Bernoulli, Johann I an Montmort, Pierre Rémond de (1714.09.04)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Montmort, Pierre Rémond de, 1678-1719
Ort Basel
Datum 1714.09.04
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 665, Nr.4
Fussnote Datum und "à Mr. de Monmort" eigenhändig



File icon.gif à Bale ce 4. 7bre 1714.

Monsieur

Le petit livre que j'ai pris la liberté de Vous présenter[1] ne merite pas que Vous m'en fassiez tant de remercimens: Je Vous en dois infiniment d'avantage de Vôtre ouvrage reimprimé[2] que mon Neveu[3] m'a donné de Vôtre part; j'y trouve tant d'excellentes choses qui marquent Vôtre profonde penetration d'esprit que je reconnois tres-volontiers que mon chetif essai d'une Theorie ne vaut pas une differentielle de louanges dues à Vôtre incomparable Essai d'analyse. Je ne doute pas, que Mr. de Moivre[4] ne soit contraint d'avouer que Vous avez penetré dans cette matiere plus avant qu'il n'a fait: Mais mon Neveu[5], qui y est comme dans son element Vous entretiendra là dessus plus amplement: Revenons plutôt à la matiere, qui fait la dispute qui dure encore entre Mr. le Chevalier Renau[6] et moi.

Vouz croyez Monsieur que la verité est du coté de ce Chevalier; n'est ce pas peutetre par prevention que Vous le croyez! je sçai qu'il est fort de Vos amis, qu'il est meme Vôtre intime, que Vous l'estimez comme de raison jusqu'à un tel point peutetre que Vous croyez qu'il a raison par cela seul que Vous le souhaitez: File icon.gif c'est la foiblesse de l'homme que sa raison se laisse aveugler par une passion dominante et que l'esprit quitte le throne quand le coeur veut s'y mettre. Si vous aviez voulu examiner de sang froid cette controverse et que vous y eussiez employé la centieme partie seulement de l'application et de l'attention avec laquelle Vous avez traité vos hazards et approfondi les choses les plus cachées, je[7] m'asseure Monsieur que Vous auriez parlé dans vôtre lettre[8] sur un ton tout autre. Il est vrai que Vous y louez la clarté avec laquelle je dois avoir écrit mon traité, mais si cela n'est pas un effet de Vôtre civilité, d'où vient que cette clarté ne Vous ait pas rangé de mon coté? si j'ai tort, comment ai je pû cacher mon erreur sous la clarté? les erreurs étant toujours enveloppées dans l'obscurité. Vous avez la bonté de louer aussi et d'approuver meme ce que j'ai donné l'année passée dans les Journeaux de Leipsic sur les courbes que decrivent les corps jettés dans des fluides;[9] or ce que j'ai donné dans ce morceau-là demandoit incomparablement plus d'adresse, de sagacité et d'application d'esprit que ce qu'il y a de plus difficile dans la Theorie de la manoeuvre des vaisseaux, quoique l'un et l'autre soit fondé presque sur les mêmes principes: seroit-il donc possible que je me fusse trompé en ecrivant sur un sujet qui a si peu de difficulté par rapport à ce qu'en a la matiere dont j'ai traité dans les Journeaux de Leipsic. Pouvez Vous bien croire Monsieur qu'aprez avoir fait mon etude et l'objet de mes meditations pendant fort long temps sur la matiere du mouvement des corps, sur la resistance des File icon.gif fluides, sur la force de differens genres, et sur diverses autres choses de cette nature; où j'ai toujours eu le bonheur de reussir, temoins les approbations des plus grands Geometres et de Mr. Newton[10] meme quoique cette piece[11] là dont Vous faites mention soit contre lui; pouvez Vous, dis je, bien croire que j'aye fait une beveue dans une occasion où il y en a le moins à craindre à cause de la facilité et de la simplicité du sujet, ou que si j'en ai fait une, je sois assez aveugle pour ne m'en appercevoir pas malgré tous les raisonnements de Mr. Renau[12]: Je voi que Vous avez lû la Lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire pour repondre à mon livre;[13] j'apprens aussi de Paris qu'on y fait courir de maison en maison des copies de cette Lettre là, et que Mr. Renau[14] est si persuadé que la verité reside chez Lui, qu'il conte pour une chose seure et immanquable, que sa Lettre me convertira;[15] C'est pourquoi, j'ai crû qu'il seroit à propos et que Vous ne seriez pas faché Monsieur, puisque Vous etes son bon Ami, que je Vous envoyasse sous un cachet volant la Lettre ouverte[16] que je prens la liberté de Luy écrire en reponse à la sienne: quand Vous l'aurez lüe je Vous prie de la luy faire tenir au plutôt et en toute seureté; Examinez je Vous en supplie mes raisons, mais examinés les avec une application desinteressée et avec une attention suffisante, je me promets assurement de Vous voir converti, les Huguenots seroient heureux s'ils pouvoient Vous attirer dans leur parti avec File icon.gif autant de facilité que j'espere Vous attirer dans le mien: Vous verrez avec une entiere evidence que l'erreur de Mr. Chev. Renau[17] consiste en ce qu'il a confondu la force du vent avec l'energie de cette force; Je le fai voir ce me semble si clairement, que le plus opiniatré Adherant de Mr. Renau[18] n'en poura plus douter: On me mande de Paris[19] que l'envie d'avoir raison le rend si difficile à voir la verité, mais comme il est galant homme et d'une probité à l'epreuve selon l'idée qu'on m'a donnée de Lui, je me flatte que quand Vous serez convaincû de la verité Vous la Lui expliquerez avec tant de force et avec tant de vivacité, qu'il y donnera enfin aussi les mains, ce que je souhaite tres ardemment pour l'amour de Lui, de peur qu'il ne s'embarque davantage contre la lumiere au grand prejudice de la verité mathematique auprés les ignorans, sur lesquels ces sortes de disputes font de mauvaises impressions. Pour ce qui est de la composition des forces et de quelques autres hypotheses reçues par ex. que les resistances des fluides sont comme les quarrés des vitesses, comme j'en ai parlé amplement dans la Lettre à Mr. Renau[20] et que touts les livres de mechanique et Hydrostatique en sont pleins, je ne m'y arreterai pas d'avantage: Je finis donc en vous assurant que je suis avec respect Monsieur Vôtre tres humble et tres obeissant Serviteur J. Bernoulli.


Fussnoten

  1. Bernoulli, Johann, Op. XCI, Essay d'une nouvelle Theorie de la Manoeuvre des Vaisseaux, avec quelques Lettres sur le même Sujet; Par Jean Bernoulli, Profess. des Mathem. & Membre des Academies Royales des Sciences de France, d'Angleterre & de Prusse, Basle (J. G. König) 1714.
  2. Montmort, Pierre Remond de, Essay d’analyse sur les jeux de hazard, Seconde edition, revüe & augmentée de plusiers lettres, Paris (J. Quillau) 1713.
  3. Bernoulli, Nicolaus I (1687–1759).
  4. Moivre, Abraham de (1667-1754).
  5. Bernoulli, Nicolaus I (1687–1759).
  6. Renau D’Elicagaray, Bernard (1652-1719).
  7. Im Manuskript steht "cachées. Je".
  8. Brief von Montmort an Johann I Bernoulli von 1714.08.14.
  9. Bernoulli, Johann, Op. XCVI, Meditatio de natura Centri Oscillationis, ejusque in Pendulis compositis, tam quae in Liquoribus quam quae in Vacuo agitantur, determinandi Regula, novo & certiori quam hactenus fundamento suffulta, in: AE Junii 1714, pp. 257-272.
  10. Newton, Isaac (1643-1727).
  11. Bernoulli, Johann, Op. XC, De Motu Corporum gravium, Pendulorum, & Projectilium in mediis non resistentibus & resistentibus supposita Gravitate uniformi & non uniformi atque ad quodvis punctum datum tendente, et de variis aliis huc spectantibus, Demonstrationes Geometricae. Continuatio Demonstrationum, quarum initium Mensi superiori pag. 77 seqv. insertum est, in: AE Februarii 1713, pp. 77-95 und AE Martii 1713, pp. 115-132.
  12. Renau D’Elicagaray, Bernard (1652-1719).
  13. Brief von Bernard Renau d’Eliçagaray an Johann I Bernoulli von 1714.07.19.
  14. Renau D’Elicagaray, Bernard (1652-1719).
  15. Es ist noch zu klären, woher Johann I Bernoulli diese Informationen aus Paris hat. Möglicherweise ist ein Brief Varignons die Quelle.
  16. Brief von Johann I Bernoulli an Bernard Renau d’Eliçagaray von 1714.08.12.
  17. Renau D’Elicagaray, Bernard (1652-1719).
  18. Renau D’Elicagaray, Bernard (1652-1719).
  19. Brief von Pierre Varignon an Johann I Bernoulli von 1714.08.23.
  20. Brief von Johann I Bernoulli an Bernard Renau d’Eliçagaray von 1714.08.12.


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