Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1728.10.08)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733 |
Ort | Basel |
Datum | 1728.10.08 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.157-160 |
Fussnote | P.160 ist leer |
Voici la dissertation sur la lumiere que Vous desirés; elle est de Mr. Spleiss presentement Professeur à Schafhouse et non pas de Mr. le D.r Stehelin; il est vrai qu'elle devoit étre disputée sous le preside de ce dernier; aussi son Nom de President avait été deja imprimé sur le Titre, mais par une plaisante avanture il arriva que Mr. Spleiss fut obligé de casser le Titre et d'y en substituer un autre, tel que Vous le voyés ici, sans le Nom de Mr. Stehelin, de sorte que Mr. Spleiss soutint sa these seul et sans l'aide d'un President; Voulés Vous en savoir l'histoire? la voici: Mr. Spleiss qui devoit étre fait Successeur de son Oncle dans la chaire de mathematique, voulant montrer sa capacité par un echantillon public composa cette piece qui ne vaut pourtant pas grand'chose, et me pria d'etre son President dans la Dispute; mais je le renvoyai à Mr. Stehelin comme Professeur en physique, parce que la matiere à disputer regardoit plus sa profession que la mienne et que je ne voulois pas empieter sur le droit d'un autre: Mr. le D.r Stehelin à qui l'Auteur donna à lire la premiere feuille sans la seconde, parce qu'elle n'étoit pas encore tout à fait composée, accorda à Mr. Spleiss le preside et consentit que son nom fut mis sur le Titre; Spleiss un peu lent et tardif à composer n'acheva la seconde feuille que peu de jours avant celui qui étoit destiné à soutenir la Dispute, si bien que l'Auteur n'avoit plus le temps de montrer à Mr. Stehelin la seconde feuille en manuscript; c'est pour quoi il la donna immediatement à l'Imprimeur, qui étoit pressé, pour gagner du temps, croyant que ce n'étoit pas une affaire de consequence, quand Mr. Stehelin ne la verroit qu'aprés l'impression et quelques jours seulement avant le jour de la Dispute publique. Mais Mr. Stehelin voyant que dans la seconde feuille il y avoit un peu de calcul, qui passoit sa portée, en fut apparamment effrayé de telle maniere qu'il n'osa pas se hazarder de monter en chaire de peur de montrer son foible: Ainsi il refusa à Spleiss de lui vouloir présider et pour en cacher la veritable cause, il courut chés le Recteur Magn. se plaindre de la pretendue impertinence de Spleiss, sous pretexte qu'il avoit negligé exprés de lui communiquer le manuscript avant l'impression, dans le dessein de lui oter le temps pour s'y preparer et de l'avoir ainsi voulu prostituer à l'Auditoire, alleguant outre cela qu'il y avoit quelque chose contre Mr. Rizzetti touchant le demelé entre lui et moi, dont il ne lui convenoit pas de se meler; il rapporta encore plusieurs autres niaiseries de cette nature, priant le Recteur qui est son bon Ami et mon ennemi juré d'en porter sa plainte devant le Senat Academique, demandant justice et satisfaction: Le Recteur ne tarda pas un moment de convoquer le Senat, là où Mr. Stehelin intenta procés d'injure à Mr. Spleiss et tacha de prouver par des temoins, entre autres les 2 Freres Gesner, que Spleiss avoit laché quelques paroles qui tendoient à le vouloir prostituer, mais aprés avoir oüis les Temoins et les informations prises, toute l'accusation s'en alla à rien et se termina en risée. La sentence fut que Spleiss changeroit le Titre: Ainsi que le bon Mr. Stehelin eut le déboire de souffrir que Mr. Spleiss soutiendroit sa These sans preside, ce qui s'executa fort heureusement; le mal est pour le premier qu'il ne peut pas empecher que chacun ne pense de sa conduite comme il voudra; il est vrai qu'il m'a tenu aussi pour suspect, comme si j'avois été de concert avec Spleiss pour lui jouer un mauvais tour: mais en verité il m'a fait grand tort, car si je voulois me faire des Adversaires je n'en chercherois pas dans la Personne de Mr. Stehelin, Aquila non captat muscas.
Vous me parlés aussi d'une autre Dissertation sur la Lumiere, que Vous desirés et qui doit étre de Mr. Haller, mais je ne me souviens pas d'avoir vû de Lui une telle Dissertation; quand il sera ici de retour, ce qui arrivera bien tot, je Lui demanderai des nouvelles de cette dissertation, et en cas qu'il en ait ecrit une sur cette matiere, je le prierai de m'en donner un exemplaire pour Vous. Est ce peutetre que Vous voulés parler de la These inaugurale de Mr. Buxtorf de Visu, qu'il a soutenu ici il y a environ 4 ou 5 mois, si cela étoit il y auroit bien moyen de Vous la procurer. Cependant Vous dévés avoir vû dernierement ce Mr. Buxtorf, qui fit une excursion de Bade à Zuric dans le temps de la derniere Diete tenue à Bade; il n'aura pas manqué de Vous voir et de Vous presenter sa These, soit que Vous ayés été à Bade ou à Zuric. Mr. Gesner le Cadet est revenu ici depuis quelques jours pour continuer sous moi ses études des mathematiques; il dit qu'il n'a jamais été à Marpourg mais qu'il étoit venu ici tout droit de chés Lui; il attend aussi Mr. Haller au premier jour. Je suis tres cordialement Monsieur Votre tres humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli
Bâle ce 8. 8bre 1728.
Fussnoten
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