Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1720.10.30)
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Autor | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Zürich |
Datum | 1720.10.30 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 129* |
Fussnote |
Monsieur mon Treshonnoré et trescher Patron
Ce jourdhui je vien de finir mon pellerinage, que j'ay entrepris il y a presque trois semaines, pour donner quelque divertissement à la Campagne à mon esprit un peu melancolique, c'est la raison de mon long silence: à l'heure qu'il est, je me donne l'honneur de repondre à vôtre treschere du 2.e de ce Mois.[1]
La resignation que j'ay faite de mon Bibliothecariat[2] a êté renvoyé de Nos Seigneurs avec des termes equivoques au College et aux Curateurs de la Bibliotheque,[3] avec ordre de faire ce qu'ils jugeront àpropos, ajoutant au Senatus consultum, que Nos Seign.rs ne doutent nullement, qu'en cas que j'aye ma dimission, elle seroit accompagnée d'une recompense. Là dessus on convoqua les dits Curateurs, où j'ay demandé encore ma dimission; Dans ce congrés on ne conclut rien de positiv, on fit une deputation consistente en 6 membres du college, pour me disposer à rentrer dans la charge du Bibliothecariat; M.r le Tribunier Hirzel en êtoit president: je persistois fermement dans ma demande; Le president, (qui êtoit justement celuy qui retracta sa parole, et qui m'entretint si long temps dans cette charge par les promesses solemnelles de sa protection) au contraire me representa d'un côté l'importence des promesses que Nos Seigneurs m'ont faites, et de l'autre leurs indignation, lors que[4] je voudrois persister dans la resignation. Je repliquois, que j'avois si long temps servi le Public, qu'il n'avoit êté que tres juste de me recompenser par quelque employ digne de mon Caractere, et que j'êtois si convaincu de mon zele et de l'ardeur dont j'ay rendu des services[5], que j'avois raison d'en attendre finalement une heureuse issüe. On me repliqua qu'il estoit encore temps, et qu'au contraire je me rendrois inhabile pour demander et pretendre doresnavant aucune charge; Là dessus j'ay repondu, que de ma vie je n'aurois jamais crû, que par des Services[6] signalés on se puisse rendre indigne des droits de la Bourgeoisie, et que l'on puisse se resoudre à favoriser plus tôt les faineants et les ignorants; que de mon côté je ne demandois donc rien autre, si non que l'affaire soit porté de nouveau au Senat, à la disposition duquel je me soumettrois. Du depuis l'affaire a traisné sans rien faire, mais astheure que je suis de retour, le jeu sera à recommencer. Quant à moy j'auray toujours cette belle consolation
- - - periêre tempora longi
Servitij - - - - -[7]
La Peste continüe à faire des terribles ravages en France, elle a passé la Durance pour etriller le Dauphiné. Dieu veuille que ce mal terrible, qui selon le rapport même des Medecins de Marseille, n'a jamais eû son semblable cesse finalement. Les insectes, Les Meteores de feu et d'autres choses semblables, qui ont paru par le passé ne se riment pas avec le mal apporté de l'Orient, ce ne sont, à mon advis, que des Signes, que la constitution de l'air est susceptible des pareilles dispositions malignes, et que la moindre cause peut fort bien avoir des lugubres consequences. Dieu nous veuille preserver non seulement de ce fleau terrible, mais aussi du bannissement du côté de l'Empire, car en ce Cas nous tomberions dans une misere extreme. Nos pauvres paysans accoutumés à gagner leurs vie par les trafiq et les manufactures passeroient fort mal son temps, lors que les marchands seroient obligé de suspendre tout à fait leurs negoces; Dans la Tourgovie on voit deja une grande misere à cause du negoce de la Linge tout à fait ruiné.
Je ne sçay rien de nouveau parce que je suis novice en ville: Tout ce qui me seroit le plus cher de sçavoir, ce seroit la parfaite Santé de Vôtre tres chere personne, la quelle je souhaite preferablement à la mienne. Pardon je vous supplie au stile rustique de cette Lettre, j'ay oublié dans ce peu de temps ce que l'on appelle politesse, qui devroit avoir sa residence dans les villes. L'innocence de la vie Campagnarde m'a si fortement charmé, que je me resoudrois facilement, à quitter les ennuys de nôtre ville pour devenir en quelque maniere paysan moy même. Outre cela je suis terriblement las, que je ne suis pas presque en êtat de me mouvoir, c'est aussy une des raisons qui me font finir, apres avoir dit mes treshumbles baisemains à Madame Vôtre treschere Epouse et à toute Vôtre belle famille, et aprés vous avoir supplié d'être persuadé que je seray toujours avec un attachement tresparfait Monsieur et Trescher Patron Vôtre treshumble et tresobeissant Serviteur D.r Jean Scheuchzer.
Zuric ce 30.e 8bre 1720.
P. S. à propos de la recompense[8] susdite, j'ay oublié de vous dire, que j'ay dit, que la Bibliotheque et son fiscus ne sont pas en êtat de recompenser mes services rendus, et que j'auray fort bien l'honneur de leurs rendre la bagatelle, qui en pourroit provenir.
Fussnoten
- ↑ Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1720.10.02.
- ↑ Zu Johannes Scheuchzers Arbeit als ehrenamtlicher Bibliothekar der Bürgerbibliothek Zürich siehe seinen Brief an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
- ↑ Zur Organisation der Bürgerbibliothek siehe die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1720.05.19.
- ↑ Hier wurde ein im Manuskript fehlendes "je" ergänzt.
- ↑ Im Manuskript steht "service".
- ↑ Im Manuskript steht "Sevices".
- ↑ Juvenal, Satiren, III, 124-125. Dort heisst es "perierunt tempora longi servitii".
- ↑ Im Manuskript steht "recompenses".
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