Maupertuis, Pierre Louis Moreau de an Bernoulli, Johann I (1731.06.11)

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Autor Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Paris
Datum 1731.06.11
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 662, Nr.12*
Fussnote



File icon.gif Monsieur

Je ne doutois point de la part que vous prenés en ce qui me regarde. Je le meritte par les sentiments que j'ay pour vous. Il est que je n'ay point de famille à entretenir et que par là les pertes que je souffre me sont moins sensibles, mais pour les grands biens dont vous me parlés je ne les ay ni ne compte les avoir jamais. Pour veu qu'il me reste de quoy vivre mediocrement je suis fort porté à me consoler des pertes que je peux faire. Quant à vous monsieur il est vray que la consideration d'une famille et d'une famille qui meritte autant vos soins et votre tendresse semble authoriser votre chagrin mais vous scavés cependant, combien les chagrins de reflexion sur les evenements passez et qu'on n'a peu detourner sont inutiles. Et quand vous penserés aux biens que vous possedés et que ny les banquerouttes ny les revolutions mesme des etats ne scauroient vous enlever quelle source de consolations ne trouverés vous pas. Quelle difference entre la possession de quelque masse de metal que les plus sots peuvent aussi bien acquerir que les plus gens d'esprit et la possession de vos tresors. Si vous y faittes attention combien de gens auroient à se plaindre de la fortune de ce que quelque tems, quelques efforts, quelque industrie qu'ils employent à tâcher d'File icon.gifacquerir les biens dont je parle ils ne seront jamais que des gueux et à peine en etat de compter vos richesses.

J'ay leu votre Ecrit sur le corps qui glisse etc.[1] qui me paroit un des plus beaux ouvrages que j'aye veu: Ce n'est plus un simple probleme. C'est une Theorie tres vaste et tres complete de cette espece de statique qui abonde en difficultés et dont je ne scay pas si persone autre que vous seroit jamais venu à bout. C'est là de ces richesses monsieur dont les plus grands rois ne scauroient gratifier leurs favoris ny jouir eux mesmes.

Que je profite de ce tems facheux où vos chagrins ne vous permettent point vos meditations profondes pour vous prier de revoir ma piece sur les spheroides et sur les anneaux.[2] Sur ce que vous m'avés dit et que je crois aussy qu'elle seroit mieux receue en Angleterre qu'icy j'ay envie de l'envoyer aux Transactions philos. et pour cela je l'ay mise en latin, mais je suis aussy peu seur de mon latin que de ma geometrie et la grace que je vous demande c'est de vouloir bien jetter l'oeuil sur l'un et sur l'autre egalement quoyque je craignisse plus de faire un Solecisme en Geometrie qu'en Latin. Corrigés donc monsieur, effacés, ajoutés ce que vous jugerés à propos et ne me refusés pas ce plaisir. Je ne veux point lire cette piece dans nos assemblées où il y a des gens qui le mot seul d'attraction epouvante.

Je souhaitte fort quoyque vous en disiés qu'on propose pour sujet du prix l'explication de cette attraction car aprés votre explication je suis persuadé que tout le monde la recevra: Quelque soit cependant qu'on propose pour le prix vous aurés toujours le mesme avantage lorsque vous voudrés y travailler. J'ay leu File icon.gif nouvellement le livre de Villmot;[3] rien n'est plus absurde que la maniere dont il croit expliquer ce phenomene et je me souviens tres bien que vous me l'aviés fait voir à Basle. Enfin monsieur en attendant qu'on scache ce que c'est que l'attraction je crois qu'elle est assez donnée par les faits pour qu'on puisse s'en servir. Et je vous prie de me fair la grace d'examiner si j'en ay fait un bon usage et de corriger mon langage et de me renvoyer mon ecrit par la poste.

Il est vray monsieur que Basle ne conoit point assez le prix de ce qu'elle possede en vous. Les capitales des plus grands etats se feroient un honeur infiny d'avoir un pareil cytoyen et souvent ont acheté par de grosses pensions des gens qui ne vous valoient pas mais il est vray aussy qu'il vous eust eté difficile dans ces grandes villes de trouver la tranquillité dont vous aviés besoin pour vos Grandes decouvertes. Il n'y a persone à Paris qui n'eust voulu voir monsieur Bernoulli s'il y eust demeuré; les scavants, les seigneurs, le peuple, tout vous eust importunés. Je suis avec beaucoup de respects Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur Maupertuis

de Paris Lundy 11 juin 1731


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. [Text folgt]


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