Crousaz, Jean Pierre de an Bernoulli, Johann I (1719.06.16)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Crousaz, Jean Pierre de, 1663-1750
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Lausanne
Datum 1719.06.16
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 656, Nr.14*
Fussnote Signatur eigenhändig



File icon.gif à Lausanne 16.e Juin 1719

Monsieur

Il faut compter autant que je fais sur vôtre politesse et l'honneur de vôtre amitié, pour ne craindre pas de passer pour le plus impoli des hommes, quand je tarde si longtems à vous rendre grace de l'excellente Dissertation[1] que vous m'avés envoié, et de laquelle je suis trés satisfait, comme je le suis de tout ce où vous influés. Mais je voulois la lire. Le relieur m'a servi negligemment. Nous avons eu ensuite nôtre Visite Academique. Enfin je n'ai eu du repos que depuis quelques jours: mais je compte que ce sera un repos effectif et durable. La Visite s'est terminée heureusement, et elle pouroit bien être suivie à Berne de l'abolition du Consensus, dans des circonstances où l'on est si Chrétiennement invité à se réunir avec les Lutheriens.

File icon.gif Je fais trop de cas, Monsieur, de tout ce qui vient de vous, pour n'étre pas sensible à l'offre obligeante que vous me faites de me communiquer ce que vous aviés ecrit autrefois à M. Varignon sur la question que je vous avois proposée, et sur laquelle il me paroit que M. de Fontenelle pense autrement que vous et que je ne saurois penser.[2]

J'ai encore fait quelques nouvelles experiences sur les couleurs. Je pourai continuer et mettre par ordre mes pensées sur ce sujet. Il semble que Mess.rs les Anglois, si jaloux de la liberté, affectent un Torricisme en matiere de Science, et regardent de haut en bas tous ceux pour qui les pensées de M. Newton ne sont pas des Oracles. Mais le courage n'est pas moins le partage de nôtre Nation que de la leur, et tous les hommes ont un droit égal à chercher la verité, et à la soutenir quand ils croient de l'avoir trouvée. Un autre[3] ouvrage pourtant me presse davantage; c'est celui que j'ai entrepris sur l'Education. Il a fallu ceder aux instances des amis et des superieurs. Ce n'a pas été sans beaucoup de repugnance. Je ne suis pourtant pas fâché de m'étre rendu. Je regardois d'abord un ouvrage en forme sur ce sujet comme très inutile, vû le grand nombre que nous en avons deja; mais quand il a fallu mettre la main à l'oeuvre, comme j'y ai pensé de plus près, je me suis aperçu qu'à bien des égars le sujet n'étoit encore qu'effleuré. On ne sauroit disconvenir qu'il ne soit des plus importans, et par là il seroit à souhaiter qu'une meilleure main l'entreprit. Je ferai, Monsieur, un cas infini des conseils qui me viendront de vôtre part sur ce sujet, comme sur tous les autres, et je vous assure, Monsieur, que quand l'orage s'est élevé contre mes Nouvelles Maximes,[4] je n'y ai point oposé de rempart qui me parût plus fort, qui m'ait plus tranquilisé et qui m'ait plus defendu contre la crainte d'avoir fait un mauvais Livre, que le temoignage que vous lui avés rendu.

File icon.gif Voila enfin l'année 14 et 15 des Memoires de l'Academie deja imprimés en Holande. Les années 16 et 17 vont suivre incessamment. On me fait même esperer que nous verrons l'an 19 l'année prochaine. On en a en partie l'obligation au Duc Regent, et quoique veuillent dire les murmures des peuples impatiens, la France reprendra enfin son premier lustre par ses soins: Mais il faudroit être visionnaire pour s'imaginer qu'une si grande reparation pût étre l'afaire d'une année ou de deux.

Pour revenir aux Sciences il sera agréable d'avoir les Memoires d'année en année. Les étrangers qui auront quelque commerce avec les Membres de l'Academie ne se feront pas une peine de communiquer leurs pensées sur quelques Memoires recens, au lieu qu'on s'en faisoit une de proposer des difficultés sur ce qui s'étoit passé trois ou quatre ans auparavant.

Si nous avions eu cette année ou la precedente quelque Comete, ou quelque singuliere conjonction de Planetes, que n'auroient point dit sur les causes de cette excessive secheresse tant de gens qui se plaisent à parler beaucoup sur ce qu'ils entendent très peu? J'ai remarqué vingt fois divers presages de pluie que le barometre dementoit. Il n'a point été trompeur. En même tems je l'ai trouvé très contraire à l'hypothese de M. de Meirans; tantôt haut, tantôt un peu plus bas dans le vent et de même dans le calme. Je suis fort porté à croire qu'il y a des causes très minces, mais tres efficaces, qui servent à bander le ressort de l'air, en s'insinuant dans ses pores, et qui par là lui donnent la force de tenir les vapeurs écartées. Mais je ne m'aperçois pas que le plaisir de vous écrire me fait oublier que je derobe des momens au public, à l'utilité duquel nous devons tous nous consacrer. Je suis mortifié que mes Theses File icon.gif vous soient parvenues en si mauvais état, et j'en serois très honteux si ce n'étoit pas l'unique faute de la Messagerie. Mess.rs Fischer, qui en ont la direction, sont de très honnêtes, mais il s'en faut qu'ils ne soient toujours servis suivant leurs intentions.

J'ai l'honneur d'etre avec la plus parfaite estime et le zele le plus vif Monsieur Vôtre très humble et très obeïssant serviteur J. P. De Crousaz


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. Im Manuskript steht "autres"
  4. [Text folgt]


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