Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1716.07.04)

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Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1716.07.04
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 90*
Fussnote



File icon.gif Monsieur et Trescher Patron.

Lors qu'on m'est venu dire hier au soir, qu'une Dame Bâloise souhaiteroit de me parler, je m'imaginois deja, qu'elle pouvoit être Madame Bernoulli[1]; je n'êtois point trompé dans ma conjecture, lorsque j'eû le bonheur de luy faire ma reverence aussitost, j'ay fait tout cela avec la plus grande joye du monde, et avec la meilleure grace qu'on pouvoit souhaiter, bien loin d'en avoir peur: C'est la proprieté des choses qu'on estime veritablement, de les voir avec une rejouissance aussy subite, que l'objet qu'on voit est plus inesperé et plus eloigné en conjecture. J'eu peur veritablement lorsque j'entendis que toute sa belle compagnie partiroit sans faute aujourdhui, sans cela vous pouvés aisement conclure quelle joye j'aurois eû, en l'accompagnant par notre ville, et j'aurois crû pour le moins[2] d'avoir la moitié de la Magnificence[3], en accompagnant la partie de la Magnificence qui vous est la plus chere: Je suis aussy sensible à l'ambition qu'aucun autre le puisse être, et il se peut bien par là que je me serois imaginé d'être Cesar ou le Magnifique moy même: Mais tout cela sont des phantomes[4], puisque Madame part, bien qu'il pleuve incessament, et sans relache, ce qui faira le voyage fort ennuyeux. Mais je passe à d'autres choses, puisque j'ay besoin de menager File icon.gif le temps, pour l'employer bon gré mal gré pour la Bibliotheque; Je ne sçay si nous sommes Orthodoxes touchant ce point, car pendant que touts les hommes chez[5] nous gardent le commendement touchant le jour du Dimanche, en ne travaillant rien, moy je suis obligé de travailler en enragé: c'est une chose dont je suis si las, que peutêtre je la fairay proposer un jour comme un gravamen dans le Synode.[6] Je Vous felicite en attendant de la promotion fort honorable de M.r le Professeur vôtre Neveu,[7] qui aura assés de gloire de remplir la Station que vous ne pouviés pas accepter, et vous même aurés beaucoup de Satisfaction de la Voir remplie par un Bernoully, ce qui est une Marque que la Seren.me Rep. de Venise, ne peut pas se passer de ces Excellents genies, que la literature admire non pas sans grandissime raison: Je souhaite de tout mon coeur qu'il y aye toute la Satisfaction imaginable: En attendant je ne desespere pas de le voir un jour à Padoue, et M.r Votre Fils[8] à Venise.

Il y a des grandes Nouvelles ches nous; Toute la Ville est attentife sur le proçes qu'on faira aux Pietistes, qui se montrent sur le Theatre; Voila un reçit concis de l'Histoire. La Semaine precedente un certain Giezedanner du Toggenbourg (qui a preché à Marbourg) est revenu au pays, êtant conduit dans la Ville par quelquesuns de Ses Camerades: Le Public en ayant eû la nouvelle sans faire beaucoup de proçes a banni Giezedanner hors du pays;[9] Ses Camerades l'accompagnerent en procession jusques à Engstringen, lieu situé dans la Comté de Baden,[10] où il eut une Inspiration, qui êtoit une Critique de tout ce qui s'est passé touchant sa cause, et une prophetie contre la Suisse.[11] DaFile icon.gifbord on a cité quelques uns, à Sçavoir M.r Schulthess (qui êtoit autrefois à Bâle, et dont vous m'avés parlé), M.r Ziegler, Gendre de Nôtre Antistes,[12] M.r Gosswiler,[13] M.r Herrliberguer,[14] qui sont les principaux, et quelques autres leurs camerades moins Interessés:[15] M.r Schulthess a êté examiné le premier, celuy là parloit avec une grande efficace, mais injurieuse au Magistrat, critiquant la Sentence du bannissement de Giezedanner, comme plus que payenne et impie; que luy même, voyant le desordre et la corruption du Christianisme, et specialement celle du Clergé, S'est degradé du Ministere, ne se sentant pas digne de faire une fonction si sainte et si importante, et qu'il ne vouloit plus ny reçevoir[16] la S.te Communion, ny la distribuer: Sur cela il a êté mis en prison sur la Maison de Ville, et depuis cela il est ferme et inebranlable sur ses sentiments.[17] Ziegler, qui à dire la verité, a plus de Malice et moins d'integreté et de fermeté dans ses sentiments, a dit milles extravagançes, entre autres choses, il est allé chez M.r le Bourguemaitre Escher avec l'Inspiration prononcée par Giezedanner, pretendant de la faire lire devant le Grand Conseil, à fin que par une penitence sans delay, on evite les maux qui y sont prophetisés: M.r le Consul le traita fort doucement au commencement, luy disant qu'il s'étonnoit qu'un homme sçavant comme luy, se mêloit de ces Extravagances, sur cela il jetta le papier sur la Table, disant qu'il en pouvoit faire maintenant ce qu'il jugeoit[18] à propos, que pour son particulier il avoit sauvé son ame. Gosswyler a preché beaucoup aux professeurs, disant, qu'eux faisoient des Etudiants charnels et voluptueux etc. Herrliberguer reconnoissoit Giezedanner pour un vray prophete etc. Herrliberguer et Ziegler sont aussy gardés prisonniers sur la Maison de Ville. En attendant on leur a confisqué touts leurs papiers, et on est auprés[19] à former une File icon.gif suite et un detail de leurs erreurs. M.r Le Grand Econome Bodmer, ayant dans le Conseil un peu defendu leur cause, a êté finalement reduit, à ne pas se pouvoir mêler dans le jugement de ces affaires, et peut être il sera examiné aussy: Cependant luy a fait deja sa confession avec les autres Senateurs, dans le conseil, qu'il se tenoit fermement à la Confession Helvetique,[20] sur laquelle il juroit touts les Ans, et qu'il ne souffriroit pas, qu'on en changeat le moindre point. Les choses comme vous voyés aisement ne sont maintenant que commencées, et il y aura peutêtre un grand feu, avant que tout cela soit terminé, le bon Dieu nous preserve de tout le mal. Bodmer à ce que j'entend, pretend de faire sa Confession devant son Juge même, c'est à dire devant le Conseil ou le Grand Conseil, mais non pas devant les Examinateurs comme ses Ennemis. C'est assés de nouveau à ce que je juge, et je ne veux pas être là dessus trop prolixe, ne sçachant pas si cela vous fait[21] de l'ennuy plus tôt que du divertissement. Cependant je suis sans aucune interruption ou changement Monsieur et Cher Patron Votre treshumble et tresobeissant Serviteur D.r J. Scheuchzer.

Zuric en hâte ce 4.e Juillet. 1716.


Fussnoten

  1. Dorothea Bernoulli-Falkner (1673-1764), Gattin von Johann I Bernoulli.
  2. Im Manuskript steht "moin".
  3. Johann I Bernoulli war zu dieser Zeit Rektor der Universität Basel, hatte also den Titel "Magnificence".
  4. Im Manuskript steht "phantome".
  5. Im Manuskript steht "je".
  6. Zu Johannes Scheuchzers Arbeit als Bibliothekar der Bürgerbibliothek Zürich siehe seinen Brief an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
  7. Pietro Antonio Michelotti hatte mit seinem Brief von 1716.06.06 Johann I Bernoulli über den Abschluss des Berufungsverfahrens von Nicolaus I Bernoulli unterrichtet. Zu dieser Berufung siehe Robinet, André, L'empire Leibnizien. La conquête de la chaire de mathématiques de l'université de Padoue. Jacob Hermann et Nicolas Bernoulli (1707-1719). Avec de nombreuses lettres inédites de J. et N. Bernoulli, M. A. Fardella, B. Fontenelle, D. Guglielmini, J. Hermann, G. W. Leibniz, A. Michelotti, P. Varignon ..., Trieste 1991, pp. 149-262.
  8. Nicolaus II Bernoulli (1695-1726).
  9. Johann Ulrich Giezendanner (1686-ca. 1738), ein Goldschmiedgeselle aus Liechtensteig, kam im Frühling 1716 heimlich nach Zürich, wo er Kontakte mit Pietisten in der Stadt und auf der Landschaft knüpfte, nachdem er wegen seinen pietistischen Aktivitäten – der "Geist der Weissagung" war über ihn gekommen – den Toggenburg und die Ostschweiz verlassen musste. Er wurde von Zürich verbannt, nachdem der junge Theologe Johann Kaspar Ziegler eine der Inspirationen Giezendanners schriftlich beim Grossen Rat eingereicht hatte. Durch diese Aktion erhofften sich die Pietisten eine Wiederbelebung der unterdrückten Reformbewegung in Zürich, die hauptsächlich durch das Scheitern der Schulreform (siehe dazu den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.02.09) geschwächt worden war. Diese Aktion hatte neben der sofortigen Verbannung Giezendanners, der bei Hans Kaspar Schneeberger in Engstringen Zuflucht fand (siehe Hanimann, Thomas, Zürcher Nonkonformisten im 18. Jahrhundert. Eine Untersuchung zur Geschichte der freien christlichen Gemeinde im Ancien Régime, Zürich 1990, pp. 45-47), auch eine Untersuchung durch eine speziell gegen die Pietisten einberufene Untersuchungskommission, die so genannte "Ehren-Commission zu den pietistischen Sachen" oder "Pietistenkommission" zur Folge. Im Rahmen dieser Untersuchungen wurden noch weitere Pietisten verurteilt, Johann Heinrich Bodmer wurde dabei mehrmals verhört. Siehe dazu den Brief von Johannes Scheuchzer von 1716.07.12. Zur Pietistenverfolgung von 1716 und den Verbindungen zwischen der Pietistenbewegung und der Bürgerbewegung von 1713 siehe Bütikofer, Kaspar, Der frühe Zürcher Pietismus (1689-1721), Göttingen 2009, darin inbesondere pp. 487-494. (Sulamith Gehr)
  10. Gemeint sind Oberengstringen oder Unterengstringen, zwei angrenzende Dörfer in der Nähe von Zürich. Hochgerichtlich gehörten sie 1415-1798 zur Grafschaft Baden.
  11. Siehe Giezendanner, Johann Ulrich, Weissagung, StAZH, E I 8.5, Nr. 3 (Original) und ZB Zürich, Ms. S 344 Nr. 42 (Abschrift), abgedruckt bei Hanimann, op. cit., pp. 329-335.
  12. Johann Kaspar Ziegler war der Schwiegersohn des Zürcher Antistes Peter Zeller (1655-1718).
  13. Heinrich Gossweiler (1688-1743) war Pfarrer in Marthalen. Er veranstaltete und besuchte pietistische Konventikel und wurde 1716 im Rathaus inhaftiert und mit einem dreijährigen Berufsverbot bestraft (Bütikofer, op. cit., p. 509).
  14. Felix Herrliberger (1689-1724) war Hauslehrer beim Landvogt Heinrich Füssli (1641-1725), der mit Johann Heinrich Bodmer (1669-1743) befreundet war und mit Johann Kaspar Escher (1678-1762) studiert hatte. Er wurde im Rahmen der Pietistenprozesse für drei Jahre verbannt und starb im Exil (Bütikofer, op. cit., p. 511).
  15. Es handelt sich um Christoph Balber (1687-1747) und Beat Holzhalb (1693-1757).
  16. Im Manuskript steht "reçevoir".
  17. Diese Kritik von Johann Jakob Schulthess findet sich auch in seinem Brief an den Bürgermeister und die Räte, von dem eine auf den 11. Juli 1716 datierte Kopie erhalten ist (StAZH, E I 8.2, Nr. 8). Die Räte wurden darin als Gegner des Christentums dargestellt und reagierten auf diese Beschuldigung mit entsprechender Härte. Am 11. Juli 1716 organisierten sie eine symbolische Ketzerverbrennung und liessen den Brief in einem Kästchen versiegelt auf dem Schiffsmarkt verbrennen. Schulthess wurde auf Lebzeiten aus Zürich verbannt. Siehe Bütikofer, op. cit., p. 490-491.
  18. Im Manuskript steht "jougeoit".
  19. Im Manuskript steht "aprés".
  20. Das Zweite Helvetische Bekenntnis (Confessio Helvetica posterior).
  21. Im Manuskript steht "faire".


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