Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1718.05.08)

Aus Bernoulli Wiki
Zur Navigation springen Zur Suche springen


Briefseite   Briefseite   Briefseite   Briefseite  


Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1718.05.08
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 102*
Fussnote



File icon.gif Monsieur, mon Trescher Patron.

Je suis fort negligeant à vous repondre, mais ce n'est pas, par ma foy, ma faute, il y a plusieurs affaires chagrinantes, qui m'en ont empeché, et si ce n'êtoit même que nôtre Bibliotheque, qui à cause qu'on y bâtit est toute dessous dessus, c'est une confusion si terrible que j'ay de la peur. Si nos Livres avoient l'esprit de nos Orthodoxes, par ma foy ils se feroint mutuellement de terribles querelles, car assurement un Ecrivain Orthodoxe ne se voudroit pas trouver en compagnie d'un heretique, que le sort l'auroit logé prés de luy, et on auroit des nouvelles matieres pour des nouveaux Dialogues des morts: l'arrangement nouveau de ce Chaos me faira enrager de trop de patience, et où il n'y a rien à gagner que la peine et le travail d'Asne.

Tant plus que je fais des reflexions[1] sur vôtre Sort que vous venés d'établir, tant plus je trouve que vous vous trouvés dans un êtat tres heureux, et dont les veritables suites se manifesteront aprés un cours de quelques années, lorsque la rage de ceux qui trouvoient leur compte dans la confusion et dans la corruption sera lasse de fermenter: d'un coté s'eteigne l'esprit de faction dans l'administration de la justice, êtat dans le quel tout se juge par le principe d'Amour ou de haine de l'autre, tout le monde voyant un acces libre aux charges, faira tout son possible de se faire capable pour être utile à la patrie, êtant un grand honFile icon.gifneur d'être compris dans le ternaire, n'etant au contraire aucune honte, quand alors le sort ne favorise point: de l'ancienne maniere tout sot peut entrer en consideration, pourvû qu'il aye de l'argent: Je me creve quasi de rire lorsque j'examine un peu l'esprit drole du Diacre St. Leonhardin,[2] je connois l'homme, outre qu'il est ambitieux, il ne manque pas d'opiniatreté, et outre cela il a la mine de se plaire fortement dans la corruption, il faut avoir perdu le bon sens, ou bien être possedé par une sotte ambition que de vouloir contredire à une chose aussy salutaire que celle là. Il y a des occasions où on parle de cela à nos Senateurs, et bien que la pluspart ne l'approuve point, ils ne sçauroient pourtant dire quelque chose qui vaille pour enerver la bonté de cet ordre: et le bon est, qu'ils n'en parlent pas volontierement, voyants bien que cela est fort avant dans l'esprit du peuple.

La Semaine passée on a renoué les negociations de paix avec l'Abbé de S.t Galle,[3] on espere une paix assé honorable, Mess.rs de Berne, à ce que j'entend, êtants uniformes avec l'Instruction de nos Seigneurs: mais on croit que l'affaire et sa conclusion retarderont jusques à la Diette generale des Cantons de S.t Jean prochain,[4] pour entreprendre le retablissement de l'harmonie ancienne entre eux, ce qui seroit une chose fort salutaire, un corps aussy dissolu ne pouvant pas se defendre contre le moindre choc qui pourroit survenir.[5]

File icon.gif S. M. Imperiale a ecrit dernierement une Lettre assés forte aux deux Cantons de Zuric et de Berne, je n'en scay pas la teneur, puisqu'on la tient encore secrete, la reponse contient en Substance, que Sa Maj.e est mal informée.[6] C'est tout ce que je[7] sçaurois vous dire touchant cet Article, le meilleur axiome du Monde est, si fecisti nega.

Depuis que Nôtre nouveau Pape est monté au Quirinal,[8] le Saint office a recommencé ses exercices annuels touchant l'extirpation du Quietisme ou Pietisme, deux Sectes dont je ne sçay point les Characteres, on fait venir quantité des interessés, mais je ne sçay pas de quoy on les accuse, quelques uns sans doute auront pour toute recompense le bannissement, c'est une bonne maniere de depeupler peu à peu une terre qui n'est que trop chargée d'habitants: par là à la fin nous luiserons comme de l'or tout pur, car nous aurons acquis en peu de temps le predicat d'une eglise qui n'a plus dans la doctrine aucune souillure, quant à la pureté des moeurs je laisse penser touts ceux qui s'appliquent à la morale, science fort inutile dans notre Siecle, n'etant pas absolument de pane lucrando, et principalement lors qu'on la voudroit mettre en pratique. Pardon et Silence, je vous conjure, car cette bagatelle même me pourroit faire donner l'Ostracisme.

Finalement je reviens à moy même: voila ce qui m'arrive; l'Abbé Viali, profess.r de Botanique à Padoüe a eté jugé demeritus,[9] à cause de son grand age: On me propose pour succeder,[10] M.r le Resident d'appresent[11] a la bonté de me proteger autant qu'il peut, M.r Capello[12] File icon.gif et M.r Vincenti,[13] ses Predecesseurs font tout le possible, ainsy que j'ay une grande esperance de reüssir, et de pouvoir jouir de la Compagnie de M.r le professeur vôtre Neveu.[14] C'est hier au Soir, que M.r le Resident fit partir Ses Informations aux Reformateurs,[15] jointes à mes papiers et ecrits, comprenants ce que je pourrois promettre dans l'exercice de cette charge. Nous aurons en peu des nouvelles j'en suis assuré, car ces trois Messieurs pousseront l'affaire à toute force. Je vous prie de tenir cet affaire secret, à fin, qu'en cas que cela ne reüssit point, je sois à l'abris de tout ce qui pourroit survenir, je ne dis mot à personne, sçachant que j'ay un monde des envieux, qui ne me veulent que du mal, j'ay l'esperance de les rendre confus[16] par un coup imprevû. Je finis en vous assurant avec Madame et Votre belle famille, de mes treshumbles respects, etant toujours avec un tres parfait attachement Monsieur et Trescher Patron Votre treshumble et tresobeïssant Serviteur D. Jean Scheuchzer.

Zuric en hâte ce 8.e May. 1718.


Fussnoten

  1. Im Manuskript steht "reflexion".
  2. Johann Rudolf Wettstein (1663-1737).
  3. Joseph von Rudolphi (1666-1740).
  4. Der 24. Juni.
  5. Der in Rorschach und Baden ausgehandelte Vertrag führte zu dem am 15. Juni 1718 vom Fürstabt von St. Gallen, von Zürich und Bern ratifizierten Frieden von Baden, siehe Bächtold, Hans Ulrich, Baden, Frieden von (1718) in: e-HLS.
  6. Der Brief von Karl VI. an die "Schweitzerischen Kantone, und sonderlich an den Zürchischen" von 1718.05.20 und die Antwort der Kantone Zürich und Bern an den Kaiser von 1718.09.14 sind abgedruckt in Faber, Antonius [= Leucht, Christian Leonhard], Europäische Staats-Cantzley, darinnen zum Behuff der neuesten politischen-, Kirchen- und Reichshistorie was sowohl in Religions-Angelegenheiten merckwürdiges vorgefallen als in Staats- und Reichs-Geschäfften vor kurtzem abgehandelt worden und zum Vorschein gekommen ist, Teil 32, Frankfurt a. M. (Weber) 1719, pp. 756-767.
  7. Das "je" wurde hier ergänzt.
  8. Gemeint ist die Wahl von Johann Ludwig Nüscheler zum neuen Zürcher Antistes.
  9. Felice Viali (1637-1722) war seit 1687 Professor der Botanik in Padua.
  10. Einen Bericht über die Vorgänge im Zusammenhang mit seiner nicht zustande gekommenen Berufung auf den Lehrstuhl für Botanik an der Universität Padua gibt Johannes Scheuchzer im unpaginierten Vorwort seiner Agrostographia sive Graminum, juncorum, cyperorum, cyperoidum, iisque affinium historia, Tiguri [Zürich] (H. Bodmer) 1719.
  11. Giuseppe Giacomazzi, ab 1717 venezianischer Resident in Zürich.
  12. Giacomo Capello, venezianischer Senatssekretär und von 1707 bis 1714 venezianischer Resident in Zürich.
  13. Zuan (Giovanni) Maria Vincenti (1671-1746) war von August 1714 bis Juli 1717 venezianischer Resident in Zürich. Vincenti war von 1716 bis 1720 auch ein Korrespondent von J. J. Scheuchzer.
  14. Nicolaus I Bernoulli war seit 1716 Professor der Mathematik in Padua.
  15. Seit 1516 lag die Aufsicht über die Universität in den Händen des dreiköpfigen Gremiums der "Riformatori dello Studio di Padova".
  16. Im Manuskript steht "confas".


Zurück zur gesamten Korrespondenz