Bernoulli, Johann I an Iselin, Jacob Christoph (1716.08.14)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Iselin, Jakob Christoph, 1681-1737 |
Ort | Basel |
Datum | 1716.08.14 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 674:Bl.72-73 |
Fussnote | Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. le Dr. Iselin". Eigenhändiges P.S. |
Monsieur et tres honoré Patron
Je ne puis pas laisser echapper cette bonne occasion sans Vous donner de mes nouvelles; j'espere que Vous aurez reçû ma derniere du 25. du passé, jour de Votre fete; j'y avois joint une copie de la lettre de l'apostat Neron ecrite au Prevost de Delemont,[1] par où Vous aurez connû l'etrange conduite de ce fourbe; voici presentement la copie d'une autre lettre, qu'il ecrivit au Sr. Weitnauer boutonnier an der Spahlen;[2] Vous verrés que lorsque cet hypocrite fit semblant d'embrasser notre Religion, il faut qu'il n'ait pas sçû en quoi elle consistoit: il peut bien etre, qu'il ait cru de ne trouver ici que des saints, mais voyant qu'on mene ici une vie aussi dereglée et plus encore que chez eux, surtout dans le college, où il a été temoin oculaire de terribles choses, qui s'y sont commises, il en aura eté scandalisé jusqu'à abandonner et la Religion et la societé des auteurs de ces crimes; mais quoiqu'il en soit le malheureux Neron a fait un grand tort à tous les proselites en general, car on s'en defie de plus en plus, quelque bonne mine, qu'ils puissent avoir, et quelque reglée que soit au commencement leur conduite, puisque Neron ayant observé un si beau dehors, pendant assez longtemps, n'a pas laissé de montrer enfin ouvertement, qu'il nous avoit trompé. Il parle dans sa Lettre d'une bible françoise, d'un calepin et d'un autre vieux livre, lesquels il demande qu'on Lui renvoye; peutetre qu'ils ne Lui appartienent pas et que Vous sçavez, s'ils Lui appartienent ou non; ainsi j'ai prié le Sr. Weitnauer de les retenir, jusqu'à ce qu'on sçût de quel droit Neron les possedoit. La Carriere mourrut dans une grande misere laissant une veuve avec un enfant, sans autre chose que des dettes, que le magistrat a été obligé de payer: Le pauvre homme a bien fait de mourir, autrement il auroit peutetre suivi l'exemple de Neron, on craint beaucoup pour Vincent, qu'il ne fasse aussi volte face. Nôtre compagnie de Fefres,[3] dont je Vous ai fait le detail dans ma precedente[4] est ici de retour en fort bon etat, ma Femme en particulier s'en trouve bien, graces à Dieu; Mr. le Dr. Werenfels en est revenu rajeuni comme un Phoenix, car il est gros et gras, beau teint sur le visage et d'un enbonpoint extraordinaire; il est à esperer que nous l'aurons longtemps dans cet etat florissant, pourvû qu'on se garde bien de Lui parler de leçons, de colleges, ou d'autres travaux academiques, dont la seule pensée Lui pouroit causer des convulsions.
Quant au reste tout est ici dans le meme état depuis Vôtre depart, excepté quelques morts et d'autres petits changemens, dont je ne veux pas Vous entretenir, parce que je sçai, que Vous les apprendrez ailleurs: Mr. le Dr. Antistes est sur son Alpe, nonobstant l'horrible assassinat et volerie, qui fut commise il y a quelques semaines sur Le Lallen,[5] qui etoit l'Alpe de la Femme du ci devant conseiller Stehelin, où une quinzaine d'assassins tuerent le Senn ou le maitre de la maison, maltraiterent horriblement les domestiques et surtout le beau Pere du Senn, auquel ils brulerent avec des tisons ardents les plantes des pieds, pour tirer de lui les endroits où l'argent et ce qu'il y avoit de plus pretieux etoit caché: ils commirent d'autres cruautés, qu'il seroit trop long de Vous raconter.
Je prens la liberté de Vous en voyer ici une lettre pour Mr. Arnold,[6] que je vous prie de remettre à Mr. Varignon, à fin qu'il la joigne à une de ses lettres, quand il ecrira pour l'Angleterre, à moins que Vous ne trouviez occasion Vous meme de l'y expedier en droiture, ou que Vous partiés bientost pour ce pays là, en ce cas Vous auriez la bonté de la garder jusqu'à Vôtre arrivée en Angleterre. Mes complimens s'il Vous plait à Mr. Varignon. Ma Femme vous fait les siens, ne manquez pas, je Vous prie, d'assurer de mes respects Mr. l'Abbé Bignon: Je n'ai plus rien à ajouter si non, que je suis avec la plus forte passion Monsieur et tres honoré Ami Vôtre tres humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli
Bâle ce 14. Aoust 1716.
P. S. Nous aprenons dans ce moment la defaite totale des Turcs en Hongrie prés de Petervaradin.
Fussnoten
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