Bernoulli, Johann I an Arnold, John (ca. 1688-17..) (1718.01.22)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Arnold, John, ca. 1688-17uu |
Ort | Basel |
Datum | 1718.01.22 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 673:Bl.19-20 |
Fussnote | Am Briefkopf die alte Nummer "10" sowie eigenhändig "à Mr. Arnold". P.S. auf fo.20v eigenhändig |
Mon silence ne doit pas Vous scandaliser: Vous m'avez fait esperer que Mr. Wetstein qui m'a rendu Vôtre lettre du 17. Aoust de l'année passée me preteroit un recueil de lettres passées entre feu Mr. Leibnits et Mr. le Dr. Clarke; voulant donc voir ces lettres avant que de Vous ecrire pour Vous en dire mon sentiment, j'ay differé la reponse de jour en jour; voilà la cause de mon silence: cependant je n'aj encore rien vû de ces lettres là; je commence meme à en desesperer; ainsi je romps enfin le silence. Je n'entens pas bien le probleme de Mr. Halley, parceque le cachet de Vôtre lettre dans l'endroit où Vous en parlez a emporté le plus essentiel; mais autant que je puis deviner, il me semble, comme Vous le dites aussi, que ce probleme n'est pas difficile. Je Vous remercie infiniment de la maniere la plus obligeante, avec laquelle Vous offrez à mon fils Vôtre maison et table, quand il sera dans Vos quartiers: J'aurois bien souhaité qu'il eut trouvé quelque bonne occasion pour faire le voyage d'Angleterre, sans me causer trop de despenses, en ce cas il n'auroit pas manqué de faire un tour exprés à Exon, Vous rendre une visite et ses devoirs, mais au defaut d'une telle occasion je Lui aj envoyé ordre de revenir, il est meme deja à Strasbourg depuis quelques semaines où il se fait guerir de la fievre tierce qu'il a gagnée sur la route; il me mande qu'il en est deja quitte, ainsi je l'attens tous les jours. Ma vocation de Groningue n'a pas eu de suite, parce que la pension, qu'on m'offroit ayant eté la meme que celle qu'on m'avoit donnée autrefois, j'ay crû qu'il y alloit de ma reputation de ne me pas laisser engager par un traitement non meilleur que le premier que j'avois abandonné de mon propre mouvement, c'est pourquoy j'ay refusé la vocation. Si on m'avoit meilloré la pension de quelques centaines d'ecus, j'aurois peutetre pris la resolution de faire une seconde fois le voyage de Hollande[1] [d'autant plus qu'il m'ennuye de plus en plus de rester dans ma patrie, où les sciences et les arts sont si peu estimées et où les pratiques les plus scandaleuses sont montées à un point qui fait craindre un bouleversement general de notre petit etat]. Mr. Herman qui est à Francfort sur l'Oder a quelque esperance d'obtenir à ma place la chaire de Mathematique à Groningue; mais un certain Wittichius qui brigue la meme place et qui a bon nombre d'amis, lui tient encore la balance. J'ay appris en dernier lieu de mon Neveu le Prof. à Padoue, qu'on avoit vû Mr. Leslie passer à Venize, qu'on croyoit qu'il alloit ou à la cour du Pretendant ou en Dalmatie servir les Venitiens contre les Turcs. J'apprens de Paris qu'à la derniere ouverture de l'academie Royale des sciences qui se fait ordinairement à la St. Martin Mr. de Fontenelle prononça l'Eloge de Mr. Leibnits avec beaucoup de vigueur;[2] mais il est vrai qu'on n'en verra l'impression que de long temps, puisque l'Histoire de l'Academie pour l'année 1714 ne vient que de paroitre, en sorte qu'elle est en arriere pour 3 ans. Vous dites que Vous voyez par les Actes de Leipsic que je ne suis pas oisif; il est vraj que pour passer le chagrin de voir nos belles sciences ici à Bâle dans la derniere fletrissure; je m'amuse à communiquer de temps en temps au public quelques pieces, pour faire voir, que je suis encore en vie, à fin qu'on scache me trouver en cas qu'on me desire quelque part pour Professeur; Si Vous pouvez me procurer chez Vous une station dans laquelle je puisse avoir une subsistance honnete, je Vous asseure, que je l'embrasseraj avec plaisir; j'ay envoyé dernierement à Leipsic une piece assez curieuse sur les isoperimetres,[3] où j'enseigne une methode infiniment plus facile et plus claire de resoudre ces problemes que celle de feu mon frere que Mr. Taylor a renouvellé dans son traitté, mais qu'il a caché à son ordinaire sous le manteau de l'obscurité pour n'etre pas reconnû. Tout ce que je publie a le malheur de deplaire à Mr. Keil, car si c'est quelque chose de beau, il me l'envie et voudroit que ce fut quelque Anglois, qui en fut l'Autheur, mais s'il ne trouve pas le moyen de me le ravir, il le meprise, quoique Mr. Newton lui meme, pour qui il se sacrifie, me rende la justice d'en reconnoitre le merite; J'apprens que ce Mr. Keil extremement inquiet non content de m'avoir deja plusieurs fois attaqué sans que je Luj aye donné aucune occasion prepare de nouvelles batteries pour me bombarder, mais je me mocque de ses crierie[s,] il n'aura jamais l'honneur que je Lui reponde: Il me suffit que Mr. Newton, qui est veritablement grand homme ait pour moy une estime toute particuliere comme il s'en est expliqué en termes tres-forts et qui me sont tres-honorables envers quelques Geometres de France. Je finis en Vous faisant les compliments de toute ma famille, et en Vous assurant que je suis sans reserve Monsieur Vôtre tres humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli
Bale ce 22. Janvier 1718.
P. S. Mon Fils est enfin arrivé ici en assez bonne santé; il Vous fait ses complimens.
Fussnoten
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