Bernoulli, Johann I an Savérien, Alexandre (1746.08.18)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Savérien, Alexandre, 1720-1805 |
Ort | [s.l.] |
Datum | 1746.08.18 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | b |
Fussnote |
Monsieur,
Je prévois que dans la dispute que vous avez avec M. Bouguer sur le véritable endroit où il faut placer l'hypomochlion du mât dans le cas du tangage, il vous arrivera la même chose qui m'est arrivée l'an 1724, à l'occasion de mon discours sur le mouvement, composé pour le prix où je m'étois déclaré ouvertement pour les forces vives, dont j'avois donné plusieurs démonstrations très-fortes;[1] mais vous savez sans doute que malgré l'évidence de ces démonstrations, ma piéce fut rejettée par Messieurs les Juges. J'espère cependant que le temps viendra où ma bonne cause triomphera, sans qu'aucun de mes adversaires ose lever la tête.
Prenenz donc courage, Monsieur, et tenez-vous ferme pour le centre spontané de rotation du mât; vous verrez que tous ceux se rangeront de votre côté, qui feront attention à la nature et à la cause de ces balancemens. M. Bouguer se retranche, dites-vous, sur le parfait équilibre entre l'effort du vent contre les voiles, la réstistance de l'eau sur la proue du navire, et la poussée verticale de l'eau réunie à son centre de gravité: cela est vrai, mais la conséquence qu'il en tire est très-fausse; car autrement on pourroit conclure que le centre d'oscillation d'un systême de plusieurs corps seroit aussi dans leur commun centre de gravité: ce qui est très-faux, à moins que la longueur du pendule ne soit infinie.
Pour avoir une idée nette de la génération du tangage, c'est-à-dire, pour savoir la cause physique qui fait que le vent, quoiqu'uniformément rapide, en frappant la voile perpendiculairement toujours avec la même force, ne laisse pas de produire dans le vaisseau des balancemens, au lieu de le faire aller en ligne droite avec une vîtesse uniforme, comme nous voyons que cela se fait ainsi lorsqu'une barque est traînée par un cheval qui trotte uniformément le long d'un canal où il y a de l'eau: ce qui se pratique partout en Hollande pour la commodité des voyageurs.
Il faut donc expliquer la cause qui fait que le navire poussé par le vent, quoique toujours égal, ne se mouvra pas comme la barque en ligne droite, ni avec une vîtesse uniforme, mais qu'il commencera et continuera à se mouvoir en balançant, dont voici la raison. L'air étant un fluide élastique, son élasticité fait que le vent qui donne sur un corps opposé, ne produit pas son effet tout d'un coup ou dans un instant indivisible, mais successivement, quoique dans un temps très-petit: après cela, un nouveau choc succède incontinent, et puis le troisième, le quatrième, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'un certain nombre de chocs ait réparé le degré de vîtesse que la résistance de l'eau avoit absorbé à la vîtesse totale de la masse du vaisseau. Ce sont ces chocs réitérés qui font ce qu'on appelle bouffée de vent. Considérons maintenant l'effet de plusieurs bouffées, par exemple, de trois qui suivent l'une après l'autre. Je conçois clairement que la première fera incliner le mât, et déprimera la proue du navire; qu'après l'action de la première bouffée, le mât et la proue se redresseront, qui derechef seront inclinés et déprimés par l'action de la seconde bouffée, ensuite redressés quand la seconde bouffée cesse, jusqu'à ce que la troisième bouffée qui survient fasse le même effet que les deux précédentes, et ainsi de suite.
Voilà, Monsieur, mon idée sur cette matière. Vous voyez aussi que, supposé la force du vent toujours la même, il n'y a qu'un seul point dans toute la masse du vaisseau, dont la vîtesse soit toujours uniforme et en direction d'une ligne droite; que ce point par conséquent est le centre spontané de rotation où il faudra placer l'hopymochlion du mât. Si M. Bouguer veut se rendre à cette explication, il montrera qu'il est docile et équitable; mais s'il persiste à chicaner, je vous conseille d'abandonner la dispute. Je suis avec toute la considération que vous méritez, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, J. Bernoulli Père.
A Bâle, le 18 Août 1746.
P. S. Pajot d'Onz-en-Brai, membre honoraire de l'Académie Royale des Sciences, et ci-devant Intendant Général des Postes de France, a toujours la bonté pour moi, à la recommandation de M. de Mairan, un des mes correspondans, de m'envoyer franco des paquets contenant des livres ou des écrits de plusieurs feuilles. Ainsi voilà une belle commodité pour me faire tenir promptement votre livre ou d'autres écrits que vous me destinez. Vous n'aurez qu'à en parler en mon nom à M. de Mairan, qui se chargera de faire en sorte que M. d'Onz-en-Brai reçoive votre paquet pour m'être envoyé sans que cela me coûte rien.
Fussnoten
- ↑ [Text folgt]
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