Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1717.03.31)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1717.03.31 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 33 |
Fussnote |
Mon beaufrere[1] qui va à Zuric pour faire des emplettes me donne occasion de Vous ecrire ce mot de lettre en reponse de la Vôtre du 21. de ce mois,[2] par laquelle j'ay pû connoitre, que Vous étes encore en vie et que Vous Vous portez bien, ce dont je suis bien aise, car Vôtre long silence me faisoit craindre quelque chose de mal par rapport à Vous, Vous étez cependant en bon état de santé, graces à Dieu; quoique Vous n'ayez pas manqué d'essuyer quelque disgrace du Ciel, qui Vous fait passer comme moi de temps en temps par des epreuves de dureté et de persecutions, que les adversaires nous font souffrir: Le sermon de Mr. le Chanoine Hofmeister[3] m'auroit paru plaisant, s'il n'avoit pas eu une suite si funeste pour Mr. Bodmer,[4] car il me semble que les pietistes faisant profession de pieté, de douceur et de tranquillité ne meritent rien moins que le nom d'Eisenbeisser, qui convient mieux aux persecuteurs, qui font du bruit de chaque vetille et de chaque bagatelle, et à ceux qui font le gascon en chaire, qui font le Diable à quatre, quand ils sont les maitres, mais qui seroient poltrones et traittables comme les moutons, quand ils auroient un seul bon Antagoniste face à face dans un pays de liberté, où on ne couroit pas risque de perdre ses charges ou d'etre fouetté par la ville. Je Vous assure mon cher Ami que le sort du bon Mr. Bodmer m'a fait pitié, quelques dures qu'ayent eté ses expressions par rapport à ce qu'il avoit appellé la religion dominante, les explications et les adoucissements, qu'il en a données aprez en confessant qu'il connoissoit la religion reformée seule pour la veritable, devoient ce me semble suffire à Vos Messieurs pour l'absoudre et pour le declarer orthodoxe; mais de le punir si severement en le degradant de ses charges et dignités, c'est ce que je ne sçaurois assez concilier avec l'esprit du Christianisme, en faut il venir d'abord à ces extremitez? n'y a-t-il point de milieu? les premiers Chretiens en ont usé plus charitablement les uns envers les autres que ne font aujourdhui plusieurs Theologiens. Vous dites que Mr. Bodmer est fort gay, de ce qui Lui est arrivé aussi bien que ses Ennemis, cela va bien quand on peut contenter tous les deux partis, peutetre Mr. Bodmer croit avoir souffert pour la verité et a voulû en cela imiter les martyrs, qui ont enduré avec une gayeté de coeur inexprimable les supplices les plus atroces. Vous etes dans le bon chemin qui Vous conduit à mepriser les honneurs mondains, perseverez y, Vous ne manquerez pas de parvenir au solide, qui consiste uniquement dans une bonne conscience et dans la pratique de la vertu, la quelle engendre un plaisir veritablement solide, qui dure pendant toute cette vie et qui nous suit dans l'autre pour toute l'eternité. Ma Femme Vous salue tres affectueusement quant à moi je suis avec la derniere tendresse Monsieur et cher Ami Vôtre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli.
Bâle ce 31. Mars 1717.
Fussnoten
- ↑ Emanuel Falkner (1674-1760) war der Bruder von Johann I Bernoullis Ehefrau Dorothea.
- ↑ Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1717.03.21.
- ↑ Hans Kaspar Hofmeister (1655-1731) war Professor der Eloquenz, der Geschichte und der griechischen Sprache in Zürich. Seit 1705 war er Chorherr am Grossmünster und von 1710 bis 1717 Stiftsverwalter. Hofmeister war ein Gegner der Reformbestrebungen von 1713 und der Pietisten.
- ↑ Zur Rede von Hofmeister und zu Bodmers Suspendierung von allen politischen Ämtern siehe den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1717.03.21.
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