Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1721.02.05)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733
Ort Basel
Datum 1721.02.05
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms. H 318, pp.119-122
Fussnote p.122 ist leer



File icon.gif Monsieur et tres honoré Ami

Si je suis maintenant plus eloigné que Vous des foudres du Vatican, j'en ai été autrefois bien plus proche que Vous, et j'en ai senti les tristes effets autant que personne; mais graces à la dureté de ma peau que ces foudres n'ont pas percé et qu'ils sont rejaillis sur la tete de mes foudroyeurs.[1] J'ai bien pû remarquer, que Vous avez été peu obeissant aux censures de vos juges, c'est ce qui m'a étonné, sachant d'ailleurs qu'ils ne sont pas Gens à demordre. Je suis bien aise de voir bientot le pauvre Job delivré de son fumier apres y avoir été tant tourmenté,[2] j'espere qu'il en sortira plein de gloire à la confusion de Vos Persecuteurs. Ayant lû l'epitre Dedicatoire[3] avant Votre Lettre, elle m'a effectivement trompé tout comme Vos Censeurs, et elle tromperoit bien d'autres; car qui est ce qui auroit crû que Vous reconnoitriez des Chanoines pour Vos Censeurs, Examinateurs, Préposés etc. que ce titre leur convient en qualité de leur vocation et de leur charge; Qu'ils distribuent leur Graces prenant pour fondement la verité et la pieté; Que la parole de Dieu leur est confiée comme un Depôt precieux; Qu'ils veillent sur les Murs de Sion; Que leurs travaux sont sacrés heilige labores etc. Tout cela en verité paroit un peu outré en flaterie pour des EccleFile icon.gifsiastiques Romains que les Reformés regardent comme des Pretres de l'Idolatrie, et qui d'ordinaire ne sont rien moins que Gens pieux, mais plutot entretenant la superstition et pliant leur genoux devant Baal; ensorte que je ne m'étonne pas, qu'on ne Vous a pas voulu permettre d'imprimer cette Dedicace; mais je m'imagine que Vous n'avez pas pensé tout de bon de l'imprimer; que Vous avez peutetre fait semblant de le faire pour Vous moquer de Vos Censeurs en leur offrant un Encens qui ne leur étoit pas destiné.

En lisant les quatre feuilles,[4] je n'y ai remarqué qu'un ou deux endroits qui souffrent quelque remarque, les voicy: Pag. 417. der Fledermäusen und Eulen, welche nur nicht, wegen alzu starcker structur ihrer augen des Tages licht vertragen können, je croi que Vous avez voulu ecrire alzu zarter ou bien alzu schwacher car c'est la delicatesse de la structure des yeux qui empeche de supporter la clarté du jour; La force fait le contraire. Pag. 421. Vous mettez l'Aigle dans la Classe des Presbytes, à cause qu'il voit de bien loin; mais etre Presbyte est un defaut de la vûe, qui l'affoiblit en empechant qu'on ne voye pas les objets distinctement à moins qu'ils ne soient bien eloignés à cause du desseichement des yeux; cependant ceux qui ont la vue bonne et parfaite peuvent voir de prés aussi bien que de loin ce qui vient de ce qu'ils File icon.gif ont toutes les parties de leurs yeux dans une bonne constitution, pour applanir ou pour arrondir l'humeur cristaline selon qu'ils veulent regarder les objets eloignés ou les objects proches; c'est en quoi consiste la perfection des yeux, au lieu que ceux des Presbytes ne sont plus capables de s'accommoder au besoin ni de changer la figure du cristallin selon les diverses distances des objets; or Vous voulés sans doute faire entendre que les Aigles ont de touts les animaux la vision la plus parfaite et la plus perçante, ainsi on ne fairoit pas bien de la comparer à celle des presbytes qui est la moins parfaite et la plus foible.

J'avoue ma stupidité, car je ne devine pas les 4 lettres initiales P. M. H. M.[5] que Vous dites avoir mis au Titre de Votre ouvrage, Davus sum non Oedipus.[6] J'en attens l'explication de Vous: en attendant je me donne l'honneur de Vous assurer que je suis tres passionément Monsieur Votre tr. humb. et tr. ob. srt.r J. Bernoulli

Bâle ce 5. fevr. 1721.

P. S. Hier au matin environ à 6 heures selon notre maniere de compter[7] on sentit ici un petit tremblement de terre, qui ne dura que quelques secondes;[8] Graces à Dieu il n'a point fait de mal, les parois de mon Poile[9] où je couche en trémousserent un peu.


Fussnoten

  1. Gemeint ist der Konflikt Bernoullis mit den Groninger Theologen. Siehe die Anmerkung im Brief von 1710.11.19.
  2. Anspielung an Hiob, 2, 8.
  3. Gemeint ist der zum Druck in der Jobi physica sacra vorgesehene Widmungsbrief, dessen Text dem Brief von 1721.01.15 TP 1721.02.05 TA beigefügt ist.
  4. Scheuchzer hatte mit seinem Brief von 1721.01.15 TP 1721.02.05 TA weitere Bögen zur kritischen Gegenlektüre geschickt. Diese Blätter wurden von Johann Bernoulli mit den beigefügten Korrekturen nach Zürich zurückgeschickt.
  5. Johann I Bernoulli hat den griechischen Spruch "Ρᾶον Μωμεῖθαι, Η Μιμεῖθαι", auf den sich die Initialen beziehen, nicht gefunden und diese als lateinische Lettern interpretiert.
  6. Terenz, Andria, II, 24.
  7. Gemeint is die sog. "Basler Zeit". In Basel gingen die Uhren eine Stunde vor und zeigten beim höchsten Sonnenstand nicht 12 Uhr sondern 1 Uhr.
  8. Das Epizentralgebiet dieses Erdbebens von 1721.02.04 lag in Waldighofen, ca. 15 km westlich von Basel.
  9. Johann Bernoulli schlief offenbar auf der Bank seines Kachelofens.


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