Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1730.01.09)
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| Kurzinformationen zum Brief mehr ... | |
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| Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
| Empfänger | Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733 |
| Ort | Basel |
| Datum | 1730.01.09 |
| Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
| Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.193-194 |
| Fussnote | |
Monsieur et treshonoré Ami
L'affaire de notre Leonhardin n'est pas encore finie, je croi au contraire qu'elle sera encore agitée avec plus de vigueur que jamais; il presenta samedi passé une Reponse fort ample au Magistrat, dans la quelle il tache de repondre aux accusations de nos Theologiens d'une maniere vague et generale sans entrer dans le detail ni toucher les points essentiels sur les quels on l'a attaqué; il se garde sur tout de faire la moindre mention de la S.te Trinité, comme si cet article ne le regardoit pas; se contentant de dire que l'on a mal interpreté ses pensées, qu'il s'en tient au contenu du Catechisme de Bale et à la confession Helvetique, dans la quelle il etoit elevé promettant d'y vivre et mourir: mais on comprend bien qu'il tache de colorer sa conduite par des prétextes frivoles et qu'il seroit meme pret de soucrire tout ce qu'on exigera de lui en matiere de Religion, conformément à ses principes qu'il a enseignés, suivant les quels il a soutenu, qu'il étoit permis de mentir, de tromper et de trahir sa conscience pour se tirer d'un danger ou pour sauver sa reputation; changer de religion quand son interest temporel le demande n'est pas un peché selon lui, pourvû qu'on vive exterieurement comme un honnete homme, cela suffit, car, dit il, Dieu ne regarde pas à l'interieur; voyés si ce n'est pas faire Dieu Hypocrite ou comme un Etre qui ne connoit pas tout, bien loin de savoir ce qui se passe dans le coeur de l'Homme. J'ai lû depuis ma derniere, l'ecrit de nos Messieurs les Theologiens, et si Vous l'avés lû aussi, Vous aurés remarqué, que de semblables blasphémes (plutot que de simples heresies) lui sont reprochés. Le Magistrat donc, au lieu de donner la sentence finale, par laquelle l'Accusé esperoit d'étre absous et restitué dans sa charge, le renvoya presque unanimement au Conseil des Treize, avec commission de convoquer aussi dans leur Sceance les Theologiens, aux quels on auroit à communiquer la Réponse de W. pour deliberer conjointement avec eux sur cette affaire si serieuse et si delicate. Ainsi cela trainera encore jusqu'à ce que Mssrs. les Accusateurs ayent fait l'analyse de la Reponse du Diacre dans laquelle on dit qu'il les pique vivement au lieu qu'il devroit filer doux. Vous croyés que les Theologiens ne devroient pas faire tant de bruit, mais c'est trop tard, aprés que le Scandale est eclaté jusques dans les pays fort eloignés, temoin une lettre que j'ai vuë de Breme, où l'Auteur dit que selon le bruit commun les Professeurs d'ici enseignent impunément l'Arianisme et le Socinianisme; Que diroit on donc quand on viendroit à apprendre que l'on a étouffé cette affaire sans statuer aucun exemple, ne seroit on pas en droit de croire qu'on fomente ici les heresies? Si M. W. avoit eu pour son particulier des sentiments heterodoxes, passe! mais de les avoir enseignés et imbûs les jeunes Gens des plus noirs blasphemes et heresies, cela est execrable et merite un chatiment exemplaire. Je n'ai pas encore vû la Lettre du Ministere de Schafhouse qui est en latin, on dit qu'elle est tres bien ecrite et severe; Il y en a aussi une, à ce qu'on pretend, de Mrs. Vos Theologiens; je serois curieux d'en savoir le contenu; Vous pouriés peutetre me communiquer une copie, ce qui me feroit bien du plaisir.
Mr. Gesner est fort sensible à l'honneur de Votre souvenir, il fut creé Docteur avec les Solennités Jeudi passé; il est sur son depart pour chés Vous afin d'étre à la Nopce de Mr. son Frere. Il aura l'honneur de Vous presenter sa These, sans cela je Vous l'aurois envoyée. Aprés Vous avoir souhaité mille benedictions pour cette nouvelle année et un grand nombre de suivantes, je suis avec touts les temoignages de ma sincerité, Monsieur Votre tr. humb. et tres ob. ser.eur J. Bernoulli
Bale ce 9. Janvier 1730.
Fussnoten
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