Maupertuis, Pierre Louis Moreau de an Bernoulli, Johann I (1733.03.31)

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Autor Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Paris
Datum 1733.03.31
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 662, Nr.30*
Fussnote



File icon.gif Monsieur

Je n'entreprendray point de m'excuser d'avoir eté si longtems à repondre à l'honeur de votre lettre parce que ny quelques voyages que j'ay faits à la campagne ny quelques incommodités ny beaucoup d'occupations que j'ay eu pour l'examen des pieces du prix ne sont point des raisons suffisantes pour me dispenser de vous écrire: Le plus court monsieur est de vous prier de me pardoner une tres grande faute qui ne vous a fait qu'un tres petit tort. Cette lettre cy sera donc la reponse à vos deux dernieres du 6 jan. et 5 Fevr.[1]

Je vis dans la premiere avec grand plaisir vos nouvelles solutions du probl. de m. Cramer, et que vous approuviés ce que j'avois fait sur cette matiere. J'en eus encor davantage de voir que vous ne desaprouviés pas mon livre[2] malgré l'eloignement que vous avés pour le principe de l'Attraction dont je n'ay pas dit autant de mal que nos philosophes Cartesiens ont coutume d'en dire. Quant à l'erreur de m. Newton que vous avés remarquée, je respecte tant les grands homes, que je ne scaurois reprendre durement quelques assoupissements qu'ils sont tombés. M. Newton etoit asseurement assez scavant pour eviter une telle faute; or j'apellerois volontiers inadvertence dans un autheur, l'erreur dont sa science devoit naturellement le preserver. L'endroit que je cite du Mem. de m. votre fils, j'ay bien entendu qu'il etoit contre les Tourbillons Cartesiens, File icon.gif et surtout contre l'usage qu'en a voulu faire m. Saurin pour expliquer la pesanteur, et c'est comme ayant repondu à m. Saurin que je le cite aussy bien que l'experience de m. Bulffinger. Rien ne me paroit moins solide que les reponses que m. Saurin a voulu faire aux deux objections de m. Huygens; et l'on peut dire que si le memoire cité de m. votre fils demontre que malgré tout ce qu'a dit m. Saurin, les corps devoient tomber fort obliquement, s'ils etoient chassés vers le centre de la Terre par la matiere d'un seul Tourbillon; Les experiences de m. Bulffinger ne prouvent pas moins que les corps devroient tomber vers l'axe et non point vers le centre de la Terre. J'aurois souhaitté de scavoir ce que vous pensiés sur les objections de m. Huygens et sur les reponses de m. Saurin mais il m'a paru que vous ne vouliés pas vous expliquer sur cela avec moy, et que vous politiquiés un peu; quoyque vous deviés etre seur que je ne feray jamais d'autre usage de ce que vous m'ecrivés que celuy que vous me permettrés.

M. de Fontenelle est sans doute chargé de recevoir les pieces pour le prix qu'on luy envoye par la poste et d'en payer le port. Il a pour cela une pension de m. de Meslay fondateur du prix. Cependant il arriva pour le prix de 1731 un accident facheux. Une piece faitte par un nomé m. Meynier resta à la poste, par la negligence, à ce que disent les amis, ou par l'avarice à ce que disent les autres, de m. de Fontenelle. Quoy qu'il en soit votre piece sera seurement receue, soit par la poste à l'ordinaire en la faisant charger sur le livre à Huningue et donant avis du depart par une lettre particuliere à m. de Fontenelle, soit par la voye de m. D'Onsenbray. Quant à la piece, je vous repeteray monsieur ce que j'ay deja souvent eu l'honeur de vous dire; que vous ecrivés mieux en Francois sur ces matieres que tous nos Francois ne scauroient faire. Et pour ce qui est de m. de Meyran, je ne crois point qu'il faille sacrifier la verité pour persone ny ce qu'on croit vray; et vous voyés que ce qu'il vous doit ne l'a pas empeché de doner son mauvais memoire contre les forces vives.

File icon.gif Je connois sans doute l'abbé Degua[3] et avois eté temoin de la gageure qu'il avoit faitte avec beaucoup de hauteur contre un m. Fontaine fort habile en geometrie et fort de mes amis. J'ay eté charmé de voir que vous ayés jugé l'abbé comme nous le jugions icy; c'est un home fort presomptueux qui a dit qu'il falloit qu'on vous eust prevenu contre luy et qui est toujours persuadé que ses Galimatias metaphisiques sont d'excellentes choses. Comme il me paroissoit que son soubcon de vous avoir prevenu tomboit sur moy je luy ay fait voir la Datte de votre Derniere lettre,[4] et la ligne Conoissés vous m. un certain m. l'abbé Degua? sans luy rien montrer du reste. Il brigue actuellement une place d'adjoint dans l'academye et est le concurrent de m. Fontaine.

Je vous supplie monsieur de bien marquer à m. votre fils la reconoissance que j'ay pour toutes ses bontés en attendant que j'aye l'honeur de luy ecrire. Je n'ay jamais pensé que ce fust de luy que fust venu ce bruit que je faisois la critique des Mem. de l'Acad.ie du Petersbourg et j'ay toujours compté au contraire qu'il me deffendroit de l'accusation. Revient il ce printems comme vous me l'avés mandé?

Je ne scay point encor si m. Clairaut ira à Basle. Je luy communiqueray, puisque vous le permettés les richesses que vous m'avés confiées il en est en verité digne. La Geometrie reprend vigueur en France et ce jeune Clairaut la poussera bien loin.

J'ay exécuté ces jours passés à l'Acad.ie une entreprise assez hardie. C'etoit de lire l'Analyse et un commentaire que j'ay fait sur les trois sections de m. Newton qui regardent l'Attraction par raport aux differentes figures des corps. J'y ay joint une determination du cylindre qui formé d'une quantité de matiere donnée exerceroit la plus grande attraction dans quelqu'hypothese d'attraction que l'on suppose dans la matiere. Ce probleme n'est pas difficile. Mais j'avois voulu trouver quel seroit le spheroide d'une quantité de matiere donnée, qui exerceroit la plus grande attraction sur un corpuscule placé sur son axe prolongé. Ce probleme File icon.gif m'a paru fort difficile. Et m. Clairaut, Fontaine et moy tous trois par des routes fort differentes avons trouvé une mesme solution dont nous nous defions tous trois. Nous ne trouvons pour solides de la plus grande attraction, que des cones. Je n'ay point leu ce dernier probleme à l'academye. Faittes moy la grace d'y doner un quart d'heure et de me dire si nous nous trompons comme nous en avons l'air. Car ce seroit un violent paradoxe que dans quelqu'hypothese d'attraction que ce soit, le solide de la plus grande Attraction fust toujours un Cone, et ne variast que par l'angle du sommet.

J'ay bien des graces à vous rendre des soins que vous avés pris d'envoyer mon livre à Leypsik et de recomander qu'on en fist l'extrait.[5] Mais je meurs de honte de ne vous avoir pas encor fait rembourser le Louis que vous avés donné pour moy à m. Moulla. Je vous en demande mille pardons je n'ay veu m. Deucher qu'hier à qui je le donnay pour vous le faire remettre par son beaufrere m. Miller chez qui vous aurés la bonté de l'envoyer chercher. Je vous prie toujours de me dire le prix de la Grammaire chinoise;[6] Si vous me le refusés vous m'oterés la liberté de vous demander les exemplaires doubles qui vous vienent de Petersbourg.

Permettés moy de presenter mes tres humbles respects à madame Bernoulli et à toute votre maison. Je suis toujours avec les sentiments les plus respectueux Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur Maupertuis

de paris Mard. 31 Mars 1733.


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. de Gua
  4. [Text folgt]
  5. [Text folgt]
  6. [Text folgt]


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