Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1716.03.29)

Aus Bernoulli Wiki
Zur Navigation springen Zur Suche springen


Briefseite   Briefseite   Briefseite   Briefseite  


Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1716.03.29
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 86*
Fussnote



File icon.gif Monsieur et trescher Patron.

J'avois peur en commencant à lire Vôtre treschere du 25. de ce mois;[1] car le commencement me fit soupçonner, que vous n'êties pas tout à fait content de la maniere, dont nous nous sommes pris en disposant du voyage de M.r Vôtre fils[2]; mais en poursuivant à lire j'ay commencé à mieux respirer. Il est vray, M.r Vôtre fils fait un grand detour, mais quand je le compare avec le grand temps de la quarantaine,[3] et le grand chagrin qu'on y souffre, je trouve tout ce detour d'aucune consideration, outre que je suis assuré de l'honnêteté de sa compagnie. Je repete encore une fois, ce, que j'ay eu l'honneur de Vous dire deja souventes fois, que je ne l'aurois jamais laissé s'en aller d'icy, hormis d'être sûr de ses bons compagnons. Il est vray que M.r Mejer auroit dû être icy deja quelque temps, mais je ne sçay pas la cause du retardement de son depart de la Hollande, et je ne sçay non plus, quand il arrivera, bien qu'il ait une compagnie dans le Service de Venise, et qu'il auroit à veiller sur la levée, mais je suppose qu'il laisse tout ce soin à M.r son Frere. Du reste je vous supplie de ne point vous facher sur ce que M.r vôtre fils a fait le detour de Zuric pour aller à Geneve, car c'est tout au plus une journée, et un grandissime honneur et plaisir pour nous, que nous ayons pû Vous teFile icon.gifmoigner par là nos desirs ardents, que nous avons de Vous servir, et specialement quant à moy, de vous temoigner ma reconnoissance, et une petite parcelle de ces obligations infinies que je vous ay: Ayés la bonté en même temps de considerer, que nous avons pris il y a plus qu'un An, la même route de Turin pour aller en Italie,[4] seulement par la raison que nous voulions eviter la quarantaine, et pour epargner encore quelques semaines de reste du Carneval de Venise,[5] ce que nous avons pourtant fait n'êtants pas surs de la reüssite. À fin Vous vous êtes calmé de Vous même dans vos premiers sentiments, et vous approuvés nôtre fait, ce qui me fait infinement du plaisir, et specialement quand je pense que M.r Vôtre fils sera astheure proche de Turin, ce qui le mettra en êtat d'être bien tôt à Venise: Et s'il veut aller de Turin par Eau à Venise il n'a qu'à prendre party, car toutes les semaines il y a une ou deux barques qui partent de là à Venise. Tout ce que M.r Vôtre fils aura besoin de ces 6 Louisd'ors, vous sera notifié à son temps par son recû de sa main, du reste ne me dites rien, je Vous prie, de l'equivalent pour les pistolets, c'est une chose de fort peu de consideration, outre que j'ay suivy en cela la maxime du S. Evangile, qui veut qu'on donne ce qu'on a double à ceux qui n'en ont pas, outre qu'êtant pressé il n'auroit pas pû trouver dans l'instant tout ce Voyage, ayant eu en meme temps raison d'epargner son argent pour les frais du voyage; tout cela ne sert que pour un petit souvenir qu'il a de moy, et pour une marque de ce que je voudrois bien faire, si j'êtois en etat de corFile icon.gifrespondre à mes Souhaits.

C'est aujourdhuy que se termineront les congrés touchant la reforme de notre Ecole, vous jugerés du temps ce qu'on aura pû faire de bon dans une affaire d'une telle importance, ex ungue Leonem.[6] Pourtant je vous dis par avance que, ce qui en proviendra ne vaut pas la peine: Ceux même qui ont connûs les Erreurs, se sont raffroidis à force des contradictions et oppositions, outre que nous n'avons pas absolument les gens qui pourroient vivre selon les meilleures regles, comme nous ne sommes que des gens mediocres, nôtre Estomac, ne sçauroit digerer, que ce qui est en même raison de mediocreté, ou pire encore; qui voudroit parler d'une augmentation des revenûs seroit le bienvenu j'en suis assuré, mais pour être plus sçavant, cela ne fait que gâter la republique, qui s'est toujours bien trouvée avec la simplicité: Ce n'est pas un bonheur que d'être heureux par l'ame, qui connoit toute sorte des verités, cela viendra de soy même dans l'autre monde, c'est un bonheur que de compter les Ecus et les pistoles, et qui touche veritablement l'homme, et specialement le bout de[7] ses doigts dont il les compte, enfin la veritable maxime doit être ce proverbe Italien chi vive contando vive cantando.

Jeudy qui vient, à ce qu'on m'a dit, partira d'icy pour Bâle nôtre Envoyé, pour aller à Paris, j'aurois bien tôt dit nôtre Messager ou le Zürich bott. C'est M.r le Secretaire Zoller, il est diablement embarrassé de ce nouvel emploi, principalement parce qu'il ne scait pas s'exprimer fort intelligiblement en la langue Françoise;[8] Je parie qu'il se tüe File icon.gif à force d'apprendre les Dialogues François publiés par toute la foule des Grammairiens, ce qui donnera un beau melange si Dijs placet: Il sera furieusement attrappé si quelqu'un de Vos Messieurs s'adressera par hazard à luy en parlant françois, et dés alors il donnera tout son Ministere pour peu de chose, comme veritablement il a solemnellement protesté contre l'acceptation de son employ, mais il faloit plier finalement, puisque, stat pro ratione voluntas.[9]

Dernierement M.r Ulric Votre combourgeois a soutenu son examen Theologicum,[10] ce qui n'a pas reüssi mieux que la dispute même, nos Examinateurs pourtant l'ont absolu, la raison en êtoit, qu'on avoit des egards envers luy etant etranger, sans cela il auroit reçû le refus, on l'exhorta à etudier mieux, et specialement, à mieux lire l'Ecriture Sainte, pour en sçavoir mieux le contenu. Voila tout ce que je scay.

Voila le pacquet pour M.r Vôtre fils, que je Vous renvoye suivant Vos ordres. Mes tres humbles Respects à Madame je Vous prie, je suis de fort bon humeur depuis qu'elle me reconnoit pour un Galanthomme, il y a fort peu de gens icy, qui voudroient suscrire à ce sentiment genereux, je crois plustôt à elle qu'aux nôtres, puisque il y a toujours ches nous de la malice et fort peu de Sincerité, avec beaucoup de stupidité. Du reste je ne me trouve jamais mieux que quand je puis vous dire que je suis sans reserve Monsieur et Cher Patron Votre treshumble et tresobeïssant Serviteur J. Scheuchzer.

Zuric ce 29.e Mars 1716.


Fussnoten

  1. Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1716.03.25.
  2. Nicolaus II Bernoulli (1695-1726).
  3. Siehe die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.03.18.
  4. Von dieser Reise berichete Johannes Scheuchzer in seinem Brief an Johann I Bernoulli von 1715.02.01 aus Turin.
  5. In Venedig begann der Karneval bereits am Stephanstag (26. Dezember).
  6. Am 29. März fand die letzte Sitzung der am 28. Januar 1715 gewählten Kommission statt, die die Reform der Zürcher Schule abschliessen sollte. Bei dieser Sitzung wurden mit der neuen Schulordnung die Pensen festgelegt. Siehe auch die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
  7. Im Manuskript steht "des".
  8. Der Ratssubstitut Hans Wilpert Zoller wurde von den evangelischen Orten als Sondergesandter nach Paris abgeordnet, um beim Herzog Philipp II. von Orleans eine Aufhebung oder Linderung der seit fast sieben Jahren andauernde Sperre der Kornimporte aus Frankreich zu erlangen. Seine Verhandlungen waren sehr erfolgreich und führten zur Aufhebung der Sperre und zu einer Wiederbelebung der Handelsbeziehungen Basels mit Mühlhausen und Strassburg. Siehe dazu Hahn, Emil, Drei seltene Zürcher Medaillen, in: Revue suisse de numismatique = Schweizerische numismatische Rundschau, Bd. 22 (1920), pp. 75-76 (Digitalisat bei e-lib.ch).
  9. Frei nach Juvenal, Satiren, 6,223 (sit pro ratione voluntas).
  10. Johann Jakob Ulrich (1695-1740) studierte von 1710 bis 1714 in Basel. Am 9. März 1716 disputierte er in Zürich mit der theologischen These De methodo studiorum theologiae ad optatum finem ducente quam ... praeside dn. Ioh. Iacobo Hottingero ... ad consequendum examen pro s. ministerio ad diem 19. Martii MDCCXVI placidae theologountōn disquisitioni subiicit author Ioh. Iacobus Ulricus, ... Basiliensis, Tiguri [Zürich] (D. Gessner) 1716 und wurde daselbst Verbi Divini Minister.


Zurück zur gesamten Korrespondenz