Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1725.02.13)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733 |
Ort | Basel |
Datum | 1725.02.13 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.95-98 |
Fussnote | Auf p.101/102 ein Billet von anderer Hand |
Je Vous ai de l'obligation de Votre souhait pour la restitution de mon fils: il en avoit bien besoin, car il étoit à l'extremité pendant 5 ou 6 jours; mais graces à Dieu! il est hors de danger. Je reçûs la semaine passée une lettre de lui, qui est la premiere depuis qu'il s'est relevé un peu: il se plaint de l'epuisement de ses forces, tellement qu'il n'espere pas de se remettre assés pour revenir ici avant le mois de Mai. Je Vous envoye ici un exemplaire d'un petit livre qu'il a publié peu de temps avant sa maladie: ce sont des Miscellanea sur toute sorte de matieres, quoi qu'il ne les traite pas à fond, Vous en jugerés pourtant de quoi il deviendra capable si Dieu lui prolonge la vie. Le Frere de Mr. H. negocie aussi en Mousseline, Indienne, Persienne etc. Ainsi il m'est aisé de deviner celui qui a donné commission à Mr. Eslinguer. de s'informer touchant l'advis et le P. S. de Petersbourg: Je pense comme Vous que la feuille qui me regarde n'est pas imprimée dans Votre Ville; je crois que l'imprimerie n'est pas loin d'ici; Depuis que je fai faire sous main des perquisitions, on n'en parle plus, ce qui me confirme de plus en plus, que l'Auteur a eu la prudence de retirer les exemplaires et de les supprimer, car quoiqu'on me dise pour seur qu'on en a vû et lu le contenu, il m'a eté impossible jusqu'ici d'attraper aucun exemplaire. Je soupçonne un certain homme de ce crime, si ce soupcon étoit veritable, cet homme seroit le plus ingrat de toute la Ville, car je l'ai comblé de civilité, d'amitié et meme de bienfaits, dans le temps qu'il auroit formé le detestable dessein de me noircir devant le public. Notre Magistrat souverain, c'est-à-dire le Grand Conseil ayant pris à coeur le mauvais état dans le quel est tombé notre Ecole publique depuis quelques douzaines d'années et y voulant remedier par une reformation generale, que l'on avoit déja projetée il y a 9 ou 10 ans et à la quelle j'avois aussi travaillé mais qui fut interrompu par ceux qui aiment le desordre, l'ignorance et la barbarie, a nommé une Commission composée de plusieurs Personnes d'Autorité et bien intentionnées pour regler la Reforme à introduire dans l'Ecole. On y travaille avec assiduité, mais on est d'abord convenu qu'il falloit avoir un Inspecteur capable, fidelle, vigilant et intrepide qui mettroit la main à l'oeuvre et executeroit ponctuellement ce Reglement qu'on dresse: Je ne sçai d'où vient que la Commission (que quelques uns nomment Chambre ardente) m'a trouvé propre pour cette charge, qui ne doit durer qu'un an, dans le quel on espere de pouvoir voir l'effet de la Reforme et que si les affaires sont en bon train on poura se passer de l'Inspecteur; Je me suis longtemps opposé aux solicitations des principaux Deputés de la Commission qui me sont venu offrir cet Inspectorat avec une recompense de 400 flor. de 6 Saum de vin et de 6 muids de bled: mais aprés plusieurs refus que j'ai donnés constamment, je fus enfin obligé de ceder aux pressantes instances qui m'ont été faites de toute part par des Personnes graves et respectables tant du Magistrat que de l'Université; on m'a voulu persuader, que si je persistois à refuser de preter ma main on se verra dans la necessité d'abandonner cette oeuvre si pieuse et de laisser l'Ecole dans sa ruine et dans son desordre: Cela ne Vous paroit il pas plaisant, qu'on aille chercher un Mathematicien pour étre le Medecin de l'Ecole malade? enfin je suis le veritable Medecin malgré lui de Moliere;. Dieu sçait de quelle maniere je me tirerai d'affaire. Tout le monde regarde sur moi, dans la fausse pensée, que je ferai des miracles: J'ai beau me defendre de la bonne opinion qu'on a de moi, et qui me poura perdre de reputation, si, comme il y a de l'apparence, je ne reüssis pas. On portera ma nomination au grand Conseil, pour y etre confirmée et ratifiée; aprés cela mes travaux commenceront immediatement, ainsi je serai occupé dans l'Ecole touts les jours depuis 9 heures du matin jusqu'à 4 heures du soir pendant une année entiere, quelle rude penitence! c'est un sacrifice de mon repos, de mon etude favorite, sçavoir des mathematiques, et peutetre de ma santé pour le bien public, pour la patrie, enfin pour une ville qui a eté ingrate envers moi et envers les miens en bien des occasions. Je crains que pendant ce temps là je ne sois obligé de suivre l'exemple de Mr. Votre Frere qui a renoncé à ce qui semble à la Correspondance depuis qu'il exerce la fonction de Greffier à Baden: au moins Vous m'excuserés quand je ne ferai pas paroitre la meme exactitude que par le passé; Le temps de mon emprisonnement au plutot de mon estrapade sur la galere etant expiré, je reprendrai avec gayeté le plaisir de correspondre avec mes Amis, parmi les quels je Vous compte comme un des premiers. En attendant que ma liberté revienne, priés Dieu pourqu'il me donne vigueur et patience, comme je le prie qu'il veuille fortifier Votre santé. Adieu! je suis à toute epreuve Monsieur Votre tr. humb. et tr. ob. serviteur J. Bernoulli
Bale ce 13. Fevr. 1725.
Fussnoten
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