Bernoulli, Johann I an Wichers, Wicher (1707.01.29)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Wichers, Wicher, 1659-1725 |
Ort | Basel |
Datum | 1707.01.29 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 675, fol.158-159 |
Fussnote | Am Briefkopf mit Bleistift von anderer Hand: "Ampl. Consuli Wichers Groning." Am Ende: "Monsieur Wichers Bourguemaistre designé à Groningue" |
Monsieur
Selon ma supputation il faut que cette lettre Vous soit rendue le lendemain de la journée heureuse destinée à Vôtre Election à la haute dignité de Bourguemaistre: Plût à Dieu que je fusse moy-meme le Porteur de la lettre pour étre present à la festivité de ce jour-là, pour participer à la joye qui remplira Vôtre Famille et tous ceux qui ont une veritable affection et estime pour Vôtre Personne parmi lesquels je me conte un des premiers; et enfin pour joindre mes acclamations à celles des bienintentionés: Mais puisque ma destinée ne me permet pas de jouir de ce bonheur si longtemps desiré, Vous me permettez au moins de m'acquitter par lettre de mon devoir, ce que mon absence m'empeche de faire de bouche: Je Vous felicite donc Monsieur de cette illustre charge à la quelle Vôtre grand merite Vous a elevé, Dieu Vous donne sa grace et son bon Esprit qui Vous gouverne en toutes Vos actions, et Vous fasse donner des conseils sages et salutaires, afin qu'ils tournent tous à la gloire de son grand Nom, au maintient de la justice, au salut de la Province et de la Ville, et enfin au bien et à l'agrandissement de Vôtre Maison et en particulier à Vôtre propre honneur et satisfaction; Dieu Vous donne avec cela une longue vie pleine des prosperités, de benedictions et d'une parfaite santé, afin que Vôtre Republique puisse longtemps jouir et profiter de Vôtre sage gouvernement.
Vôtre Academie se doit rejouir principalement de Vôtre Elevation, parceque scachant que Vous avez toujours temoigné beaucoup d'estime pour les études et les belles sciences et pour ceux qui les possedent, elle pourra s'assurer que Vous ne manquerez pas d'employer Vôtre nouvelle autorité à la faire fleurir plus que jamais et à remettre sur un bon pied les sciences que quelques pedans ignorans ont taché de bannir de Vôtre academie. Je Vous assure Monsieur que si j'avois prevû ces agreables revolutions dans Vôtre Ville et sur tout que cette montagne de difficulté comme Vous l'appellez ne seroit que de neige qui s'est evanoui si tot; je Vous assure, dis-je, que je n'aurois jamais pris le dessein de quitter Groningue: Cependant il Vous plait de dire que si Vous aviez autant de pouvoir que de volonté, et que mon inclination en fût d'accord, Vôtre academie me reverroit bientot; Hébien Monsieur Vous avez presentement beaucoup de pouvoir, faites de vôtre mieux pour que je sois appellé une seconde fois; si les conditions sont avantageuses je Vous engage ma parole de les accepter; Vous sçavez que je suis homme à ne prendre pas seulement des resolutions, mais à les executer aussy, Vous en avez l'experience, j'ay quitté autrefois Bâle sans avoir àlors l'honneur de Vous connoitre, et j'ay quitté Groningue pour peu de chose sçavoir pour une montagne de neige, pourquoy donc n'aurois-je pas presentement le courage de quitter Bâle une seconde fois, voyant que ces contretemps sont passés qui m'avoient chassé de Groningue, que j'y serois maintenant reçde Groningue, que j'y serois maintenant reû favorablement, et sur tout que Vous étes parvenu à ce degrez d'autorité qui Vous met en état de me maintenir contre toutes sortes d'insultes; joignez à cela les braves Professeurs qu'on a appellés[1] depuis mon depart, sçavoir Messrs. Muykens et Moor, qui étant aussy habiles Philosophes qu'ils le sont, pourroient concourir avec moy à mettre la faculté de Philosophie et ensuite toute l'academie dans son plus haut lustre jusque là meme qu'elle pourroit parvenir au point à disputer le prix de superiorité à toutes les academies de Hollande.
Aprez Vous avoir fait à Vous et à toute Vôtre illustre famille les respects de ma femme et les miens je suis de profond de mon coeur Monsieur Vôtre treshumble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli.
Bâle ce 29. Janvier[2] 1707.
Fussnoten
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