Bernoulli, Johann I an Battier, Christoph (1718.09.29)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Battier, Christoph, 1699-1719
Ort Basel
Datum 1718.09.29
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 673, Nr.3, fol.33-34
Fussnote Am Briefkopf die alte Nummer "14" "sowie eigenhändig "à Mr. Battier Licentié en Droit" und Datum



File icon keinbild.gif Monsieur

La lettre que vous avez pris la peine de m'ecrire m'a fait beaucoup de plaisir:[1] je vous ai de l'obligation de vôtre souvenir. J'espere que ce que vous avez appris de mon peu de lumiere dans les mathematiques ne vous sera pas inutile; vous avez assez de Capacité de vous y perfectionner par vous meme, il ne tient qu'à votre volonté; Vous dites que vous étes obligé de partager vôtre temps entre le Droit et les mathematiques, mais qu'importe? vous en avez assez pour l'un et pour l'autre, pourvû que vous veuillez bien le menager. A cet effet il faut en rabattre un peu de ce que l'on destine aux plaisirs: personne ne s'est encore repenti dans son age avancé d'avoir trop retranché de temps aux plaisirs de sa jeunesse, mais combien y en a-t-il qui faisant reflexion sur le temps passé inutilement, se recrient maintenant, o mihi preteritos etc.[2]

Pendant qu'on est jeune il faut faire provision de ce qu'on ne peut plus acquerir dans l'age formé. Un jeune homme est bien poltron s'il n'a pas le courage de devenir aussi Grand homme que tel ou tel [3]qui a excellé et qui s'est rendu celebre en telle ou telle science, car je vous prie, quelle raison auriez vous de desesperer du succés? est ce que celui que vous prendriez pour exemple qui qu'il soit n'est pas ou n'a pas été de la meme race des hommes File icon keinbild.gif mortels composés de corps et d'ames comme vous etes aussi[4]? mais vous concevez bien ce qui distingue les hommes, les uns sont naturellement portés à la vertu et à s'acquerir[5] une gloire solide, ce qui fait que rien ne leur coute, qu'ils sont infatigables, et qu'ils supportent les travaux d'esprit et de corps avec une patience incroyable, à la quelle ils[6] s'accoutument de si bonne heure, que c'est quasi leur nourriture, et qu'ils se fachent quand ils ne trouvent pas de quoi exercer continuellement leur Esprit! pendant que les autres ont de leur nature une paresse qui leur fait perdre tout sentiment pour l'honneur et pour la vertu, qui les entraine insensiblement à la sensualité, aux voluptés, à la mollesse, enfin à tout ce qui flatte les sens, qui epargne à l'esprit la fatigue et le travail et qui le corompt par consequent d'une telle maniere[7] qu'il a une horreur pour la vertu et qu'il evite comme la peste d'entrer dans le chemin qui y conduit et qu'il appelle penible et epineux, mais je ne veux pas vous precher davantage, vous étes assez clairvoyant, pour voir la verité du peu que je vous ai dit sur cette matiere, vous n'avez que faire de mes leçons; aussi je vous prie de ne le pas prendre pour une leçon qu'un[8] Maitre donne à son Eleve, mais comme un bon conseil que je vous ai donné en Ami, puisque vous m'en avez demandé. Vous faites bien de lire le cours des mathematiques de Mr. Wolf,[9] File icon keinbild.gif l'analyse de Mr. de l'Hopital,[10] et mes manuscripts dont vous avez pris copie. Mr. de Crousaz[11] aura la bonté, à ce qu'il m'a promis, de vous aider de ses bons avis et de contribuer de son mieux à tout ce qui tend à vôtre perfection. Je vous prie de lui faire mes compliments en le remerciant de ce qu'il souhaite que la satisfaction de lire mon eloge qu'il croit qu'on ne fera aprez ma mort en qualité d'academicien soit reservée à une posterité fort eloignée.

Je suis avec une affection sincere Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur Bernoulli


Fussnoten

  1. Dieser Brief ist nicht erhalten. Christoph Battier hielt sich im Sommer 1718 in Lausanne auf. Vgl. Matrikel Basel IV, Nr. 2406. Er hatte neben seinem Studium der Jurisprudenz, das er am 8. April 1718 mit einer Dissertation "De transactione hereditaria" abschloss, bei Johann I Bernoulli Mathematik betrieben.
  2. Vergil, Aeneis VIII, 560
  3. Der folgende Text bis "prie" findet sich im Manuskript am unteren Rand der Seite.
  4. Im Manuskript steht "ausi"
  5. Im Manuskript steht "acqreir".
  6. Im Manuskript steht "il".
  7. Im Manuskript steht "manier".
  8. Im Manuskript steht "qu'n".
  9. [Text folgt]
  10. [Text folgt]
  11. Pierre de Crousaz war von 1699 bis 1724 Professor der Philosophie und Mathematik an der Académie de Lausanne


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