Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1720.06.23)
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Autor | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Zürich |
Datum | 1720.06.23 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 126* |
Fussnote |
Monsieur mon Treshonnoré et Trescher Patron
Je ne scay, si j'ay tardé trop long temps à repondre sur la treschere Vôtre du 19.e du passé,[1] au moins je me reproche à moy même ma negligence, cependant je n'ay pas voulu interrompre vos affaires touchant la consommation des mariages de Mad.lle Vôtre fille et de M.r le Professeur Vôtre Neveu.[2] Je dois en même temps vous accuser, que j'ay tres bien reçû les livres que Vous m'avés achetté, pour lesquels je vous suis infinement obligé, en voicy, ce me semble, le prix, si par hazard quelque chose y manquoit encore, ayés la bonté de m'en donner credit, j'ay pris les 3 lb 19 ß[3] 4 ₰ pour 4 lb et avec cela le compte est juste.
Je ne suis pas encore tout à fait consolé, comme je voi que vous êtiés persuadé, j'ay demandé à Nos Seig.rs une survivance de quelque charge, à la quelle ils voudroient bien me juger capable, visant par là ou à la Registrature, ou bien à la Profession de l'Histoire de la Patrie. Mais comme les Loix defendent absolument les survivances, Nos Seig.rs ne se sont point declaré positivement là dessus, ils ne le pouvoient faire absolument sans porter l'affaire au Grand conseil: Voicy pourtant le resultat. On me temoigne le contentement unanime pour mes services passés, m'animant à la continuation des travaux de la Bibliotheque, qui maintenant commencent à naitre en foule. Et on m'assure, que, en cas, que l'on ne trouveroit pas quelque issüe dans le temps de quelques années, Nos Seig.rs me considereront eux mêmes. Voicy donc le contenu du Senatus consultum, qu'on a livré entre mes mains, dont je suis ny gras ny maigre Dieu mercy.
La Censure de l'ouvrage sur Job[4] va toujours son train, les corrections deviennent de telle nature, que l'on commence à taxer mon Frere d'Heresie, voicy comment. Mon Frere voulut faire une admonition à ne pas donner des idées aux enfens comme si Dieu n'etoit que dans le Ciel, comme Jupiter l'êtoit dans la Religion des Payens, que plustôt il leurs faut implanter l'Idée de la toutepresence de cet être infini; sur cela la Censure veut absolument, que l'on efface ce Periode comme êtant contre le Nôtre Pere et contre le Catechisme; Ce qui courrouça un peu mon Frere, qu'il alla rendre une visite à Nôtre Antistes,[5] pour le demander, si veritablement Mess.rs les Censeurs le prenoient pour un Heretique, sur quoi il repondit negativement. Là dessus mon frere fit l'instance, que M.r L'Antistes demande en son nom les Censeurs leurs sentiment là dessus, et, qu'en cas, qu'ils ayent quelque doute, ils le fassent venir devant eux, pour en ouir ses sentiments, se plaignant en même temps fortement contre la maniere de proceder des Censeurs, jusques astheure innouye ches nous, et que Mess.rs les Censeurs ayent la hardiesse de censurer en plusiers endroits, ce qu'ils n'entendent point; Là dessus sa S.té se courrouça et renvoyà le pauvre pecheur à son devoir, c'est à dire à l'obeïssance passive. J'ay promis deja à quelquesuns, même à un des Censeurs, qui n'est pas du Sentiment des autres, que toutes ces Censures seront finalement imprimées; et que ce sera un petit ouvrage fort facile à composer, n'y ayant pas besoin d'aucune Nôte ou glosse, tout y êtant sans cela fort manifeste.
Les Eaux pendant nôtre foire ont êté extraordinairement grosses, le Lac et le fleuve qui passe nôtre ville, ayants êté gonflé terriblement, tellement que l'on a eû peur, que quelquesunes des moulins ne vinssent à être ruinées. En effet ils manquoient encore quelques peu de pouces. Mais graces à Dieu, depuis ce temps là les Eaux se sont baissées plus d'un pied du Roy. Pendant la plus grande hauteur des Eaux, nous observames un Phenomene assés extraordinaire, c'est à dire, que vers le soir à chaque heure les eaux haussoient et baissoient alternativement de plus de deux et trois pouces, comme s'il y avoit quelque flux ou reflux, ce que j'ay attribué à quelque obstacle dans le cours du fleuve, specialement l'eau n'ayant pas eu tout le passage libre par les pilotis et roües de nos moulins, cependant je ne suis pas encore satisfait tout à fait. Cependant les[6] pluyes sont frequentes et copieuses ches nous, et nous comptons deja 86 lignes d'eau de pluye tombée ce mois seul, ce qui est, tant que nous faisons ces observations, sans exemple, non obstant tout cela les eaux de la riviere et du Lac continüent à baisser marque, que les neiges dans les montagnes, qui sont encore fort grandes, ne fondent point. Avec tout cela le Barometre est haut de 26 p. 6 l. et à la hauteur de 26 p. 9 l. nous avions des pluyes copieuses, bien que dans l'Eté le mercure passe fort rarement cette hauteur.
On a repandu chés nous un bruit de la ruine de la Tour du Rhin à Basle, d'autres disoient que l'on êtoit actuellement aprés sa demolition, du depuis nous venons d'entendre, que tout est faux, hormis que ce batiment n'est pas hors du danger. Je ne sçay ce qui en est.
Touchant le passage dans Stumpfius, à l'occasion du Baslerisch Wappenbuch, ce n'est pas dans sa Chronique imprimée, mais dans son Wappenbuch, que l'on conserve Manuscript dans nôtre Bibliotheque,[7] où il fait mention de cela en plusieurs endroits.
Je finis en Vous suppliant d'assurer de mes treshumbles Respects Mad.e Vôtre chere Epouse et toute Vôtre belle famille, et en protestant qu'il n'y a personne au monde qui soit avec plus d'attachement que moy Monsieur et Trescher Patron Votre treshumble et tresobeissant Serviteur D.r Jean Scheuchzer.
Zuric ce 23.e Juin 1720.
Fussnoten
- ↑ Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1720.05.19.
- ↑ Gemeint sind die bevorstehenden Hochzeiten von Anna Katharina und Nicolaus I Bernoulli.
- ↑ Schilling.
- ↑ Scheuchzer, Johann Jakob, Jobi physica sacra, oder Hiobs Natur-Wissenschafft, vergliechen mit der Heutigen ..., Zürich (H. Bodmer) 1721.
- ↑ Johann Ludwig Nüscheler (1672-1737).
- ↑ Im Manuskript steht "le".
- ↑ Vermutlich Tschudi, Aegidius, [Wappenbuch schweizerischer und ausländischer Geschlechter], [S.l.] [16–], ZB Zürich, Ms A 53.
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