Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1722.10.02)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733
Ort Basel
Datum 1722.10.02
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.17-20
Fussnote Auf p.20 befinden sich Adresse und Siegel



File icon.gif Monsieur et treshonoré Ami

Lorsque Votre derniere avec le Traité sur la Bile des Pestiferés[1] arriva ici, j'étois à Mulhause prendre les Eaux de Fefres,[2] d'où je ne suis revenu que depuis peu de temps. J'ai lû les experiences de M. Deidier, elles me paroissent curieuses:[3] mais les raisonnements que l'Auteur fait là dessus et les conclusions qu'il en tire ne me semblent pas assez convaincantes pour batir un Systeme et une Theorie assurée de la peste, qui puisse fournir une methode infaillible de guerir cette cruelle maladie. Les lettres de Mr. Montresse[4] marquent assez qu'il n'accorde pas à Mr. Deidier les consequences qu'il deduit de ses experiences: En un mot tout me paroit encore extremement obscur, et il me faut bien d'autres preuves que celles de M. Deidier pour me persuader que la source de la peste vienne uniquement de la bile, accoutumé comme je suis à l'evidence geometrique je n'admets pas aisément de simples conjectures en place de demonstrations, je ne me laisse pas payer de raisonnements faits en l'air, il me faut sur tout de la clarté, il me faut appercevoir clairement comme le jour la connexion de toutes les parties des raisonnements et la necessité des conclusions qu'on en deduit, sans cela j'aime mieux suspendre mon jugement, que d'applaudir temerairement à un discours pompeux et farci de specieuses raisons mais qui au fond ne sont que des apparences creuses sans aucune solidité. Les contestations en France sur la constitution[5] commencent à m'ennuyer egalement, j'en suis si saol que peu s'en faut que je n'en regorge, je regarde ces niaiseries comme les retranchements des orthodoxes dans lesquels File icon.gif ils se battent en desesperés sans en oser sortir et sans risquer leur peau, car de grace dites moi d'où vient que Mr. H. [6] ni aucun autre de Vos braves Theologiens qui se roidissent si fort pour la defense du formula ne prenne la plume à la main pour refuter l'ecrit de notre M. Werenfels?[7] Il est vrai qu'on m'a dit que quelqu'un de Schafouse a ecrit, qu'on se prepare à Zuric à tailler de la besoigne à nos Theologiens qui ont souscrit[8] le dit Ecrit, mais je prens cela pour de vaines menaces et pour des gasconnades; car assurement M.rs les Orthodoxes trouveront à qui parler; Ce qui m'étonne le plus c'est que le Clergé de Berne a trouvé le moyen d'enchanter tellement son Magistrat si clairvoyant d'ailleur, qu'il a condescendu avec lui à maintenir sur le Throne ce Tyran de consensus;[9] il y a je croi du mystere politique dans ce manege. J'eus le bonheur de lire à Mulhause l'Edition de la Formule avec des notes, qui sont à ce qu'on croit de M. Alphonse Turretin,[10] mais elle ne se trouve pas ici à vendre: j'ai aussi lû les vers sur le Trifolium,[11] mais ils sont pitoyables; on y a fait une reponse que je n'ai pas encore vuë. Si M.rs les orthodoxes s'avisent de faire la guerre par satyres et turlupinades, ils auront du pire, car certainement il y a parmi leurs Antagonistes des Poëtes qui peutetre sont plus salés et plus satyriques que les leurs.

Non, Monsieur, je n'ai pas encore vû les Remarques sur deux passages d'une These, que M. Bernoulli a fait soutenir par un certain Nebel son Ecolier,[12] on m'en a déja averti de 3 ou 4 differents endroits; si vous aviez le Recueil de Hartsoeker où ces Remarques se trouvent, Vous me feriez un sensible plaisir de me le preter; on me dit que j'y suis fort malFile icon.giftraité, mais je m'en moque, car l'Auteur n'étant ni Geometre ni Philosophe, quoiqu'il se pique d'étre l'un et l'autre, il me sera aisé de faire voir son ignorance; Il attaque tout le monde, il raille tout le monde, il est le seul Philosophe, si Vous l'en croyez, Huguens, Leibnits, Newton et d'autres grands hommes ne sont que des enfants auprés de Lui, il les traite de haut en bas, et Leur parle comme le Maitre à ses Ecoliers; il me semble qu'il faudroit enfermer cet homme dans les petites maisons comme un insensé dont il faut avoir compassion plutot que de s'en facher. Cependant il est assez hautain pour pretendre d'etre le Moderateur ou l'Arbitre des formules quand il s'agiroit d'en faire dans le Monde Philosophique.

Mes compliments à Mr. Vôtre Frere, à qui je souhaite toujours de reussir dans sa brigue pour le greffierat de Bade.[13] Je suis avec toute ma sincerité Monsieur Votre treshumble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli

Bâle ce 2. 8bre 1722.

File icon.gif A Monsieur

Monsieur J. J. Scheuchzer

tres-Celebre Docteur en medecine

et Professur des mathematiques

à

Zuric


Fussnoten

  1. Deidier, Antoine, Expériences sur la bile & les cadavres des pestiferés, ... Accompagnées des lettres du dit Mr. Deidier, de Mr. Montresse, ... et de J. Jac. Scheuchzer ..., Zuric 1722.
  2. Wasser aus den Quellen von Pfäfers wurde damals für Trinkkuren verwendet und weithin, offenbar auch nach Mülhausen, versandt.
  3. Zu Deidiers Schrift und Theorie siehe den Brief von 1722.08.15 sowie Signoli, Michel/Chevé, Dominique/Boëtsch, Gilles/Dutour, Olivier, Du corps au cadavre pendant la Grande Peste de Marseille (1720-1722): Des données ostéo-archéologiques et historiques aux représentations sociales d'une épidémie, in: Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, Nouvelle Série 10, 1-2 (1998), p. 99-120, hier pp. 114-116.
  4. In der Abhandlung Deidiers sind auf pp. 31-33 und pp. 61-64 zwei an ihn gerichtete Briefe von Pierre de Montresse, Doktor der Medizin und Dozent an der Universität Valence, abgedruckt.
  5. Die Constitutio Unigenitus, die auch als la Constitution bezeichnet wurde, ist eine 1713 von Papst Clemens XI. verfasste Bulle gegen den Jansenismus, die besonders umstritten war.
  6. Gemeint ist Johann Jakob Hottinger (1652-1735).
  7. Werenfels, Samuel, Oratio de vero & falso theologorum zelo, Basileae a. MDCCXXII habita ..., Tubingae 1722.
  8. Im Manuskript steht "soucript".
  9. Genf hob die Geltung der Formula Consensus als Glaubensverpflichtung 1706 auf. Daraufhin meldeten sich starke Widerstände in der Genf benachbarten, jedoch unter Berner Verwaltung stehenden Waadt. In Bern beschloss der Grosse Rat am 15. April 1722 erneut, wie schon am 17. Januar, mit grosser Mehrheit, es sei an der einmal anerkannten und unveränderlichen Wahrheit festzuhalten. Eine Abordnung hatte in Lausanne für die Einhaltung dieses Beschlusses zu sorgen. Die Waadtländer waren darüber teilweise sehr empört. Pfister, Rudolf, Kirchengeschichte der Schweiz, Zürich 1985, vol. 3, p. 11.
  10. 1722 erschien in Amsterdam anonym die Schrift Johann Heinrich Heideggers Formulaire de consentement des Églises réformées de Suisse, sur la doctrine de la grace universelle, & les matières qui s'y rapportent, comme aussi sur quelques autres articles. Traduit en françois, avec des remarques. Gemäss Haller, Gottlieb Emanuel von (ed.), Bibliothek der Schweizer-Geschichte und aller Theile, so dahin Bezug haben, Teil 3, Bern (R. A. Haller) 1786, p. 183, liegt die Urheberschaft der Anmerkungen vermutlich bei Jean Barbeyrac (1674-1750) während die Übersetzung vermutlich von Barthélémy Barnaud angefertigt wurde. Siehe Pfister, op. cit., p. 12.
  11. Die Bezeichnung "schweizerisches Kleeblatt" bezieht sich auf Samuel Werenfels, Jean-Frédéric Ostervald und Jean-Alphonse Turrettini, die zusammen das auf Irenik bedachte helvetische Triumvirat bildeten. Siehe den Brief von 1722.08.15.
  12. Hartsoeker, Nicolaus, Remarques sur deux passages d'une these que Mr. Bernoulli a fait soûtenir à Bâle par un certain Nebel son écolier, in: Recueil de plusieurs pièces de physique, où l'on fait principalement voir l'invalidité du système de Mr. Newton et où se trouve, entre autres, une Dissertation sur la peste & sur les moyens de s’en garentir, Utrecht (Chez la Veuve de G. Broedelet & Fils) 1722, pp. 268-288. Zur Polemik zwischen Hartsoeker und Bernoulli siehe den Brief von 1722.08.15.
  13. Johannes Scheuchzer (1684-1738) hat sich für das Amt des Landschreibers der Grafschaft Baden beworben und die Stelle am 16. Juni 1723 erhalten. Siehe dazu den Brief von 1723.06.19.


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