Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1724.01.05)

Aus Bernoulli Wiki
Zur Navigation springen Zur Suche springen


Briefseite   Briefseite   Briefseite   Briefseite  


Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733
Ort Basel
Datum 1724.01.05
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.37-40
Fussnote Auf p.40 befinden sich Adresse und Siegel



File icon.gif Bâle ce 5. Janvier 1724.

Monsieur et tres honoré Ami

Jusqu'à present je ne puis Vous donner toute la satisfaction que Vous desirés touchant l'affaire de Mr. Wolf; voici cependant ce que j'en ai appris du depuis par un p. s. d'une lettre qu'on m'a ecrite d'Erfort du 21. Novemb. 1723.[1] "Kan zu berichten nicht unterlassen, was H. Wolffen bißherigen Prof. Math. zu Halle vor ein gantz unvermuthet unglück betroffen, indeme selbigem am 12. hujus durch ein Königl. rescript anbefohlen worden, innerhalb 2 mahl 24 stunden deß Königes Land zu raumen, oder der straff des stranges und Galgens gewärtig zu seyn. Er hatt bißhero von der Theol. Facultet und insonderheit D. Langen sich müssen beschuldigen lassen, als wenn er die studierende Jugend ad spinosismum et Atheismum verführete, welches endlich in offentl. streitschrifften außgebrochen, dan sie 4 gewechselt haben, welche theils vielleicht [m]hH. Professori werden zu gesichte kommen seyn etc." Vous voyez au moins, qui a été son principal Accusateur, c'est le nommé Dr. Lang, dont j'ai oui dire qu'il passoit à Halle pour etre Pietiste, mais en verité cet Homme fait voir un bel echantillon de la charité Chrétienne et de la douceur des Pietistes; Il me semble que c'est plutot là le charactere des Pharisiens et des Tartouffes, qui cherchent la ruine et la perte des innocents sous pretexte de sauver la pureté de la religion, heu! quam Relligio potuit suadere malorum.[2] Ce Theologiens de chez Vous dont Vous me parlés, a bonne File icon.gif grace de dire, que la pretendue heterodoxie de Mr. Wolf est le venin de la Theologie naturelle: j'aimerois autant qu'il eût dit, que c'est le venin de la saine raison, qu'il faut bannir cette raison et qu'il faut vivre dans une sainte ignorance comme les bêtes pour manger du foin et nous laisser persuader, tout ce que ces Messieurs les orthodoxes trouvent bon de statuer comme des articles de foy, quoique sans autre fondement que celui de leur cerveau et de leur caprice, quelque grotesque qu'il soit d'ailleurs. Quand Mr. Wolf sera placé une fois autre part, je ne doute pas, qu'il ne donne son apologie, il est homme à le faire et à tenir tete à ses adversaires, il poura bien arriver que le foudre retombera à la fin sur leur tete; tandem bona causa triumphat; s'il veut ecrire un martyrologe des mathematiciens, il poura se servir de Votre Exemple et du mien; mais la difference qu'il y a, c'est que j'ai eu le Souverain de mon coté, lequel comme un Magistrat sage et prudent, qui avoit beaucoup de lumiere et de connoissance, a imposé silence à mes Persecuteurs, au lieu que le Roi de Prusse, qui n'aime gueres à ce que l'on dit les Gens Sçavants, s'est laissé seduire par les Ennemis de Mr. Wolf, à donner une si rigoureuse sentence contre Lui, sans approfondir l'accusation.

Quand Vous aurés reçû quelque nouvelle de nôtre Comte,[3] je Vous prie de me la communiquer incessamment, je me figure de plus en plus qu'il Lui est arrivé quelque desastre; car quelle pourroit etre la cause de son silence? puisqu'il m'a temoigné un grand empressement d'entretenir une correspondance avec Nous: il faut que quelque accident l'en empeche. J'espere que Mr. Vôtre Frere sera content des Types File icon.gif que je Lui ai envoyés. Au reste je Vous souhaite, comme aussi à Lui, une heureuse nouvelle année comblée de toute sorte de prosperité et de benedictions, et suivie d'un grand nombre d'autres. Je me recommende à la continuation de Votre amitié qui m'est tres precieuse; Vous priant d'etre persuadé de la sincerité de la mienne, avec la quelle je ne cesserai d'etre pendant le reste de mes jours Monsieur Votre treshumble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli

P. S. Une grosse fluxion qui m'est tombée sur la joue droite et sur la poitrine, m'est extremement incommode par la migraine et le mal de dents, qu'elle me cause. Cela dure déja plus de 3 semaines, sans encore sentir le moindre soulagement. Ce mal est accompagné d'une petite fievre intermittente, qui prend ses accés par des frissons et finit par une sueur modique. Non obstant cette incommodité, j'ai fini depuis quelque temps mon ouvrage sur la communication du mouvement,[4] que j'envoyai hier par la poste à Paris. Si les Juges aiment les nouvelles inventions, je remporterai le prix; mais s'ils avoient l'humeur de Vos Theologiens Orthodoxes, je n'aurois rien à esperer.

File icon.gif A Monsieur

Monsieur J. J. Scheüchzer

tres Celebre Docteur en Medecine

et Professeur des Mathematiques

à

Zuric


Fussnoten

  1. Dieser Brief ist anscheinend nicht erhalten. Beim Absender aus Erfurt könnte es sich um Johann Wilhelm Theodor Leichner (1682-1733) handeln.
  2. Lukrez, De rerum natura 1, 101-102.
  3. Leopold Gottlieb Graf von Pergen (1700-1749).
  4. Bernoulli, Johann I, Discours sur les loix de la communication du mouvement, Qui a merité les Eloges de l'Academie Royale des Sciences aux années 1724 & 1726 & qui a concouru à l'occasion des Prix distribuez dans lesdites années, in: Prix Paris vol. I, 1720-1727 (1752), Nr. VII (= Op. CXXXV).


Zurück zur gesamten Korrespondenz