Maupertuis, Pierre Louis Moreau de an Bernoulli, Johann I (1731.09.12)
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Autor | Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | St. El. |
Datum | 1731.09.12 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 662, Nr.14* |
Fussnote | 1 Seite P.S. |
Monsieur
Je receus peu de jours aprés mon arrivée dans ce päis cy la lettre que vous me faisiés l'honeur de m'ecrire le 12 Aoust; je ne doute point de la part que vous prennés à ce qui m'arrive, vos bontés me sont assez connues et je regarde comme l'effect de ces mesmes bontés tout ce que vous me dittes d'obligeant sur cela. Je vous avois obmis que M.rs Pitot et Bouguer avoient eté eleus avec moy suivant le reglement de l'Acad.ie qui veut que pour les places de pensionnaire elle propose au roy 3 sujets dont un doit n'etre point de l'Acad.ie. Je crois que c'etoit uniquement pour satisfaire à cette regle que mes deux concurrents se trouvoient là, l'Acad.ie m'ayant deja marqué sa preference dans son suffrage. Ce n'est pas que je ne croye m. Bouguer fort capable de remplir la place. C'est un homme de meritte mais à qui les prix remportés feront tourner la teste; Quoyque quant à moy autant que j'en puis juger je ne fasse pas un cas infiny de ses pieces qui me paroissent toujours trop longues, et ecrites à la Meyran; aussy est ce son grand protecteur et peut etre se le propose t'il pour modele. Sa piece pour prendre la hauteur du Soleil, il me semble qu'il ne la remplie que d'une digression assez hors du sujet sur la courbe du rayon, probleme qui depuis longtems n'est plus nouveau. Je n'ay jamais eté son juge et par consequent n'ay point veu les pieces qui concouroient avec les siennes. Je ne le seray point encor sitost Dieu mercy car on les a nommés depuis mon depart. La place qu'a eu le jeune Clairaut n'est point une place d'associé mais d'adjoint; il est vray que ces deux places n'ont guerres d'autre difference que le nom.
Je ne compte plus passer cette année en Angleterre; quelques partages de biens que j'ay à faire icy avec mon frere et ma soeur m'y retiendront toutes les vacances. Je voudrois bien aussy pendant que j'y suis vendre quelques heritages qui ne me conviennent guerres dans un päis où je ne demeure point. Ainsy monsieur je ne pourray pas m'acquitter des commissions que vous me donniés pour l'Angl. Je blasme beaucoup ceux qui font des deffis aux autres sans rien risquer du leur quoy que tous ces deffis ne tournent jamais qu'à votre avantage. Quant à M. Taylor comme je l'ay connu particulierement, et que je scay que c'est un tres galant homme, digne d'estre de vos amis, j'eusse souhaitté de tout mon coeur estre à lieu de dissiper de part et d'autre les petits sujets de plainte qui sont entre vous deux. Je peux vous asseurer que je l'ay veu vous rendre toute la justice que vous pourriés exiger de vos meilleurs amis. J'eusse veu avec plaisir m. de Moivre, mais j'eusse eté bien curieux de voir ce que m. MacLaurin peut dire contre ce que vous avés ecrit sur les forces vives. J'ay assez bone opinion de luy pour croire qu'ayant mieux examiné la chose il sera tombé dans votre sentiment mais je n'exigerois pas pour cela rigoureusement qu'il eust avoué publiquement son erreur. Je crois ces aveux absolument indispensables dans des erreurs morales mais je les regarde simplement comme louables et courageux dans des erreurs de pure speculation. Un homme comme vous monsieur qui ne se trompe jamais croit que l'aveu d'une erreur ne doit rien couter à un autheur, vous en parlés (comme on dit) bien à votre aise.
Je ne crois pas vous avoir mandé que j'eusse envoyé mon apologie de l'attraction en Angleterre.[1] Je l'avois faitte pour pouvoir servir de preface à ma piece sur les spheroides:[2] mais je n'ay envoyé que la piece. L'Apologie du principe seroit assez superflue en Angleterre où persone n'en doute; et si je la publiois ce seroit en France où je crois bien qu'elle seroit mal receue mais où cependant j'aurois peutetre le courage de la doner si j'en etois content d'ailleurs et surtout si elle avoit eu votre approbation; car quelqu'ennemy de l'attraction que je vous connoisse, je ne laisseray pas quelque jour lorsque je l'auray mise au net, de vous prier de la lire; je ne m'y suis pas proposé de soutenir l'attraction mais j'ay tasché de faire voir que les raisons sur lesquelles nos philosophes francois la rejettent avec tant de hauteur, ne sont pas bones.
Quant à faire ma cour à mes compatriotes je ne crois pas que l'amour de la patrie doive gesner le moins du monde dans les opinions purement philosophiques. Et quelque respect que j'aye pour l'Acad.ie je ne voudrois pas qu'elle exigeast de moy aucun sacrifice sur ces sortes de choses, quelque chose qui en peust arriver. Nous n'avons qu'une authorité qu'il faille croire infaillible dans ce päis cy, encore la conteste t'on. Je ne seray jamais de tel ou tel sentiment par politique et l'Acad.ie ne l'exige pas non plus. Si je croyois qu'aprés les excellentes choses que vous avés dittes sur les forces vives elles eussent encor besoin d'etre soutenues et que je peusse ajouter quelque chose à l'eclaircissement de cette matiere. Je n'hesiterois pas à le faire en pleine l'Acad.ie mais la cause heureusement n'a plus besoin de rien pour etre decidée. Je souhaitterois seulement que tout ce, que vous avés fait sur cela fust rëuny dans un corps d'ouvrage. Ce seroit le triomphe des forces vives. Je me souviens de vous avoir veu pleinement repondre à l'objection tirée de l'experience de m. Graham dans laquelle on chargeoit d'un poids une platine pendant son oscillation etc.;[3] cependant je n'ay peu retrouver votre raisonement que je souhaitterois bien avoir; car cette experience est une des choses les plus captieuses qu'on ait allegué contre nos forces; et j'aimerois mieux m'estre trompé d'apres elle que d'apres tous les raisonements de m. de Meyran.
Lorsque j'allay prendre congé de m. de Maisons l'autre jour à Paris, je trouvay chez luy un m. Chefflin professeur à Strasbourg[4] grand amateur de medailles et que ce goust avoit apparemment lié avec m. de Maisons. On parla bientost de vous comme vous pouvés croire et m. de Maisons qui doit aller ces vacances voir ses terres d'Alsaze asseura qu'il iroit à Basle exprés pour vous voir. Vous scavés qu'il est membre de notre Academye, et président à mortier du parlement de Paris. Pour moy j'espere avoir l'honeur de vous voir l'année prochaine à Basle.
J'eusse fort souhaitté monsieur vous marquer combien j'honore tout ce qui porte votre nom dans la persone de m. votre neveu mais je n'ay point eu le bonheur d'en trouver les occasions. Je vous prie de vouloir bien faire sur cela mes excuses à m. son pere. Je suis toujours avec beaucoup de respect Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur Maupertuis.
à St. El.[5] merc. 12. Sept. 1731.
Faittes moy la grace de m'adresser toujours vos lettres à St. Malo en Bretagne
P. S. Je vous rends monsieur de tres humbles graces de ce que vous avés pris la peine d'examiner l'endroit du livre de m. Craige.[6] J'ay veu avec plaisir que ce que j'en avois dit dans un petit écrit que je leus à l'Acad.ie il y a quelque tems sur cette maniere de separer les indeterminées[7] que je vous avois communiqués, est conforme à vos remarques. M. Craig tres vitieusement multiplie les cas et renvoye de l'un à l'autre et se trompe au dernier. Je me souviens tres bien de votre ingenieuse methode pour la construction des equations differentielles où l'on ne peut pas faire la separation. Je souhaitterois bien que vous eussiés le loisir de nous achever cette affaire de la separation des indeterminées. J'ay trouvé avec plaisir dans le 1.er vol. des Mem. de Petersbourg votre piece sur l'integration des equations dans lesquelles la somme des exposants etc.[8] Elle me paroit toujours de plus en plus belle. Il paroit que ces M.rs de Petersbourg travaillent beaucoup au calcul integral. La methode de m.r Herman qui est dans le mesme vol.[9] me paroit belle et a l'air d'etre generale; cependant comme je ne suis point assez capable d'en juger, faittes moy la grace de me dire jusqu'où peut aller cette generalité, et si elle donne des integrations qu'on ne pust pas avoir par les autres methodes. Voila donc la Moscovie orthodoxe sur les forces vives pendant qu'une partie des päis scavants est dans l'erreur; c'est ainsy que lorsque le soleil se leve pour les uns il se couche pour les autres.
Fussnoten
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