Bernoulli, Johann I an Burnet, William (1714.05.15)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Burnet, William, 1688-1729 |
Ort | Basel |
Datum | 1714.05.15 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 654, Nr.13 |
Fussnote |
Monsieur
Ce que vous me mandez dans l'honneur de vôtre derniere du huitieme Avril (apparemment vieux style)[1] touchant les 2 exemplaires du Commercium epistolicum, destinés pour mon Neveu et pour moi, avoit deja eté notifié par Mr. de Moivre dans une lettre, qu'il écrivit, non pas à moi, comme vous pensez mais à mon Neveu.[2] J'ai enfin reçu, mais un peu mal conditioné par la voiture, le livre de Mr. Newton,[3] que vous avez eu la bonté de m'envoyer en present, dont je vous repete les remercimens, que j'ai faits dans ma derniere:[4] Mr. de Moivre m'en avoit promis un exemplaire il y a longtemps de la part de l'Auteur, mais apparement il ne s'est pas trouvé en état de tenir sa parole, puisque je n'en ai point reçu de luy; Vous dites que Mr. Newton n'en a fait aucun present qu'à Mr. Anisson, cependant je sçay, que Mr. Varignon et d'autres Mathematiciens de France, en ont reçu, si bien que Mr. Varignon lui même me dit dans une de ses lettres, qu'il ne doutoit nullement que Mr. Newton ne me fit aussi ce même present comme il luy en avoit fait:[5] mais je ne suis pas surpris, qu'il menage ses exemplaires et qu'il n'en envoye pas à tout le monde car c'est un livre veritablement precieux et il lui en couteroit trop de les prodiguer jusqu'en Suisse; je ne laisse pas de lui être redevable de quelques uns de ses autres livres, dont il m'a regalé autre fois: Pour la nouvelle edition des Principia Phil. Nat.[6] je l'aurois acheté à tout prix, si vous n'aviez pas eu la generosité de m'en rendre possesseur. Pour ce qui est de mes remarques sur l'ancienne edition,[7] j'espere que Mr. Newton en aura toute la satisfaction, qu'il peut souhaiter, il est vray, qu'entre autres de ces remarques mon Neveu luy a indiqué une meprise avec la correction quoique sans la methode dont je me suis servi pour trouver cette correction et qu'il verra dans les Actes de Leipsiq; Il est vray aussi que là dessus Mr. Newton a corrigé son erreur dans sa nouvelle edition et y a inseré la correction de sa façon en cassant quelques feuilles deja imprimées et en y substituant d'autres sans pourtant faire mention avec un seul mot, par qui il avoit eté averti de sa meprise, ni à qui il en etoit redevable, demarche dont tout autre plus glorieux que moi se plaindroit publiquement, sur tout dans cette conjoncture, où vos Mathematiciens Anglois se mettent en campagne contre les Etrangers et se donnent tant de mouvement pour assurer à leur nation la gloire des decouvertes, qu'on a faites en Geometrie depuis quelque temps: pour vous dire la verité, je croyois que la candeur de Mr. Newton lui arracheroit quelques mots de confession de la verité à l'honneur d'un Suisse sans blesser par là la reputation de vôtre Illustre Nation; mais quelque puisse être la cause de ce silence, j'ai trop bonne opinion de l'amitié de Mr. Newton par les marques qu'il m'en a données pour croire, que ce soit un effet de mepris en me jugeant indigne, que mon Nom paroisse dans son livre. Quant au reste, j'ai remarqué en le parcourant jusqu'ici legerement, qu'il y a inseré plusieurs belles choses et d'autres corrections; il trouvera pourtant, quand il les confrontera avec mes remarques, qu'il a laissé quelques endroits defectueux sans correction. J'ai fait autre fois sur l'anciene edition d'autres remarques, que je n'ai pas encore communiquées, mais que je communiquerai peutêtre avec le temps. Je voi aussi que Mr. Newton a profité des observations de Mr. Huguens, qu'un certain nommé Groningius aprez les avoir achetées à la vente de la bibliotheque de Mr. Huguens fit ensuite imprimer, il y a environ 15 ou 16 ans avec un petit traité sur la Cycloide, que Mr. Newton peut avoir vu.[8] Vous me demandez Monsieur, mon sentiment sur le Commercium Epistolicum[9] mais je n'ai garde de decider d'une querelle qui est entre deux grands hommes, que j'estime egalement et qui tous deux m'honorent de leur affection; cependant il y auroit du pour et du contre, sans qu'il me prenne envie de m'en meler, de peur que je n'offense l'un ou l'autre ou peutetre tous les deux. Il seroit à souhaiter, que les partisans de Mr. Newton eussent embrassé sa cause avec moins d'emportement et avec d'autant plus de moderation; selon la maniere decisive dont ils parlent avec un air de superiorité, on diroit que tout ce qu'on a inventé dans les mathematiques depuis prés d'un demi siecle etoit dû uniquement à la Methode des Fluxions ou au Calcul differentiel qu'on pretend être tiré de cette methode, comme si nous autres petits compagnons n'avions rien fait que commenter sur elle et tout au plus en former quelques legers corollaires suivant l'expression de vôtre Cousin Mr. Cheynes. Mais si j'avois l'humeur querelleuse, je pourrois peutêtre montrer que nous n'avons pas peu contribué à la perfection de la methode des infiniment petis, que c'est moi le premier qui ai inventé et communiqué la maniere de reduire en regles d'algorithme pour remonter des fluxions aux fluentes ou comme nous parlons des differentielles aux integrales, dont il est resulté le calcul integral, qui est aussi le nom dont je l'ai baptisé, n'en sçachant alors point de plus convenable; au lieu, qu'auparavant on n'avoit que des regles particulieres sans Algorithme, que l'on employoit suivant l'état des questions, et le plus souvent on étoit obligé de recourir aux suites ou progressions infinies, qui faisoient la principale application de vos Messr. Si de plus mon naturel me le permettoit, je pourrois bien faire valoir mes decouvertes et les faire sonner bien haut par quelques Partisans zelés et outrés en les pronant partout et en montrant, qu'elles sont independantes de la methode des fluxions et du Calcul differentiel; mais je n'aime pas à me rendre celebre par des crieries des esprits serviles et des esclaves, ni à employer des plumes mercenaires, qui se piquent de dire des flatteries sans mesure quand il s'agit de louer quelqu'un de leur nation. Je me contente que la verité parle elle meme en ma faveur et se developpe à qui voudra s'éclaircir du fait par la lecture des livres et des journaux, qui contiennent nos productions car aprez la lecture on jugera, qui en a eté le premier inventeur. Pour ajouter un mot sur le Commercium epistolicum: Je ne sçai si vous sçavez que Mr. Leibnits, qui se trouve à Vienne depuis plus d'un an, y a publié une petite reponse sur une feuille de papier,[10] qui doit servir d'avant-coureur à une reponse plus ample quand il sera de retour chez luy; si je n'avois eu peur de charger trop cette lettre ou que cela ne vous fut pas agreable, je vous aurois envoyé cette reponse. J'espere que vous aurez maintenant reçu ma Theorie de la manoeuvre des vaisseaux:[11] J'en ai envoyé 4 exemplaires à Mr. de Moivre, un pour luy et 2 pour Mess. Newton et Halley; le quatrieme etoit pour vous: J'en ai fait un paquet que j'ai donné au Secretaire de Mr. Stanian, qui s'en retournoit de la Suisse en Angleterre me servant de la meme occasion d'en envoyer un autre exemplaire en Hollande à Mr. S'Gravensande.[12] Vous dites qu'on est impatient chez vous de voir ce traité, mais je crains que quand ils l'auront vu il ne reponde pas à leur attente. Je parle de Mr. Newton et de vos autres grands Maitres, auxquels il faut quelque chose d'exquis pour contenter leur gout; j'espere cependant, qu'ils auront la bonté de considerer que ce traité n'a eté fait que par occasion et quasi aliud agendo. Mon Neveu vous fait ses complimens, je vous prie de faire les miens à Mr. Newton: Vous aurez sans doute reçu L'art de conjecturer de feu mon Frere,[13] dont mon Neveu a envoyé 4 exemplaires à Mr. S'Gravensande pour vous les faire tenir, afin d'en garder un pour vous et de distribuer les 3 autres à Mes. Newton, Halley et de Moyvre. Je n'ai plus rien à ajouter si non la commission que ma femme m'a donnée de vous faire ses complimens. Je suis avec une passion extraordinaire Monsieur Vôtre tres-humble et tres obeissant Serviteur J. Bern.
Fussnoten
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