Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1716.07.12)
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Autor | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Zürich |
Datum | 1716.07.12 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 91* |
Fussnote |
Si je vous incommode par mes Lettres trop frequentes, prenés vous à vous même, car Souventes fois vous me fites l'honneur de me dire, que mes Lettres vous font du plaisir; Je n'aurois pas pourtant entrepris de vous ecrire, si ce n'êtoit l'issüe de nos affaires de Religion, dont vous pourriés être curieux de la sçavoir. Mardy le 7.e on fit venir devant la Commission,[1] (qui est composée des Examinateurs de l'Etat Politique et Ecclesiastique, augmentée de 3 conseillers) M.r le Grand Econome Bodmer, qui dans toutes ses reponses se conduisoit fort modestement, et sans amertume et Colere. D'Abord il fut interrogé, d'où venoit cette etroite amitié et familiarité avec les Interessés et specialment avec Giezedanner? et pourquoy il avoit dit à Ziegler de porter l'Inspiration de Giezedanner ches le Consul en Charge?[2] et ce qu'il pensoit de ces Inspirations? Il parla longtemps sur ces trois points proposés dans une Seule question, l'Essentiel de sa reponse est, que 1.o il a raconté comment qu'il est entré[3] en connoissance avec l'homme susdit, et que veritablement il avoit conçu de l'Estime pour luy, voyant qu'il êtoit homme de bien; mais qu'il luy avoit souventes fois reproché, qu'il alloit trop loin, voyant qu'il se mettoit en tête, d'exhorter, par des Lettres ecrites aux Princes et Etats entiers, tout le monde à l'extirpation de la corruption, luy faisant des remonstrances, qu'il n'êtoit pas fait pour cela, puisqu'il luy manquoit beaucoup de la prudence et de penetration dans ces choses si importantes, et qu'il avoit empeché mais avec des grands[4] efforts, qu'une Lettre ecrite par luy à notre Etat, n'êtoit pas rendu au Consul. 2.o Qu'il avoit ordonné à Ziegler de porter l'Inspiration au Consul en Charge, voyant que ce papier êtoit adressé aux deuxcents, et qu'il avoit pretendu, que luy même s'en chargeroit, ce qui pourtant êtoit contre nos loix, ainsy qu'il avoit dit à Ziegler, s'ils avoient quelque chose devant le grand conseil, qu'il seroit necessaire de parler là dessus M.r Le Consul en Charge, et principalement puisque les choses êtoient si avant dans leurs mains, et à fin qu'on se puisse mieux Eclaircir par les pieces Authentiques touchant cett'affaire. 3.o Qu'il n'avoit jamais eû aucune estime pour les Inspirés, et leurs conduite, connoissant fort bien l'Excellence de l'Ecriture Sainte, au quel livre il se tenoit fermement et sans aucun doute: Qu'il entend pourtant qu'il y a là dessus principalement 3 sentiments; Que les uns disent qu'elles viennent immediatement de Dieu, et qu'il croit que cela provient d'une trop grande facilité de croire, manque et des bons principes et de jugement: Que d'autres disent, que les Inspirations viennent du Diable, et qu'il croit, que cela provient d'un jugement precipité et sans Examen; Et que les troisiemes disent, que ladessus il faille suspendre le jugement, comme le disent beaucoup des Theologiens fameux en Allemagne, aux quels il se rangoit aussy. Là dessus il fut interrogé, s'il croyoit que les Ministres de l'Evangile devoient être des hommes regenerés?[5] sur cela il repondoit:[6] Qu'il luy semble veritablement, que pour l'honneur de nôtre S.te Religion, on devroit au moins[7] pretendre cela, conformement à la Confession Elvetique, et aux ordonances de Nôtre Ministere; qu'un ministre irregeneré peut bien precher les verités de l'Evangile, mais sans efficace, comme provenantes seulement de la bouche et de la Langue, sans avoir êté dans le coeur; et que sans doute les faux Prophêtes et Docteurs de l'Ancien et du Nouveau testament, ont fort bien pû citer en foule les passages de l'Ecriture, et faire une assés bonne parade en Chaire, ou devant le peuple, mais que Dieu n'avoit jamais approuvé leurs actions: et qu'il pretende cela, sans pourtant être precisiste ou perfectioniste, sçachant bien que l'homme ne cesse point d'être homme pendant cette vie, mais que les Ministres pouvoient fort bien eviter beaucoup des choses, dont les honnêtes gens se scandalisent: Qu'on ne peut pas nier qu'il n'y avoit entre nous une grande corruption, temoin les souventes propositions qui ont êté faites en des lieux publics, comme dans le Synode l'An. 1711 dans ce lieu même de l'Examen l'Année même, sur une des Tribus l'An. 1715 où l'on s'êtoit plaint ouvertement de la Corruption du Ministere, et que là dessus il souhaitoit de tout son coeur, que l'on prit une fois la resolution de se corriger. On luy repondoit fort doucement sur tout cela, luy repondoit de même, et on est passé à une conversation; et tout cela duroit depuis 4 heures du Soir jusques à 6½.
Jeudy le 9.e Le Conseil proceda à la Sentence contre les trois arretés sur la maison de Ville, à sçavoir, Schulthess, Ziegler, et Herrliberguer.[8] Schulthess, puisqu'il avoit donné au Conseil un Ecrit plein des injures contre le Magistrat, touchant le bannissement de Giezedanner,[9] a êté amené sur l'heure du midy, dans le Wellenberg,[10] qui est une prison infame. Ziegler a êté banni du pays pour le temps de 6 Ans et Herrliberguer pour 3 Ans avec degradation du Ministere: devants pourtant encore y rester jusques à demain matin pour pouvoir disposer de leurs affaires domestiques. Aprés midy on a conduits prisonniers sur la maison de Ville M.r Holzhalb et M.r Gosswiler, 2 jeunes Ministres.
Vendredy le 10.e On examina encore 4 jeunes ministres à sçavoir Mess.rs Balber, Hospinien, Wolff, et Lindinner, moins interessés, qui à ce qu'on me dit, sortiront à bon marché.
Samedy le 11.e On jugea de nouveau sur Schulthess, que ce soir même il sera ramené sur la maison de ville, pour y rester encore au plus 8 jours, et qu'il sera banni pour 6 années, sans pourtant oser revenir sans temoignages suffisants qu'il a entierement quitté ses Erreurs: que l'Apremidy son papier presenté au Senat sera brulé par la main du bourreau devant la maison de ville, ce qui s'executa. Gosswyler a êté suspendu 3 Ans du Ministere, et Holzhalb pendant 2 Ans.
La semaine prochaine, à ce qu'on me dit il y aura une quantité des Interessés tant hommes que femmes à l'audience, et specialement ceux de Uintertour[11].
Voila ce qui se passe ches nous, ce n'est en verité que trop, tout le monde s'en pourroit fort bien passer. Cependant nous avons un temps miserable pour touts les fruits, et Madame avec sa compagnie pour le moins un aussy miserable pour se servir des Eaux de Fefers.[12] Mais Je finis en Vous assurant, que je suis toujours avec une passion extraordinairement vive Monsieur et Cher Patron Votre treshumble et tresob. Serviteur D. J. Scheuchzer.
Zuric en hate ce 12.e Juillet. 1716.
Fussnoten
- ↑ Gemeint ist die so genannte “Ehren-Commission zu den pietistischen Sachen” oder "Pietistenkommission", die nach der Verbannung Johann Ulrich Giezendanners (1686-1738) neu gebildet und beauftragt wurde, die Pietisten zu verhören. Sie war aus dem Examinatorenkollegium, das an gleicher Zahl aus weltlichen und geistlichen Mitgliedern bestand, und aus weiteren weltlichen Mitgliedern zusammengesetzt. Die Verstärkung der Kommission mit weltlichen Vertretern hängt damit zusammen, dass der Antistes der Zürcher Kirche, Peter Zeller (1655-1718), der pietistischen Bewegung nahe stand (siehe Bütikofer, Kaspar, Der frühe Zürcher Pietismus (1689-1721), Göttingen 2009, pp. 32-33).
- ↑ Johann Kaspar Ziegler (1685-1760) reichte eine der Inspirationen Johann Ulrich Giezendanners beim Bürgermeister Johann Jacob Escher (1656-1734) ein. Siehe dazu den Brief von 1716.07.04 und die entsprechenden Anmerkungen. Vermutlich erfolgte die Überreichung des Briefes mit der Billigung Johann Heinrich Bodmers (1669-1743). Siehe dazu Bütikofer, Kaspar, op. cit., p. 487.
- ↑ Im Manuskript steht "entre".
- ↑ Im Manuskript steht "grand".
- ↑ Mit "hommes regenerés" sind die Wiedergeborenen gemeint. Siehe dazu Schmidt, Martin, Wiedergeburt und neuer Mensch. Gesammelte Studien zur Geschichte des Pietismus (Arbeiten zur Geschichte des Pietismus, vol. 2), Witten 1969, pp. 169-194.
- ↑ Im Manuskript steht an dieser Stelle ein Punkt.
- ↑ Im Manuskript steht "moin".
- ↑ Zur Verhaftung und zu den Anklagepunkten gegen die Pietisten siehe den vorangehenden Brief Scheuchzers von 1716.07.04.
- ↑ Zu diesem auf den 11. Juli 1716 datierten Schreiben, das sich in StAZH, E I 8.2, Nr. 8 befindet, siehe den Brief von 1716.07.04.
- ↑ Der Wellenbergturm.
- ↑ Winterthur.
- ↑ Dorothea Bernoulli-Falkner (1673-1764), die Ehefrau Johann I Bernoullis, hatte auf der Reise nach Pfäfers Scheuchzer in Zürich getroffen (siehe Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.07.04).
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