Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1719.01.29)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1719.01.29
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 116*
Fussnote



File icon.gif Zuric ce 29.e Janv.r 1719.

Monsieur mon Trescher Patron

Depuis nôtre Jubilée, nôtre Declamateur volut faire imprimer sa piece,[1] pour ne pas avoir fait la folie à demi, à ce bruit mon frere alla voir un des principaux Censeurs des Livres, pour lui declarer, que, pour eviter une nouvelle guerre, il souhaitoit que l'on corrigeroit la piece à imprimer, et supprimat le passage qui le concernoit, et le quel il regardoit comme une calomnie, si non, qu'il voudra prendre sa revange par une Apologie publique et imprimée d'autre part qu'à Zuric, en y manifestant les Nobles Caracteres du misantrope, et qui ne sçavoit autre chose que medire et calomnier son prochain, il fit la même declaration sur la Tribus publique assistant à un repas d'un nouveau conseiller en presence de S. E. le Consul Holzhalb, et plusiers Senateurs et beau freres et parents du Declamateur. Je ne sçay ce qui en arrivera, je doute fort s'il pourra s'y soumettre et corriger ses sottises, au moin le Censeur, qui est un fort honnêt homme, a pris la liberté de luy interdire plusieurs passages, ce que Nôtre homme doit avoir regardé avec un air fort chagrin:[2] cette harangue impertinente a produit chez nous des effets fort particuliers, car, outre, que toute la bourgeoisie et touts les honnêtes gens s'en trouvent offensés et choqués, l'auditoire de mon frere ne s'est pas seulement augmenté considerablement, mais 50 de Ses auditeurs ont mis ensemble un don gratuit de 50 Ecus, et le luy ont apporté la Semaine passée par une deputation de trois Messieurs, ce qui nous rejouit infinement, parce que cela pique d'autant plus nos Ennemis, eux ne sentants rien autre que des imprecations. En peu de Semaines nous verrons beau jeu, le terme de la Suspension de l'Econome Bodmer va expirer, on voit dans toute la Bourgeoisie un grand penchant pour sa personne, et sa Tribu le veut absolument ravoir pour Tribunier, luy bien que las de tout cela, se soumet à la Providence, êtant pret de la suivre par tout, quasi touts les gens de sa Tribu le vont de plus en plus consulter sur leurs besoins, et luy les entend avec plus d'attachement et de patience que jamais, et les conseille de bon coeur; Et il est prêt de rendre raison de sa croyance par tout, mais principalement en public devant son juge, il dit, qu'il n'auroit rien autre à faire si non que de demander ses inquisiteurs, en quel point de Religion il êtoit different de la Confession Helvetique, mais qu'il leur repondra à toutes les questions.

J'ay en main 79 Louisdors qui font à raison de 7 florins [str.][3] 553 et le reste est en monnoye: ainsy que vous pouvés faire la disposition necessaire.

Je vous suis sensiblement obligé pour la correction de M.r l'Axis, que j'ay pris pour une Dame, bien loin d'etre faché, car je vous dis en verité que je l'aurois toujours laissé passer dans cet habit masqué, ce qui auroit pû causer du Scandale parmy les Grammairiens: je rend grace au Ciel, de ce qu'il n'y a rien là dessus dans la Confession Helvetique, car cela seul m'auroit fait passer pour un Archi-Heretique. Du reste voicy ce qui a êté imprimé du depuis que j'ay eû l'honneur de vous ecrire: Mais je ne vous ay pas envoyé tout cela pour que vous le laissiés à M.r Stehelin, mais que vous le gardiés pour vous, à fin, que, comme vous êtes un de mes principaux Patrons, vous ayés un des premiers Exemplaires, outre qu'un autre le suivra aprés l'impression finie, M.r Stehelin en aura un aussy, mais pour Zuinguer, qui ne fait que vendre, et vendre par detours, il n'y a rien pour cette fois[4].

Pour ce qui regarde mes affaires de Padoüe je ne sçay rien autre, si non, que les Reformateurs me soûtiennent à brule pourpoint, ne voulant ceder en rien, et on File icon.gif ecrit à M.r le Resident,[5] qu'il ne roule pas autre question sur le tapis que si la Nomination de ma personne est preferable à celle que l'on pourroit faire de mon Frere, et que null autre personnage n'y peut plus comparoitre: Je suis curieux de voir comment finira cette comedie, je la verrois finir en toute maniere avec indifference, m'etant determiné pour cela deja long temps. Du reste j'ay mis nôtre Bibliotheque publique dans un bel embarras, d'abord aprés le Nouvel An j'ay resigné ma charge,[6] dont l'assemblée se trouva fort embarrassée, je me servois des raisons suivantes; Que je connoissois la constellation de Nôtre ville, où certains astres avoient une telle influence, que personne de ma trempe n'aura jamais à esperer le moindre appuy du public, et qu'en consideration de ces tristes conjonctures, je ne pouvois pas consacrer[7] tout mon temps, mes Années de jeunesse, mes soins et mes travaux à un public qui sera toujours ingrat envers moy, et cela au prejugé[8] de mes etudes, dont j'etois obligé de faire un cas hors de la patrie, et de chercher ma fortune ailleurs. On n'a pas voulû accepter ma resignation, en me priant premierement, de vouloir rester en charge, ce que j'ay refusé absolument, et puis de rester encore un mois, pendant le quel ils songeront à des expedients, je m'y suis soumis, la Semaine prochaine mon terme expire, et j'entendrois leurs projets, m'êtant proposé de faire encore une Demonstration et plus vive et plus touchante.

Touchant les[9] Livres de M.r König, je vois bien qu'il cherche un achetteur tout autre que moy, il m'auroit fort bien pu favoriser en me laissant ces peu de Livres que j'ay demandé par avance, quelques uns y êtants doubles. Il ne trouvera jamais un homme qui le dechargera de toute la boutique, ou de sa plus grande partie comme moy, mais je ne puis pas m'en charger avant que d'être certain de mon fait, ainsy que je ne veux pas l'obliger à attendre une chose qui est non seulement douteuse, mais, qui selon toutes les apparences, trainera encore quelquetemps; Il m'a dit qu'il attend des reponses d'Angleterre et de la Hollande, ainsy il est clair qu'il veut plustôt les donner à des gens, qui ne les achetteront jamais.

Pour le Traité de motu Musculari de Jacques Keil,[10] je ne l'ay jamais vû, ni mon Frere non plus, ainsy je ne puis pas vous servir, dont je suis faché, du reste, je ne m'êtonne pas s'il est vôtre copiste, car on ne sçauroit rien dire sur cette matiere, et de plus clair et de plus solide, que ce, que vous en avés publié. Je vous prie d'assurer de mes treshumbles Respects Mad.e Votre chere Epouse, et toute vôtre treschere et tres belle famille. Cependant je suis sans aucun detour, et avec un sentiment tresparfait Monsieur mon Trescher Patron Votre treshumble et tres obeissant Serviteur D.r Jean Scheuchzer


Fussnoten

  1. Hofmeister, Johann Kaspar, Oratio secularis de magnis in Ecclesiam Tigurinam, inde a primo ad ejus ad secundum a reformatione jubilaeum, collatis a Deo beneficiis, in: Seculare sacrum in honorem Dei ter opt. max. ob ecclesiam ab erroribus in doctrina, in cultu a superstitione, et rempublicam a servitute et contemptu clericali, ducentis abhinc annis, ministerio M. Huldrici Zuinglii, feliciter liberatam ... celebrabunt Joh. Caspar. Hofmeisterus, ... David Holzhalbius, ... Joh. Jacob. Reutlingerus ..., Tiguri [Zürich] (D. Gessner) 1719, pp. 3-36.
  2. In seinem Vortrag hatte Johann Kaspar Hofmeister Johann Jakob Scheuchzer offen angegriffen. Siehe dazu den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1719.01.14. Offenbar wurden diese Stellen in der gedruckten Version dieses Vortrags gestrichen oder wenigstens stark abgemildert.
  3. str. = Stüber.
  4. Im Manuskript steht "foy".
  5. Giuseppe Giacomazzi war seit 1717 venezianischer Resident in Zürich.
  6. Zu Johannes Scheuchzers Arbeit als Bibliothekar der Bürgerbibliothek Zürich siehe den Brief von 1716.02.09.
  7. Im Manuskript steht "consacrés".
  8. Im Manuskript steht nach "prejugé" ein Komma.
  9. Im Manuskript steht "le".
  10. Vermutlich handelt es sich um Keill, James, An account of animal secretion, the quantity of blood in the humane body, and muscular motion ..., London (G. Strahan) 1708.


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