Savérien, Alexandre an Bernoulli, Johann I (1746.10.14)
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Autor | Savérien, Alexandre, 1720-1805 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Paris |
Datum | 1746.10.14 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 723, fol.190-191 |
Fussnote |
à Paris ce 14. 8bre 1746
Monsieur
Je n'aurois pas manqué, en récevant la seconde lettre dont vous m'avez honnoré,[1] de vous envoier sur le champ ma Théorie de la Manoeuvre,[2] qui n'est autre chose, que les Elemens de cet Art à la portée des Pilotes,[3] si l'on ne m'avoit conseillé dépuis d'y joindre le Mémoire que je fais touchant la Question du Tangage du Navire,[4] etant sur le point de l'envoier à la censure. Ma Manoeuvre est, selon moi, trop peu de chose, pour qu'elle puisse meriter votre attention. Mon futur Ouvrage sur la Mâture,[5] par raport à quelques nouvelles récherches sera peut-etre moins digne de vous etre offert; et je ne dissimule point que mon amour propre souffriroit trop de vous envoier, Monsieur, ce premier Traité, sans ce Mémoire: Ainsi d'abord qu'il sera sorti de presse, j'aurai l'honneur de vous le faire ténir par la voie, que vous avez eu la bonté de m'indiquer.
Quelque ami que je sois du vrai, dez que je suis assez heureux de le connoître, je vous avoue, Monsieur, que j'aurois passé entierement sous silence la méprise de M. Bouguer sur l'hypomoclion du Mât, dans le cas du Tangage, si j'avois pu prévoir tous les chagrins, que mon objection m'a causé et me cause encore aujourdhui. Il n'est rien que les Partisans de cet Académicien n'aient mis en usage, pour me faire de la peine. Plusieurs Savans pensent meme que je me trompe, car on se récrie fort sur l'application; quelques autres au contraire, s'obstinent à se taire, et semblent vouloir dissimuler que j'ai raison, quoiqu'ils en soient convaincus.
Pour faire tomber la balance de mon coté, je n'aurois qu'à montrer les lettres, que j'ai, Monsieur, de votre part; mais je n'ai garde de passer vos ordres. Depuis que je les ai réde passer vos ordres. Depuis que je les ai rçus, personne n'a vû vôtre derniere lettre;[6] la premiere,[7] n'en etant pas instruit, a été communiquée seulement à MM. Clairaut, Duhamel De Fouchi, de l'Academie R[oy]ale des Sciences. Nul autre personne ne les a vues; et qui que ce soit ne les verra plus, de meme que les lettres, dont vous voudréz bien encore m'honnorer.
Outre, qu'il est difficile de déterminer le centre d'oscillation du Navire, je trouve qu'il y a autant de difficulté de déterminer la vitesse initiale de chaque partie du Navire; ou bien avec quelle force il résiste au mouvement de rotation.
J'ai dejà eu l'honneur, Monsieur, de vous faire part de la réponse de M. Bouguer, qui consiste en l'équilibre parfait, ou prétendue entre la poussée verticale de l'eau, l'impulsion de l'eau sur la Proue, et l'impulsion du Vent sur les Voiles. Croiés vous, qu'on puisse empecher par-là le Tangage du Navire comme M. Bouguer le prétend? je ne le crois pas; et voici comment je conçois, que le Vaisseau cingle[8] et balance en meme tems.
L'effort du Vent sur le Mât fait tourner le Vaisseau, qui est comme suspendu au centre d'oscillation ou de rotation. Sa Poupe, par ce mouvement choque l'eau dans un sens contraire à la direction de la route du Navire. C'est là l'effet de la prémiere Bouffée: elle cesse, et alors l'eau, par réaction pousse le Navire en meme tems, que la Prouë et la Poupe baissent alternativement, selon, que vous avez si judicieusement observé.
Cela posé, je crois, Monsieur, que le Vaisseau n'avance que par un contre coup de l'eau sur la Poupe; de sorte que s'il etoit possible, que le Vaisseau fut suspendu dans un fluide infiniment fluide et par consequent infiniment divisible, et non résistant, un seul coup de Vent, une seule Bouffée, bien loin de faire avancer le Navire, le fairoit au contraire réculer continuellement: d'où je conclus, qu'il est impossible, que le Vaisseau cingle, si le Mât ne tourne pas, ainsi que le soutient M. Bouguer et qu'il est meme impossible qu'il cingle horizontalement, comme il le prétend dans sa Théorie, Chap. 1.er.[9] En général, il me semble, que ce Traité ne satisfait pas à la Question de l'Académie. Tel est mon idée sur le mouvement du Navire.
Permettés moi, Monsieur, de vous supplier de vouloir bien me continuer les bontés, que vous avéz eu pour moi, en faveur de mon zèle pour le progrèz des sciences, de m'accorder meme votre protection qui est celle, qui peut me faire le plus d'honneur, me flater davantage et que j'ambitione le plus; et d'etre bien persuadé, qu'il n'est personne, qui soit avec une estime si haute, un respect si sincere, que celui qui se dira toute sa vie, Monsieur, Votre trèz-humble et très obéissant Serviteur Saverien
P. S. Si vous avez vu le Nouvel Ouvrage sur la construction des Vaisseaux de M. Bouguer,[10] vous serés peut-etre surpris d'y voir, que le centre d'oscillation du Navire est dans son centre de gravité. Je m'en rapporte à votre très savant article De Corporum aquae etc., Tome IV de vos Oeuvres.[11]
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- ↑ Im Manuskript steht jeweils "single"
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- ↑ Joh. I B. Op. CLXXVII, Propositiones variae Mechanico-dynamicae XL-XLVI. De Corporum aquae insidentium oscillationibus, et de invenienda longitudine Penduli simplicis oscillationibus illis isochroni: Opera IV, pp. 286-296
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