Maupertuis, Pierre Louis Moreau de an Bernoulli, Johann I (1732.09.24)

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Autor Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Paris
Datum 1732.09.24
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 662, Nr.25*
Fussnote



File icon keinbild.gif Monsieur

Quelques voyages à la campagne m'ont empeché de repondre plutost à la lettre que j'eus l'honeur de recevoir De vous du 17 du mois passé et à celle du 19 dont elle fut suivie.[1] La bonté que vous avés de vous interesser à ma sancté est la chose du monde qui me flatte le plus.

Je suis charmé de vous voir dans le dessein de travailler sur l'obliquité des orbites, quoy que je pense come vous l'avés deja pensé que faire une pareille question c'est demander pourquoy sur les bords de la mer il se trouve des cailloux plats et des cailloux ronds: et que les explications de tels faits nous eloignent peutetre plus de la vraye phisique qu'elles ne nous en approchent, et sont d'autant plus dangereuses, que ceux qui les entreprenent ont plus d'esprit et de capacité; cependant en cette occasion je sacrifie à votre gloire le systeme du monde. Le jour que nous nous separames, m. Cassini me dist à l'Academye que dans le papier qu'il m'avoit doné sur le mouvement des neuds, il falloit partout retrancher 51" et que tout cela n'etoit que des Apeupres. Il me parut un peu indecis sur cela; et me dist que Kepler avoit donné ce qu'il y avoit de meilleur.

Rien ne m'a paru plus ingenieux que ce que vous m'avés communiqué sur la gravitation des Planetes vers le Soleil. Asseurement celuy qui aura deduit cette gravitation de la seule impulsion aura fait quelque chose de bien grand dans la phisique; File icon keinbild.gif jusqu'icy on n'a rien fait sur cela de supportable; et cependant tous nos Cartesiens ne laissent pas d'aller leur train comme si cela etoit fait. Je ne scay s'il vous souvient de la reponse de m. Saurin lors que je luy ecrivois que vous aviés une explication de cette gravitation; il me repondoit qu'on l'avoit deja, et qu'elle etoit dans ce Sien traitté de la pesanteur dont il a tant parlé mais qui n'a jamais paru. Je ne doute point quand votre systeme paroitra qu'on ne luy rende toute la justice qui luy est deue. Votre dernier ouvrage sur l'ellypticité des orbites a deja raffermy les Cartesiens dans leurs Tourbillons pour plusieurs siecles. C'est à vous monsieur qu'il est permis de relever m. Newton lors qu'il s'endort, mais quand je vois quelque fois quelles gens l'attaquent, je suis indigné. Notre abbé de Gamaches p. e.[2] a entrepris de renverser tout ce qu'il dit sur la perte que les corps font de leur mouvement dans des milieux. Cette affaire me paroist d'une si grande delicatesse que quoy que je l'aye beaucoup voulue etudier dans m. Newton je n'y entends rien: je ne sens point assez la force de ses raisonements pour pouvoir les juger. Je me souviens de vous avoir veu mécontent de quelques uns; mais l'abbé de Gamaches ne se contente pas de trouver quelque mécompte sur la longueur que les corps doivent parcourir pour perdre une certaine partie de leur mouvement, il veut que dans le plein mesme ils puissent parcourir des espaces infinis auparavant de le tout perdre. Si vous n'aviés pas bien d'autres choses à faire, je vous prierois de m'endoctriner un peu sur cette matiere; car apres la peine que je me suis donnée pour l'apprendre chez Mr. Newton, je crois qu'il n'y a que vous qui puissiés me File icon keinbild.gif mettre au faict. Et cela nous seroit bien necessaire dans l'Acad.ie où en verité il me semble que les autres n'y entendent pas plus que moy.

J'ay honte de vous demander de nouvelles graces dans le tems que j'ay à vous remercier du bel ecrit que vous m'avés communiqué sur les deux corps montants et descendants par deux courbes. Votre decouverte de la force immaterielle me paroit admirable Quoy que je n'en voye qu'un echantillon; mais je crois que d'icy à longtems il n'y aura que l'inventeur qui puisse en faire un usage seur dans des problemes comme ceux dont vous parlés. C'est une Theorie qui vous apartient toute et qui est digne que vous la perfectionniés et mettiés à la portée des autres. Vous expliquerés sans doute par là pour quoy dans la collision de plusieurs corps, le centre commun de gravité demeure immobile ou se meut encor comme auparavant en ligne droitte; ce que m. Newton ny ses comentateurs n'ont jamais bien demontré.

Ce que je vous demandois la permission de lire à l'Academye c'etoit l'un et l'autre de vos ecrits; le 1.er sur les epicycloides spher. le 2.nd sur l'investigation des courbes rectifiables et algebriques etc. Il me semble qu'adoucissant les endroits où vous relevés m. Herman il n'auroit pas lieu de le trouver mauvais; et cela me paroitroit d'autant plus à propos que m.rs Nicole et Clairaut ont entrepris aussy cette matiere, le dernier d'une maniere fort elegante, et qui je crois se raporte assez à la vostre, il doit vous la comuniquer; pour m. Nicole je ne scay par quelle fatalité il s'est allé jetter dans des equations d'une page; ils ont dessein l'un et l'autre de lire ce qu'ils ont fait sur cela à l'Academye: pour moy je ne feray de votre ecrit que l'usage que vous m'ordonnerés.

Quant au second, je ne vois pas monsieur coment le bonheur que File icon keinbild.gif j'ay eu de me rencontrer avec vous, pourroit vous empecher de consentir à laisser publier votre solution qui est tout autrement curieuse que la mienne par l'art avec le quel vous ramenés la courbe à une equation ordinaire. Ce seroit assez d'honeur pour moy de joindre ma petite solution à la fin de la vostre, donnés moy je vous prie sur cela vos ordres.

M. Clairaut a enfin pris le party de remettre son voyage au printems. Je vous avoue que si je suis bien aise par raport à votre sancté et à vos occupations qu'il vous laisse du loisir, je me fais aussy un grand plaisir de voir qu'un home si capable de bien profiter de vos lecons aille puiser auprés de vous des lumieres qu'il viendra nous repandre. Je suis charmé de la science et de la sagacité de ce jeune home; et je vous demande toujours la continuation de vos bones graces pour luy.

J'ay receu ces jours passés la lettre de m. votre fils[3] que vous avés bien voulu m'envoyer. Je n'ay point encor eu le loisir de bien lire sa solution du probl. du fil chargé des poids. Jl me paroist toujours bien difficile. Le voyage de Petersbourg seroit sans doute un peu Romanesque, mais j'ay une vraye passion pour les voyages, et quand je n'en peux pas faire, du moins j'ay le plaisir de m'en proposer. M. votre fils m'apprend qu'on me fait à Petersbourg l'injustice de croire que j'ay fait une critique de leurs memoires. Je ne scay pas qui m'a rendu ce mauvais office qui me fait beaucoup de peine et que je n'ay point meritté. L'estime seule que j'eus pour ces memoires me fist entreprendre à la campagne où j'etois fort oisif de faire l'extrait du 1.er tome et j'ay eté plus attentif à presenter les bones choses qui y sont qu'à relever quelques fautes qui s'y pourroient trouver. La seule je crois dont j'aye parlé a eté celle de m. Wolfius lorsqu'il pretend deduire les forces mortes File icon keinbild.gif des forces vives. Et mesme en cela la liberté philosophique etoit fort temperée par les egards qui sont deus à m. Wolfius,[4] je prieray m. votre fils de vouloir bien desabuser ces messieurs et si la chose etoit necessaire je leur envoyerois l'extrait tel que je l'ay leu dans nos assemblées.

On m'a encor nommé commissaire pour le prix qui se donera à Pacques prochain. Il n'y a rien que je craigne plus que cette commission; j'y suis cependant au moins pour deux ans; les comissaires de l'an passé qu'on n'a point doné le prix, devant etre continués pour 1733. Je vous prie monsieur de vouloir bien faire un petit present à m. Moula pour toutes les copies qu'il m'a faittes tel que vous jugerés ou tel qu'il jugera. Je vous feray rembourser par m. Deucher. Dittes moy je vous prie si vous avés receu le 3.e Tome des Mem. de Petersbourg, j'ay bien envie d'y voir la construction generale de l'equation de m. Riccati qu'y promet m. Herman.

Je suis toujours avec les sentiments les plus tendres et les plus respectueux Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur Maupertuis

de Paris merc. 24. Sept. 1732.


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. Es ist unsicher, ob "p. e." gestrichen wurde
  3. [Text folgt]
  4. [Text folgt]


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