Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1723.06.23)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Ort Basel
Datum 1723.06.23
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms H 321, pp.13-14
Fussnote



File icon.gif Monsieur et treshonoré Ami

De toutes Vos Lettres celle que je reçûs dimanche passé[1] me fut la plus agreable, parce qu'elle m'aprenoit une bonne nouvelle aprez la quelle je soupirois depuis long temps. Ainsi Vous étes Greffier de Baden, j'en rends graces au Ciel, qui a exaucé mes voeux joints aux Vôtres, je rends graces aussi à Mssrs. les Electeurs qui reconnoissant Votre merite Vous ont enfin rendu justice aprez Vous avoir laissé languir si long temps auprés les eaux de Bethesde: Je Vous felicite donc, mon cher Ami, je Vous felicite du profond de mon coeur de l'heureuse issuë de Vos brigues: Vous avez emporté la charge que la Providence vous avoit destinée, je ne sçai si cette charge est perpetuelle, quoiqu'il en soit, je souhaite que le bon Dieu Vous augmente[2] les forces de corps et d'esprits, afinque Vous puissiez remplir ce poste avec Vôtre dexterité ordinaire au contentement de Vos Seigneurs et de tout le monde, jusqu'à ce qu'il Lui plaise de Vous appeller à un autre poste encore plus haut et plus digne de Votre merite. Ce qui me fache un peu dans Vôtre Election, ce sont les circonstances que Vous me marqués: premierement Vous dites que Vous n'avez eu que 45 voix de 98 qui étoit le nombre de touts les suffrages, cependant la justice de Vôtre cause appuyée de Vos longs services rendus à la patrie demandoit que Votre Election se fit unanimeFile icon.gifment; en second lieu je vois avec chagrin, que les brigues regnent chez Vous comme chez nous, chose detestable dans une republique, qui fait que personne ne peut conter sur son droit et sur son merite; pour detruire la brigue formée contre Vous il falloit employer une autre brigue, n'est ce pas là un remede dur à un honnete home au quel il Lui en faut venir, s'il veut reussir dans son entreprise quelque juste qu'elle soit? mais que faire, puisque c'est le chemin par où il faut passer; enfin Vous avez la charge, unde habeas quaerat nemo, sed oportet habere.[3] Vous avez remporté la victoire, cela me suffit pour m'ecrier avec allegresse Dicite Iö Paean! et Iö bis dicite paean![4] J'étois à table quand je reçûs Votre Lettre; je l'ouvris incontinent, la voye extraordinaire par la quelle elle me fut rendu me faisant d'abord soupçonner cette bonne nouvelle; comme je vis donc que je ne m'etois pas trompé dans ma conjecture, je pris sur le champ un verre de vin que je portai à ma femme à la santé de Mr. le Greffier: Elle en fut fort aise et me pria de Vous faire aussi ses compliments de felicitation: ainsi je finis en Vous assurant que je continue d'etre avec mon zele ordinaire Monsieur et treshonoré Ami Votre tres humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli

Bâle ce 23. Juin 1723.

Crastinus dies Tibi mihique sacer, felicibus auspiciis nobis illucescat, qui ut multoties Tibi redeat viventi et sospiti ex animo voveo et precor.


Fussnoten

  1. Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1723.06.19.
  2. Im Manuskript steht "augemente".
  3. Bei Juvenal, Satiren 14 heisst es: "Unde habeas quaerit nemo, sed oportet habere" (Niemand fragt, woher du etwas hast, aber es ist nötig, dass du es hast").
  4. Ovid, Ars Amatoria 2,1.


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