Bernoulli, Johann I an Falconer, Robert (1703.08.14)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Falconer, Robert |
Ort | Groningen |
Datum | 1703.08.14 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 674:Bl.5-6 |
Fussnote | Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. Falkoner Anglois" |
Monsieur
A cause de quelques empechemens qui me sont survenus de puis vôtre depart de cette ville je n'ay pu lire plutot le livre de Mr. Cheynaeus[1] que Vous m'avez fait l'honneur de me presenter pour Vous en dire mon sentiment; mais il y a quelques jours que j'eus le loisir de le parcourir; il faut que je Vous avoue que je m'étois bien trompé avant la lecture de ce livre par un préjugé dont on est possedé ordinairement contre un Auteur qu'on ne connoit pas encore: Cependant je suis bien aise de me voir detrompé presentement; J'ay été ravy de trouver dans un si petit livre un si grand thresor de profondes meditations; L'Auteur donne à connoitre qu'il doit étre conté parmi les veritables Geometres que j'estime et dont le nombre est fort petit dans le monde; aussy semble-t-il qu'il n'a écrit son livre que pour ceux-cy pour leur faire voir qu'il est versé dans la Geometrie interieure; car il s'est servi d'un style si court si succinct et d'une maniere si Laconique, outre cela il suppose tant de choses déja connues au Lecteur que je suis assuré qu'il n'y aura qu'une douzaine de personnes dans l'Europe qui puissent entendre son livre. J'ay eu un sensible plaisir de voir en plusieurs endroits (quoiqu'il n'en fasse mention qu'une fois) que mes decouvertes luy ont fourni l'occasion d'augmenter son livre en empruntant meme quelques uns de mes exemples. J'admire sa candeur quand il attribue tout son sçavoir aux méthodes de Mr. Newton, mais je n'approuve pas sa complaisance outrée quand il dit que tout ce que le reste de mathematiciens ont publié jusqu'à present depuis 24 ans ne sont que des repetitions ou des corollaires faciles de ce que Mr. Newton a communiqué à ses amis, comme s'il ne restoit plus rien à trouver: J'ay beaucoup d'estime pour Mr. Newton, il faut que je rende la justice düe à son grand merite, mais je m'assûre qu'il ne voudra pas luy meme s'arroger tout ce que nous avons trouvé nous autres. Comme la pluspart de ses methodes ne sont publiques que depuis quelques années dans les ouvrages de Mr. Wallis,[2] il reconnoitra que nos decouvertes faites devant ce temps-là n'en ont pas pû étre tirées; quant à moy il sçait bien que je ne suis pas du nombre de ceux auxquels il a communiqué ses inventions depuis si long temps, ensorte que je n'ay pas eu le bonheur d'en profiter; je ne laisse pas d'admirer son grand genie et d'en parler en toute occasion avec beaucoup de respect comme d'un homme qui n'a gueres de son semblables. Pour revenir au livre de Mr. Cheynaeus, j'y ay fait plusieurs remarques qu'il seroit peutetre bien aise de sçavoir, j'ay aussy observé qu'il s'est quelquefois précipité non seulement dans le calcul mais aussy dans le raisonnement en sorte qu'il a commis de subtils paralogismes sans s'en étre aperçû, il seroit de son interest de les corriger dans une seconde edition. Il y a des endroits où il fait des calculs immenses pour trouver des choses qui se trouvent plus simplement en se servant de quelques autres methodes qui ne requierent pas un calcul si prolixe; enfin il donne aussy quelques methodes pour generales qui ne le sont pas; et il oublie de resoudre quelques questions generales qui appartiennent à la matiere qu'il traite, par exemple ce probleme tres important qu'on m'a proposé en particulier, et qu'on a proposé ensuite dans le journal de Paris du 12 fevrier 1703[3] en ces termes "Une courbe algebraique (vulgairement appellée geometrique) étant donnée, la transformer en une infinité d'autres aussy geometriques, mais d'especes differentes, lesquelles soient chacune de meme longueur que la proposée." Si Mr. Cheynaeus[4] me veut faire l'honneur de me demander ce que je dis avoir observé dans son livre je le luy communiqueray tres volontiers; quand Vous luy ecrirez je Vous prie de l'assurer de l'estime singuliere que j'ay conçue pour sa personne depuis que j'ay lû son livre; je ne souhaite rien tant que l'honneur de son amitié, comme aussy la continuation de la Votre, etant avec passion Monsieur Votre treshumble et tres obeissant serviteur J. Bernoulli.
Faites mes complimens s'il Vous plait à Mr. De la Traille à qui j'ecrivis il y a environ 15 jours, je salue aussy treshumblement toute votre compagnie, que j'eus l'honneur de voir dans cette ville.[5]
Fussnoten
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