Bernoulli, Johann I an Iselin, Jacob Christoph (1717.03.29)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Iselin, Jakob Christoph, 1681-1737
Ort Basel
Datum 1717.03.29
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: Archiv Bernoulli Ib, Johann (1667-1748), Nr.5
Fussnote Siegelspuren Original



File icon keinbild.gif Monsieur et tres honoré Ami

L'honneur de Vôtre derniere[1] me fut rendu le 21. du courant dimanche des rameaux, dés le lendemain je parlai de bouche à la pluspart des membres de la regence touchant la prolongation que Vous demandés du terme fixé de Votre retour; Je les ai trouvé tous si bien disposés à Vous accorder cette demande sans faire prejudice au rectorat qui vous est destiné, que je n'ai pas jugé necessaire de convoquer la Regence dans la semaine sainte; mais j'ay fait prier Madame Vôtre Mere, qui Vous aura ecrit Mardi passé de Vous mander preallablement, que ce que Vous souhaitez n'aura point de difficulté. L'assemblée de la regence se tiendra aujourd'hui aprez midi, où sera fait Lecture de Vôtre Memoire, j'ecrirai au bas de cette lettre le resultat de la déliberation, que je prevois aisément Vous étre favorable d'un consentement unanime. À ce que j'entens, le jour de l'Election, comme une chose essentielle et fixée par les statuts, ne sera pas renvoyé, mais se tiendra selon la coutume le 1. dimanche de Mai, ainsi aujourdhui on Vous declarera eligible nonobstant Vôtre absence: Tout ce que je trouve à redire dans cette affaire, c'est que Vous me paroissez trop soumis et trop humble pour demander une chose qui Vous est deüe de toute justice, Vous la merités par tant d'endroits qu'il me semble que quand meme le rectorat ne tomberoit pas encore sur Vôtre rang dans la Faculté, il faudroit Vous offrir cette dignité préferablement à d'autres en reconnoissance des grandes obligations que l'on Vous a, bien loin de faire difficulté sur Vôtre eligibilité quand le rang Vous touche à cause de Vôtre absence de 4 ou 5 semaines aprez le jour de l'election; mon Dieu! quelle noire ingratitude seroit ce, si on ne Vous accordoit pas une demande qui va à si peu de chose par rapport à Vôtre grand merite: Je croi qu'il n'y a personne, qui desire Vôtre promt retour avec plus d'ardeur que moi, tant par l'interest que je prens à Votre seureté pour laquelle j'apprehende si j'ose Vous le dire pendant que Vous étes hors de Bâle, que par rapport à mon propre interest que Vous pouriez avancer considerablement par vôtre presence, vû que j'ai dessein sur le conseil de quelques amis de faire valoir ici ma nouvelle vocation dont Mssrs. les Curateurs de l'academie de Groningue m'ont adressé effectivement le Diplome en forme, temoignant un grand empressement de me posseder derechef; je verrai ce que cela me produira de bon ici; en cas que je remarque trop d'indifference pour ma personne dans nos messieurs d'ici, l'envie pourra bien me prendre de retourner dans un pays où on me recevroit à bras ouverts et où je pourois redresser ma fortune qui a tant souffert dans la patrie; enfin voilà une raison particuliere, qui me feroit souhaiter Vôtre presence; mais je prefere Votre satisfaction à la mienne, c'est pourquoi si je trouvois obstacles comme certainement il n'y en aura point, à Vôtre demande, je ferois tous mes File icon keinbild.gif efforts pour les surmonter afin de satisfaire à Vôtre souhait: oserois-je pourtant Vous remontrer une chose? c'est que je voi que Vôtre zele et Votre pieté Vous fait entreprendre des choses, qui pouroient Vous attirer des affaires facheuses et Vous mettre meme en grand danger, de grace mon cher Ami pensez y un peu et menagés Vous; Vous étes dans un pays où il ne coute rien de se defaire d'une Personne incommode: il ne faut que hanter les Gens qui sont contre la Constitution pour donner ombrage à leurs adversaires, dont il y a comme Vous sçavez grand nombre, et entre autres une certaine compagnie, laquelle a ses emissaires qui sont capables de toute la finesse pour ruiner ceux qui ne leur plaisent pas; prenez donc garde à Vous, je Vous en conjure, et ne dites à personne le veritable jour de Vôtre depart, mais il est de la politique de partir plutot que l'on ne croira. Ne Vous fiés pas à tout le monde, fide sed cui vide, il y a des gens qui ont un beau dehors et qui vous paroitront sinceres mais qui ont le coeur double et qui vous dresseront des pieges; pardonnez moi ce petit avis, c'est un Ami qui Vous parle, un ami à qui Votre salut tient à coeur autant que le sien propre. Je passe à d'autre chose: J'ai reçû pour Vôtre conte de Mr. Pusterla 3 [liv]res de Bale ou 36 bats pour les 4 livres de France que Vous avez depensé pour Lui. Si la brouillerie au sujet du ternaire de S. Pierre Vous navre le coeur, quelle douleur n'aurez Vous pas sentie en aprenant ce qui s'est passé du depuis? je parle de la demarche secrete et artificieuse par laquelle on est venu à bout de proposer brusquement au Conseil et sans que personne y ait pensé la necessité de donner à Mr. l'Archidiacre Mangold un Vicaire, ce qui fut gouté sans presque aucune resistance et en meme temps Mr. Rippel fut nommé à ce vicariat et le commun Diacre Wetstein emporta eodem actu le vicariat et la survivance de Leüffelfingue avec le tiers des revenus, les 2 autres tiers demeurant à Mr. Rippel parce que Mr. Mangold conserve toute sa pension aussi longtemps qu'il plait aux faiseurs des vicaires: Peu de jours aprés on designa pour Diacre commun le jeune Wetstein Fils du redoutable vengeur à S.t Leonhard, qui a mené cette affaire d'une maniere plus que scandaleuse et fort mal seante à un Theologien; Nos Candidats font sonner bien haut le tort qu'on vient de Leur faire par le choix d'un des plus jeunes d'entre eux.

Je Vous suis tres obligé de la peine que Vous me promettés de prendre de chercher une commodité pour placer mon fils, je souhaiterois fort que Vous pussiez y reussir, car j'aimerois mieux le voir à Paris qu'à Venize.

Voici une lettre de Mr. Battier, et un billet de Mad.le Mauclerc, qu'elle a ecrit dans ma maison; Elle a reçû de mon frere la valeur de la lettre de change que je Vous ai envoyée et dont Vous avez comme Vous dites touché l'argent pour en acheter du carmin pour Lui: il Vous en aura mille obligations. Ma femme Vous fait bien des complimens et Vous exhorte de ne plus differer Votre retour. Je finis en Vous assurant que je suis avec un zele des plus vifs Monsieur et tres honoré Ami Votre tres humble et tres-obeissant serviteur J. Bernoulli.

à Bâle ce 29. Mars 1717.

File icon keinbild.gif P. S. La Regence ayant oui lire Vôtre memoire cet aprez midi, a consenti unanimement nemine contrahiscente dans Votre demande, en vertu de quoi on Vous permet de demeurer absent jusqu'au commencement du mois de Juin sans que cela fasse prejudice à Vôtre eligibilité au Rectorat, dont l'election se fera à l'ordinaire le premier dimanche de Mai, la chose est comme faite, Vous serez Recteur, je puis bien le predire sans étre Prophete: ainsi je Vous en felicite par avance. Il faut que je Vous dise qu'on m'a enjoint de Vous prier fortement de faire ensorte que Vous ne manquiés pas de Vous trouver ici selon Vôtre promesse vers le commencement de Juin pour le plus tard, à cause de la reception des contes et d'autres affaires qui requierent indispensablement la présence du nouveau recteur designé.

File icon keinbild.gif A Monsieur

Monsieur Iselin

tres Celebre Docteur et Pro-

fesseur de l'université de Bâle

presentement

à

Paris.


Fussnoten

  1. [Text folgt]


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