Bernoulli, Johann I an Iselin, Jacob Christoph (1716.09.25)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Iselin, Jakob Christoph, 1681-1737
Ort Basel
Datum 1716.09.25
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 674:Bl.74-84
Fussnote Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. le Dr. Iselin" und eigenhändiges P.S. Blätter falsch gebunden. Foliierung folgt dem Brieftext



File icon.gif Monsieur et tres honoré Ami

La vive douleur, qui me rongeroit le coeur entierement sans l'assistance particuliere d'une consolation, qui me vient d'enhaut, fait que je commence cette lettre par Vous raconter un grand malheur qui me vient d'arriver quoique commun à plusieurs honnetes gens qui y sont enveloppés: C'est que les deux frippons Werenfels Zum Liechtenstein et Ebneter son Associé ont fait banqueroute dans laquelle je suis interessé pour deux milles ecus en especes; c'est une banqueroute de 70000 ecus, peutêtre des plus malicieuses qu'on ait vu dans un siecle; avant que d'eclater on a mené les affaires d'une maniere si secrete et si frauduleuse du coté de Werenfels par le moyen de ses gens affidés auxquels il avoit decouvert son mauvais état, que l'on voit à present evidemment, que l'on a voulû tromper à dessein les Creanciers et les frustrer encore de ce qu'on auroit trouvé de biens chez Werenfels aprez la banqueroute declarée; Voici un peu en detail ce qui s'est passé jusqu'ici. Werenfels fut à Zurzac, où il negocia 13000 ecus sans qu'on sçache ce qu'il en a fait, ou à quoi il les a employé, si ce n'est, comme il est croyable, qu'il les a sauvé quelque part pour les voler apres l'eclat File icon.gif de la banqueroute qu'il prévoyoit bien ne pouvoir tarder d'arriver, car il n'a rien payé de cet argent ou fort peu: En revenant de Zurzac il decouvrit en chemin à son Frere Jean W. l'extremité où il se trouvoit; je ne sçai ce que celuici lui conseilla, mais tant y a étant de retour ici, il y eut hier trois semaines, ils prirent dans leur conseil Samuel Gernler et je croi quelques autres Personnes; On delibera dans ce conseil sur ce qu'il y auroit à faire pour amuser les Creanciers et pour gagner du temps, cette deliberation dura depuis le dit vendredy jusqu'au mardy suivant, que l'on fut à l'audience pour demander permission de presenter le lendemain au Magistrat une requete de la part du Banqueroutier; cependant on avoit deja envoyé dés le sammedi précedant un Expres à Ebneter, qui etoit à Francfort dans la foire pour lui donner les premieres nouvelles de ce manege et pour le faire decamper de là avant le jour du payement comme aussi pour sauver et mettre en seureté tous les effets que ces deux banqueroutiers avoient encore à Francfort, ce coup leur reussit admirablement bien, puisque, comme on a sçû depuis, sous pretexte de vouloir faire une petite promenade à cheval File icon.gif [Ebneter] sortit de Francfort, prit la poste et arriva ici en 3 jours: pour revenir donc à Werenfels, on pria le magistrat dans la requete susdite, que comme il avoit assez d'effets et de biens pour contenter ses Creanciers, on voulut bien faire quelques deputés pour prendre connoissance de l'etat de ses affaires, auxquels il montreroit, qu'il auroit assés de quoi satisfaire à ses dettes, et que pas un de ses Creanciers ne perdroit un sol: Hé bien! on accorde cette demande, on fait une deputation de 4 Messieurs, c'etoient Mr. le Conseiller Wieland, Mr. le Cons. Lucas Fäsch, Mr. le Secretaire Gernler et mon beaufrere Mr. Falcner; mais il faut sçavoir que les 3 premiers etoient deja destinés à celà la veille de ce jour là du Conseil et mon beaufrere y fut joint aprés peutetre contre le bon plaisir de Werenfels et de ses Conseillers; au lieu donc que le premier de ces deputés devoit encore le meme jour convoquer ses collegues pour commencer l'inventation, parce que dans ces sortes de rencontres, il y a periculum in mora, il le differa depuis mercredi jusqu'à sammedi, durant cet intervalle et les 3 ou 4 jours aprez qui etoit le temps que dura l'inventation, on nous endormit toujours de la douce esperance qu'il n'y auroit File icon.gif rien à perdre, quoique peu à peu on commençat à prendre ombrage de la lenteur avec laquelle on trainoit cett' affaire, d'autant plus que les parens et les plus proches de Werenfels eux memes commencerent à diminuer nôtre esperance et à parler de quelque perte que nous souffririons, mais enfin les deputés ayant convoqué les Creanciers, ils leur ont communiqué l'etat de la masse et des dettes de Werenfels et d'Ebneter, cellelà monte par estimation à 113000 florins y compris le bien de la Femme de W... qui consiste en 30000 fl. et qu'elle retireroit en cas de rupture, mais les dettes montent à plus de 135000 fl., nous vimes donc qu'on nous avoit trompé en nous repaissant de vaines esperances et qu'on auroit bien mieux fait de rejetter la requete faite au magistrat, puisque sans doute on auroit d'abord trouvé la masse dans un meilleur etat: que faire donc? Les deputés aprez avoir joué leur rolle prirent congé des Creanciers et quitterent l'assemblée dans une situation fort triste se regardant les uns les autres comme se voulant demander mutuellement conseil et consolation; ils prirent pourtant la resolution de se rassembler l'aprez diné sammedi passé pour prendre des mesures convenables; dans cette assemblée Linder le rahtsredner,[1] se presenta au nom de WeFile icon.gifrenfels et de ses freres pour faire des propositions à [un] accomodement, mais elles furent trouvées absurdes, malhonnetes, impudentes et meme impossibles, puisque entre autres le Banqueroutier offrant une certaine somme qui n'alloit pas jusqu'à la moitié a eu l'audace d'exiger que les Creanciers de la ville prissent sur eux de contenter les etrangers et d'obliger Mad.e Rihiner im [St. Bendis]dörfferholz, à qui il doit encore les 5000 ecus qu'a couté la maison Zum Liechtenstein et laquelle maison lui est hypothéquée pour cette somme de reprendre la dite maison pour les 5000 ecus, quoiqu'il soit certain, qu'aujourdhui elle ne vaudra plus 3000 ecus, nonobstant que Werenfels ait melioré cette maison de beaucoup y ayant depensé comme il dit 2400 fl. en reparation et en aggrandissement; ainsi cet impudent osa exiger de nous de le garantir de la poursuite de Mad.e Ryhiner et des Creanciers etrangers, sans que nous sçussions, si peutetre la pretension de ces derniers n'alloit pas bien au delà de ce qu'il nous avoit declaré et peut-etre meme au delà de toute la somme qu'il nous avoit offerte: Ces propositions ayant donc eté rejettées unanimement, on fut sur le point d'aller soliciter le Bourguemaitre regnant File icon.gif de donner ordre qu'on fermat et scellât les effets de ces deux malheureux encore le meme soir, mais quelques uns des plus moderés ont disposé les autres à surseoir[2] cette extremité et à accorder un terme jusqu'au lundi suivant 9 heure du matin, pour laisser le temps aux debiteurs de prendre des mesures plus salutaires pour leur honneur et plus favorables pour notre interest. Le Lundi etant arrivé on s'assembla à 9 heures sur la maison de ville et on commença à parlementer avec tel succés, que l'on convint du principal article, qui est que l'on payeroit aux Creanciers à chacun la moitié sans aucune restriction et que les freres et soeurs de W. seroient cautions.

Pendant qu'on traittoit ainsi ensemble, le Schultheis qui avoit amassé à la hate quelques Gerichtsherren entre autres votre voisin dans l'Eglise Mr. Stauder qui s'etant trouvé là sur les rues par hazard sans l'habit de ceremonie en emprunta un avec la fraize, le Schultheiss, dis je, aprez une petite session envoya ses harpyes je veux dire ses amtleüth à la maison de Werenfels et à celle de Ebneter pour les fermer judicialement sous pretexte qu'il etoit obligé ex officio de faire cette File icon.gif demarche quoiqu'il n'y eut encore personne qui actionnat ni l'un ni l'autre; chose inouie et sans exemple, que Mr. le Conseiller Harder et Mr. le Conseiller Bauhin tous deux autrefois Préteurs avouerent etre un attentat qui sentoit la violence et la tyrannie et que le premier dit touthaut, que de son[3] Pretorat il n'auroit pas pris cent Louis d'or pour commettre une telle violence: aussi cela irrita tellement les Creanciers, qui etoient sur le point de conclure un accord qu'ils voulurent aller sur le champs vers les susdites maisons fermées par les amtleüth pour forcer les cadenas[4] et rouvrir ainsi les maisons par la meme violence dont le Schultheiss en avoit usé en les faisant fermer contre les droits fondamentaux; on s'avisa pourtant d'un moyen plus moderé en deputant quelques uns vers le Bourgmaitre regnant, qui envoya ordre au Schultheiss de rouvrir les maisons et de restituer ainsi les choses in integrum ce qui fut executé l'aprés midi du meme jour: on nomma aussi quelques autres deputés des Creanciers, pour se rendre ce meme soir-là dans la Stifft de Saint Pierre pour achever le traité d'accord avec les Werenfelsiens, on le conclut enfin aprez bien des debats en vertu duquel chacun des Creanciers se doit contenter de la moitié de sa pretension, et quelques uns des Werenfelsiens File icon.gif seront cautions jusqu'à ce que chaque Creancier soit payé pour sa moitié; pour cet effet les memes deputés des Creanciers iront de temps en temps voir si la vente des maisons, des biens, des meubles, des marchandises etc. se fait de bonne foy: et à mesure qu'on en tire de l'argent, on le partagera pro rato entre les Creanciers, mais ce traité n'est pas encore ratifié, et je doute si tous les interessés tant des Creanciers que des Garans y consentiront sans quelques nouvelles brouilleries: il y en a au moins qui grondent et qui se montrent extremement mecontens: Le Schultheiss lui meme forma avanthier une plainte devant le Conseil, demandant que le magistrat lui accordat de faire sa pretension à la masse, tout comme si on en etoit venu à une rupture formelle, il demande effectivement la somme de 1200 florins, quelle impudence! si un autre avoit commis un semblable attentat, je ne doute nullement, qu'on ne l'eut degradé de sa charge, bien loin d'authoriser son fait: cependant, il y en avoit qui oserent bien soutenir qu'il avoit bien agi selon les formes et entre autres un des plus proches du Gerichtsschreiber, Vous devinerez aisement qui c'est. Enfin on ne decida encore rien sur la demande du Schultheiss, mais on la renvoya au Conseil des XIII, File icon.gif ce qui fait que l'accord fait entre les Creanciers et les Werenfelsiens est encore bien incertain: quoiqu'il en soit Vous voyez que je perdrai pour le moins mille ecus et les interests des autres mille jusqu'au temps qu'on me les aura payés, perte tres sensible pour un homme comme moi qui doit vivre de ses rentes; Je sçai que Vous avez compassion de mon malheur, c'est pourquoi je Vous ai fait part de cette histoire par ce recit un peu circonstantié, quoiqu'il y ait bien des circonstances que j'ay omises et que je Vous dirai mieux de bouche à Votre retour, car ils se sont passés de telles choses que l'on voit clairement que du coté des Werenfelsiens la fourberie entroit dans leur conduite: En un mot Ebneter est infiniment moins coupable que Werenfels, car depuis son retour de Francfort il n'est jamais sorti de la Ville, il confesse sa faute et se donne coupable de mort, il offre de bonne foi tout ce qu'il a jusqu'à la chemise meme qu'il porte sur le corps, effectivement on le depouillera de tout son bien qui ne monte environ qu'à 8000 fl. ensorte que mon frere le droguiste, qui est son beaufrere[5] craint avec raison, qu'il en File icon.gif sera requis pour l'avoir à sa charge: au lieu que Werenfels a pris la fuite dés le commencement et s'est rendu à Stetten à une lieue d'ici sur les terres du Rhinfelde,[6] où il se trouve encore, il n'a jamais voulu se presenter non obstant le sauf-conduit qu'on lui a offert, il a pris ce parti sans doute par le sage conseil de ses partisans pour etre dispensé de repondre aux questions qu'on lui auroit faite sur chose et d'autre, particulierement sur les 13000 ecus qu'il a negocié à Zurzac dans la derniere foire, item sur les livres de conte où il doit avoir noté ses emprunts et que les marchands appellent carnets, car il les a ecartés malicieusement, àfin qu'on ne put pas decouvrir ses fripponneries: en un mot il s'est absenté pour etre mieux à son aise et en état de marchander par le moyen de ses gens avec les Creanciers, et ainsi pour devenir plus riche aprez la banqueroute qu'avant la banqueroute en obligeant les Creanciers à un si mauvais accord pour eux, tel qu'ils viennent de conclure. Mon Frere s'etoit offert de rendre caution pour la File icon.gif masse d'Ebneter, telle qu'on l'avoit inventée et estimée, pourvu que les Werenfelsiens voulussent aussi se charger de la masse de Werenfels comme on l'avoit estimée, car par là on auroit empesché que l'affaire ne fut jamais tirée par devant la justice et on auroit pu vendre les choses à bon loisir, de cette maniere tout le monde croit que les Creanciers auroient pu obtenir pour le moins les deux tiers de leur pretensions; mais les Werenfelsiens n'en voulurent jamais entendre à cela menaçant de laisser aller tout en deroute, si les Creanciers ne vouloient pas se contenter de la moitié et que si mon frere refusoit d'entrer en caution avec eux pour le payement de cette moitié: ainsi pour sauver Ebneter il lui a fallu passer par là, quoique Werenfels ne l'eut point merité de lui, vû que Werenfels et les siens avoient soigneusement caché à mon frere tout ce qu'ils tramoient ensemble avant la banqueroute eclatée et ne trouvoient[7] point bon de l'admettre dans leur conseil.

Mais en voilà assez mon cher Ami et peutetre File icon.gif trop pour Vous ennuyer: excusez moi donc c'est la douleur qui m'en a fait tant dire; et on est bien aise pour sa consolation, quand on peut se decharger un peu de son chagrin sur un si bon Ami comme Vous. Je viens enfin à Vôtre derniere lettre, qui est sans date et que je reçûs sammedi passé avec les autres lettres et pieces le tout enfermé dans un gros paquet.[8] Vous avez ici à recevoir une lettre de change de cent quarante ecus blancs en espece à sçavoir 60 ecus que je Vous envoye suivant Vôtre ordre et que je Vous mets à conte, et les autres 80 ecus restans pour etre employés en livres pour nôtre bibliotheque de la maniere que je Vous dirai cy apres. Il est vrai que ce que j'ay reçu pour Vôtre conte jusqu'ici ne vaut pas les 60 ecus, n'ayant encore touché pour Vous qu'environ 130 lb. argent courant de Bâle qui consiste dans le premier quartier de Vôtre pension et les 46 florins que Mr. l'Enfant[9] me fit payer par Mr. Herwague en 20 Louis blancs neufs et deux sols, ce qui contant une de ces pieces pour 33 bats ne fait en tout que 45 fl. et environ 4 schilling, il est vrai qu'on peut debiter ces pieces là un peu plus haut qu'à 33 batsen; cependant je n'ai[10] File icon.gif pas manqué d'en faire des remontrances à Mr. Herwague, qui m'a dit qu'il avoit reçu l'ordre de Geneve de me le payer ainsi qu'il l'a fait, je l'ai donc obligé de m'en donner une note de sa main pour ma decharge; c'est donc sans doute le Banquier à Geneve qui ayant l'ordre de Mr. l'Enfant de me faire toucher la valeur de 46 fl. d'Allemagne, a cherché sur l'argent ce petit profit ou plutot usure, selon la belle coutume de presque tous les banquiers, surtout des Genevois. J'ai donc jugé à propos de garder Vôtre argent tel qu'il est (à moins que Vous ne me donniez ordre de l'echanger contre des especes à quelque prix que ce soit) et de Vous envoyer à bon conte les dits 60 ecus, que j'ai empruntez de la bourse du Recteur dont j'ai l'administration et desquels Vous ne payerez point d'interest; j'en ai usé ainsi pour Vôtre profit, parceque les especes sont presentement d'un prix fort haut, en sorte que l'agio que j'aurois eté obligé de payer pour Vous auroit été trop cher. Pour ce qui est des 80 ecus, qui sont compris dans cette lettre de change de 140 ecus, la Regence ou le Senat Academique m'a ordonné de Vous les remettre à fin que Vous achetiez pour notre Bibliotheque un livre historique ou deux de la valeur de 80 ecus, à la place File icon.gif du Thesaurus Graevii,[11] que l'on a vendu pour ce prix là; la raison pour laquelle nous sommes obligés d'acheter un autre livre à la place du dit Thesaurus c'est que Mr. Herf ayant sçu qu'on l'avoit vendu au grand deshonneur comme il se plaignoit de feu son Pere, qui l'avoit donné en present à la Bibliotheque, en fit un si terrible vacarme que pour l'appaiser il falloit Lui promettre qu'on acheteroit un ou deux autres livres du meme prix que le Thesaurus et qu'on y feroit une inscription devant le titre à l'honneur et à la memoire de feu Mr. Herf comme du Donateur;[12] c'est pourquoi Vous etes prié d'employer ces 80 ecus pour effectuer notre promesse. Pour ce qui est du grand ouvrage de Dom Bernard Monfaucon,[13] pour la souscription duquel Vous demandés qu'on Vous remette au plutost 70 livres de France, le Senat Academique n'a pu s'y resoudre à cause du peu d'argent, qu'il y a dans le fiscus de la Bibliotheque, pour lequel on a meme eté obligé d'emprunter du fiscus Legatorum les 80 ecus que l'on vous remet pour l'achat du livre qui doit servir d'equivalent contre le thesaurus vendu; il y en avoit dans le Senat qui disoient que le dit ouvrage de Monfaucon contenant sans doute les annales des File icon.gif Benedictins n'etoit peutetre pas si necessaire pour que nôtre Bibliotheque ne s'en puisse passer; Vous pouvez bien deviner que ceux qui l'ont dissuadé ne sont pas de ceux qui aiment ces sortes de livres. Il y a prés de deux mois que j'ai prevenu Votre desir touchant le pauvre Pfeiffer,[14] puisque je l'ai joint aux deux beneficiers du College, qui sont à la disposition du Recteur pour partager avec eux le benefice, jusqu'à ce qu'il puisse etre accommodé d'une place entiere; cependant Vous sçavez qu'il y a plus d'un an qu'on a promis la premiere place vacante à un Etudiant de Dietz, recommendé par Mr. Rits;[15] Mr. Dumont de Neuchatel jouit effectivement du benefice depuis quelques mois.[16] Je m'impatiente que l'ouvrage, auquel Mr. de Fontenelle travailleReferenzfehler: Ungültige Verwendung von <ref>: Der Parameter „ref“ ohne Namen muss einen Inhalt haben. vienne au jour; je me flatte d'y trouver de quoi contenter ma curiosité connoissant bien l'habilité extraordinaire de l'Autheur. Je suis ravi d'entendre qu'il ait si bonne opinion de ma tenuité; Je Vous prie de Lui faire bien mes compliments par occasion. Je ne me File icon.gif mets gueres en peine de ce que quelques Mathematiciens Anglois causent de mes remarques sur la Physique de Mr. Newton;[17] et quoiqu'en dise Keil, que les fautes que j'ai corrigées dans le temps qu'on imprimoit la nouvelle edition de ce livre,[18] etoient si faciles à corriger qu'ils n'auroient pas manqué de les corriger eux memes, si je ne les eusse pas prevenus, c'est une pure gasconnade, car d'où vient qu'ils avoient laissé passer l'impression par dessus ces fautes, s'ils pouvoient les corriger si aisément, si bien qu'ils ont été obligés de casser les feuilles deja imprimées pour y en substituer d'autres aprez qu'ils avoient eté avertis de ces fautes par mon Neveu,[19] sans lequel avertissement tous les exemplaires de la nouvelle edition contiendroient encore ces fautes? Vôtre comparaison est juste en les comparant avec les compagnons de Colombe. File icon.gif Quant aux nouvelles remarques qui seront sans doute deja imprimées dans les Actes de Leipzig,[20] elles ne porteront pas mon nom, c'est pourquoi je Vous prie de n'en dire à Personne que j'en sois l'auteur. Le miserable Noiron ne merite pas qu'on en parle davantage. Je ne croyois pas que Vous Vous attendissiez à recevoir de nous une Lettre de remerciment à Mr. le Baron Hogguer avant que son nouveau present fut arrivé ici,[21] c'est pourquoi je m'etois contenté de Vous prier de vouloir le remercier par avance au nom de nôtre Université; mais ayant lû cet endroit de Vôtre Lettre dans la Regence, on trouva bon avec Vous de Lui ecrire une Lettre en action de graces et on m'imposa l'execution; il est vrai que la tete ne m'etoit pas disposée à trancher des compliments; Voici pourtant une lettre du mieux que je pouvois concevoir, j'y joins une copie à fin que Vous puissiez juger, si la lettre merite qu'elle soit rendue, ou en cas de contraire, que Vous File icon.gif la supprimiez pour Vous en envoyer une autre faite par un Ecrivain plus habile que moi: au reste tous nos Messieurs admirent la liberalité outrée de Mr. Hogguer, on en attribue une bonne partie à ce que Vôtre presence et tout ce que Vous Lui aurés dit de louange sur sa generosité, Lui aura donné occasion à en faire davantage. Je dois Vous dire ici que je n'ai pas trouvé dans Vôtre pacquet le prix d'un nombre des livres dont Vous parlez dans Vôtre lettre; Vous aurez donc sans doute oublié en fermant le pacquet de l'y inserer. J'ai fait delivrer toutes les lettres que Vous m'avez envoyées à leurs adresses, mais je Vous prie de ne m'en plus adresser pour le Dr. W...;[22] car ce nom m'est devenu puant, outre que ce Dr. n'est pas entierement exemt de l'intrigue qui s'etoit File icon.gif formée au prejudice des Creanciers de son frere. Pour les pieces imprimées, j'en ai envoyé les latines à Mr. le Doyen de Vôtre faculté et les françoises à Mad.e Planta, qui me les renvoya, demain ma femme ira les communiquer à Mad.e de Bonne: Mr. de Thiancourt etoit deja parti pour se rendre à son Regiment quand je reçus Vôtre paquet, mais je n'ai pas laissé d'envoyer la lettre, qui lui etoit destinée dans le Kohlerhoff.[23]

Mon fils, duquel Vous me demandés des nouvelles se porte toujours bien à Venize,[24] j'en reçus des lettres avanthier,[25] il confirme la levée du Siege de Corfou; il se loue beaucoup des honnetetés de Mr. Michelotti, dont il est beaucoup cheri, et qui le voudroit bien loger et nourrir pendant plusieurs années. Tous les honneurs que les plus sçavants hommes Vous font quasi à l'envi ne m'etonnent pas, File icon.gif puisque rien ne Vous arrive que je n'aie prevû: et on ne fait que rendre justice à Vôtre merite: Vous ne sçauriez croire combien avantageusement Mr. Varignon m'a ecrit de Vous, mais sa lettre etoit vieille; quand Vous ecrirez à Mad.e de Reboulet,[26] Vous aurez la bonté de Lui faire mes excuses de n'avoir pas le temps presentement de Lui repondre, aussi ne suis je pas d'humeur à plaisanter dans ma detresse, n'ayant pas des choses serieuses à ecrire. Mess.r mes Collegues à qui j'ai fait Vos complimens m'ont chargé de Vous faire reciproquement les leurs. Mr. Roques ne m'a encore rien payé pour Vous. Vous trouverez ici une lettre pour Vous de Mr. Pusterla, et une autre de Mr. Ludi pour Mr. le Baron Hogguer. Ma Femme qui Vous est tres obligée de Vôtre bon souvenir Vous fait mille et mille compliments, elle souhaite avec moi de Vous voir au plutot de retour en pleine santé. En attendant je me nourris toujours d'une parfaite confiance de ce que Vous etes persuadé entierement du sincer attachement, avec lequel je suis à jamais Monsieur Votre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli.

Bâle ce 25. 7bre 1716.

P. S. Je Vous demande pardon mon cher Monsieur de Vous avoir ecrit une si longue lettre, je puis dire avec verité que je n'ai pas eu le temps de la faire plus courte: Comme la lettre pour Mr. le Baron Hogguer fait grossir le paquet considerablement, il est juste que le fiscus de notre Bibliotheque vous en restitue le port, aussi puis-je vous assurer que la Regence y consentira tres volontiers. Je prens la liberté de Vous dire que la lettre de recommendation de Mr. Passionei[27] n'a produit aucun effet, vû que malgré cette recommendation la Cour de Porentru ne m'a pas daigné seulement d'une reponse bien loin de me contenter sur ma pretension: quand Vous ecrirés peutetre à Mr. Passionei, ne seroit-il pas bon que Vous Lui donnassiez à entendre le peu de respect qu'on a eu à Porentru pour sa recommendation? afin qu'il put temoigner en temps et lieu son juste ressentiment. Quoique cette lettre soit datée du 25. 7bre, elle ne part pourtant qu'aujourdhui 26. de 7bre: au contraire j'ai daté la lettre à Mr. Hogguer comme du 26. quoiqu'elle fut deja ecrite dés le 23. du courant; j'ai fait cela pour qu'elle ne paroisse pas vieille. Dans ce moment Mr. le Cons.er Bekel me fait sçavoir qu'il vous enverra Lui meme la lettre de change de 140 ecus en especes, ainsi il la joindra avec ce paquet à la sienne sous une nouvelle enveloppe.


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. Im Manuskript steht "sursoir".
  3. Im Manuskript steht "sont".
  4. Im Manuskript steht "gadenats".
  5. Hieronymus Bernoulli (1669-1760) war seit 1700 mit Catharina Ebneter (1667-1720), Tochter des Franz Ebneter, Messerschmied und Ratsherr, verheiratet.
  6. Stetten bei Rheinfelden
  7. Im Manuskript steht "trouvoit".
  8. [Text folgt]
  9. Siehe den Brief von Johann Bernoulli an Jacques L'Enfant von 1716.09.19.
  10. Die Folien 80 und 81, auf denen der Brieftext fortgesetzt wird, sind irrtümlich hinter fol. 83 eingebunden.
  11. Graevius, Joannes Georgius, Thesaurus antiquitatum Romanarum, 12 vols., Trajecti ad Rhenum [Utrecht], Apud Franciscum Halmam; Lugduni Batavorum [Leiden], Petrum van der Aa, 1694-1699.
  12. Recherchieren, welches Buch als Ersatz gekauft wurde.
  13. [Text folgt]
  14. [Text folgt]
  15. [Text folgt]
  16. [Text folgt]
  17. [Text folgt]
  18. [Text folgt]
  19. [Text folgt]
  20. [Text folgt]
  21. [Text folgt]
  22. Gemeint ist hier vielleicht Samuel Werenfels (1657-1740).
  23. Basel, Petersberg. Hier wohnten Mutter und Tante von de Thiancourt.
  24. Nicolaus II Bernoulli hielt sich von 1716 bis 1717 in Venedig auf.
  25. [Text folgt]
  26. [Text folgt]
  27. In seinem Brief von 1716.05.23 hatte Johann I Bernoulli Domenico Passionei um Unterstützung bei Eintreibung einer Schuld von 200 Pfund, die Jean Muespach aus dem Bistum Basel bei ihm hat, gebeten. Passionei solle in dieser Angelegenheit an den Bischof von Basel in Pruntrut schreiben.


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