Bernoulli, Johann I an Savérien, Alexandre (1746.05.29)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Savérien, Alexandre, 1720-1805 |
Ort | [s.l.] |
Datum | 1746.05.29 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Standort unbekannt |
Fussnote |
Monsieur,
J'ai bien reçu la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, mais vous me permettrez de vous dire que je ne mérite pas les éloges outrés dont votre plume m'a comblé si libéralement. Ainsi, sans m'y arrêter davantage, je passe à ce qui fait le principal sujet de votre Lettre. Vous me demandez si je connois la piéce de M. Bouguer sur la mâture des vaisseaux, qui a remporté le prix de l'Académie des Sciences de Paris en 1727.[1] Oui, Monsieur, je connois cette piéce: j'en ai même reçu deux exemplaires, l'un que l'Auteur lui-même m'avoit envoyé, et l'autre qui me fut envoyé par l'Académie, selon sa coutume de faire part à ses membres de ce qui s'imprime sous ses auspices. Si j'avois voulu travailler sur cette matière pour en faire une piéce, j'aurois eu beau jeu; car mon Traité sur la manoeuvre des vaisseaux[2] m'auroit fourni assez pour en faire un extrait convenable à la question de l'Académie: mais c'est justement ce qui m'a empêché de me mettre sur le rang des prétendans, de peur que je ne fusse reconnu par Messieurs les Juges; ce qui est contre leur loi.
Vous avez raison, Monsieur, de croire douteux le principe sur lequel M. Bouguer établit sa théorie, en plaçant l'hypomochlion du mât (dans le cas du tangage) au centre de gravité du vaisseau. Quant à moi, je regarde ce principe non-seulement comme douteux, mais comme entièrement faux: car il est visible que le veritable endroit où doit se trouver l'hypomochlion est un centre spontané de rotation, comme vous avez observé fort à propos. La démonstration que j'en donne est sans réplique. Il est vrai qu'il seroit difficile de déterminer ce centre spontané, parce qu'il faudroit connoître le point dans le mât où se concentre la force mouvante; car l'intervalle entre ces ceux centres donneroit la longueur d'un pendule simple, dont les oscillations seroient isochrones au balancement du navire. Or c'est ce que je doute dans ma double solution, depuis la page 287 jusqu'à la 293 du Tome IV de mes Oeuvres.
Excusez-moi d'avoir un peu tardé à vous répondre; mes fréquentes indispositions dans mon âge avancé en sont la cause. J'ai l'honneur d'être avec beaucoup d'estime, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, Jean Bernoulli Père.
A Bâle, ce 29 Mai 1746.
P. S. N'ayant pas vu la nouvelle théorie de la manoeuvre que vous dites avoir donnée au public, et qui à ce que vous assurez est à la portéee des Pilotes, quoiqu'ils ne soient point versés dans l'Algèbre, je ne suis point en état d'en juger. Cependant je suis étonné qu'il y ait des Savans, comme vous assurez, qui doutent de la vérité d'un principe aussi clair que le jour.
Fussnoten
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