force d'argent, ce qui leur couta des sommes considerables:
Le jour de l'election étant arrivé, on commence à balloter pour le ternaire selon la coutume, tous les deux Concourents rëussissent et entrent dans le ternaire, il s'agit donc de proceder à l'election principale, mais qu'arrive-t-il? je ne sçai, si l'un des deux partis ne s'est pas cru assez fort, enfin on s'avisa de contrefaire des ballotes fausses qu'on ne pouvoit distinguer des autres, car en ouvrant les trois boëttes pour voir qui auroit la pluralité des suffrages, on fut bien surpris de trouver qu'il y avoit en tout six ballotes plus qu'il n'y en devoit avoir, c'est à dire que le nombre des ballotes surpassoit de six le nombre des suffragans. Non obstant cette fourberie insigne, l'election passa pour legitime; celui qui avoit le dessous eut beau se recrier contre l'invalidité de cette election, on ne l'ecouta pas; le pauvre infortuné en a eu tant de dépit, qu'il a dit tout haut dans le Grand Conseil, qu'il y en avoit plusieurs parmi eux qui prennoient des deux mains, c'est à dire, qui pour gagner plus d'argent, en prennoient de chacun des pretendants et promettoient aussi leur voix à chacun: on n'osa pas lui demander qu'il nommat ces fourbes, de peur sans doute qu'en ouvrant le pot aux roses, quelques Grands n'y fussent interessés, contre les quels on eut été obligé de proceder selon toute la rigueur des loix, ce qui auroit pû causer une terrible catastrophe.[13] Cette affaire neantmoins a donné la premiere occasion à l'etablissement du Sort, pour remedier à ces desordres dans la suite. Ceux qui trouvoient leur comte dans les intrigues, en sont au desespoir, ne pouvant cacher leur chagrin et leur mecontentement; entre autres le Diacre de la paroisse de S.t Leonhard,[14] qui croyoit seurement d'avoir en main par ses brigues le pastorat, quand le pasteur[15] seroit venu à mourir, a eu dernierement l'impudence de precher sur le meme texte sur lequel peu de jour auparavant le Pasteur avoit preché pour louer le Sort et pour rendre graces à Dieu de nous l'avoir accordé, mais le Diacre pour le refuter et pour critiquer le Grand conseil d'avoir fait cette nouvelle ordonnance en faveur du sort;[16] cette action du Diacre a extremement scandalisé les honnetes Gens tant parce que l'en profane ainsi la S.te ecriture en la faisant servir pour et contre une meme chose, selon qu'il convient aux interests des hommes, que parce qu'il a eu la hardiesse de controller l'ordonnance du Magistrat on croit qu'il n'echappera pas impunément à la justice. Toutes ces choses ont donné occasion aux beaux esprits de faire quantité de satyres, dont j'ai vû quelques unes qui sont assez ingenieuses. On a commencé de remettre aussi sur un bon pied notre oeconomie, les revenus et les biens public[s] ayant été maniés avec la derniere infidelité: on fera des recherches des causes de la mauvaise administration; Le Tonnelier public appellé ici der herren Küeffer, qui administroit les Vins du Magistrat, ayant été cité de rendre comte de son administration aprez un grand nombre d'années qu'il n'en a point rendu, et ne pouvant satisfaire pour la valeur d'une bonne somme d'argent, fut mis aux arrests aprez avoir été pris hors la porte de la Ville dans le temps qu'il vouloit se sauver; la mechante conscience l'a tellement tourmenté dans la prison, que par desespoir il se coupa la gorge, dont il mourut peu d'heures aprés: voylà le sort de ce miserable administrateur; il seroit à souhaiter que les autres prissent un exemple de cela. Je suis Votre tres etc. J. B.
P. S.[17] Je reçois dans ce moment notre Ordonnance du Sort, je Vous l'envoye puisque je sçai que Vous étes curieux. Mon Neveu Prof. à Padoue[18] m'a ecrit, que Mr. Morgagni Lui a remis quelques exemplaires d'un livre de sa composition pour Vous et pour moi, il ajoute qu'il les a envoyé à Mr. Nutli à Coire[19] avec priere de les envoyer plus outre à Zuric, quand Vous les aurez reçûs Vous aurez la bonté de me faire tenir ce qui est destiné pour moi.
Fussnoten
- ↑ Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.02.05.
- ↑ Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.01.12.
- ↑ Es handelt sich um die Beschreibung eines speziellen Regenbogens durch den Trogener Arzt Laurenz Zellweger im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1718.01.02.
- ↑ Bald nach dem Abschluss des Friedens von Rorschach hatten sich Unstimmigkeiten über die Auslegung der Rechte des Toggenburgs ergeben, die beigelegt werden konnten, nachdem Abt Joseph von Rudolphi (1666-1740) nach einem sechsjährigem Exil nach St. Gallen zurückgekehrte.
- ↑ Das "a" wurde ergänzt.
- ↑ Da das Kloster St. Gallen seit 818 reichsunmittelbar war, war Kaiser Karl VI. (1685-1740) sein oberster Schirmherr.
- ↑ Karl VI. führte von 1716 bis 1718 zwei grosse Kriege. Im Osten (u. a. auch in den Gebieten des damaligen Ungarn) beteiligte er sich als Verbündeter Venedigs gegen die Türken am Venezianisch-Österreichischen Türkenkrieg (1714-1718), der nach den Siegen von Peterwardein (5. August 1716) und von Belgrad (16. August 1717) mit dem Frieden von Passarowitz (21. Juli 1718) beendet wurde. In Italien wurde er von den Spaniern angegriffen, als die spanische Königin Elisabeth Farnese versuchte, für ihren Sohn, Don Carlos, der als nachgeborener Prinz in Spanien nicht König werden konnte, eine Herrschaft zu erobern. Im August 1717 landeten die Spanier auf Sardinien, im Jahr 1718 auf Sizilien, um von dort aus Parma und die Toskana zu erobern. Trotz anfänglicher Erfolge wurden die Spanier von den Truppen der Quadrupelallianz (Grossbritannien, Frankreich, Österreich und Niederlande) geschlagen. Dieser Konflikt endete 1720. Siehe Schindling, Anton/Ziegler, Walter (eds.), Die Kaiser der Neuzeit 1519-1918. Heiliges Römisches Reich, Österreich, Deutschland, München 1990, pp. 206-207.
- ↑ Der Grosse Rat.
- ↑ Zur Einführung des Losverfahrens bei den Wahlen für politische Ämter siehe Ochs, Peter, Geschichte der Stadt und Landschaft Basel, vol. 7, Basel 1821, pp. 461-467.
- ↑ Die neue Wahlordnung ist abgedruckt in der anonymen Loosz-Ordnung, wie sie vom hochl. Stand zu Basel eingeführt worden, Anno 1718, Bern (S. Küpffer) 1720.
- ↑ Es handelt sich um den Bürgermeister Emanuel Socin, der am 7. Dezember 1717 gestorben war. Neuer Bürgermeister wurde der Oberzunftmeister Johann Jakob Merian (1648-1724). Für das frei gewordene Amt des Oberzunftmeisters kandidierten Johann Rudolf Wettstein (1658-1734), Niklaus Harder (1651-1730) sowie Benedikt Socin (1667-1735), wobei Wettstein die Wahl gewann.
- ↑ Hier sind wohl Wettstein und Harder gemeint.
- ↑ Zu diesem Wahlskandal siehe Ochs, op. cit., pp. 461-463.
- ↑ Johann Rudolf Wettstein (1663-1737), Vetter des oben genannten Wettstein, war ein Gegner des Losverfahrens.
- ↑ Johann Jakob Frey (1636-1720).
- ↑ Zu dieser Kontroverse zwischen Wettstein und Frey siehe Ochs, op. cit., p. 467.
- ↑ Das P. S. beginnt am Briefkopf und wird am Ende der ersten und zweite Briefseite fortgesetzt.
- ↑ Nicolaus I Bernoulli (1687-1759).
- ↑ Chur.
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