Maupertuis, Pierre Louis Moreau de an Bernoulli, Johann I (1731.05.18)

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Autor Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Paris
Datum 1731.05.18
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 662, Nr.11*
Fussnote



File icon.gif Monsieur

Je receus l'autre jour l'honeur de votre lettre et je ne scaurois vous dire combien je ressens le malheur qui vous est arrivé. Je ne scaurois m'accoutumer à voir persecuté de la goutte et chagriné par des banquerouttes un homme destiné à éclairer les autres hommes, ce que je tiens la plus grande superiorité de toutes; les malheurs ne devroient arriver qu'aux gens ordinaires dont le trouble ou la tranquillité d'esprit est indifferente à la societé. Enfin monsieur à ces raisons generales que j'ay pour ressentir les maux qui vous arrivent, joignés y je vous prie, ou plustost faittes preceder l'amitié la plus vive. S'il y avoit quelque rapport de vous à moy je vous dirois que depuis mon retour de Basle j'ay perdu 12 mil francs, et encor en dernier lieu je viens de perdre ou du moins il y a toute apparence que je perdray 2 mil livres de rente viagere sur les fils de Samuel Bernard l'home le plus riche qui soit en France et qui cependant laisse faire une indigne banqueroutte à ses fils; il y a une comission pour examiner leurs affaires et l'on n'espere pas en tirer grand'chose. Il est tres vray que les mathematiques demandent une grande tranquillité d'esprit; et c'est la raison dont se sert mon amour propre lorsque je me plains du peu de progrés que j'y fais: car depuis longtems j'ay eté extrement File icon.gif agité de toutes sortes de traverses; la mort de ma mere en a marqué le commencement;[1] et depuis ce malheur qui devoit m'endurcir à tous les autres je n'ay point eu de repos. Je me suis veu quelque fois sur le poinct de quitter Paris et m'aller confiner dans quelque retraitte pour voir si j'y pourrois trouver la paix et etudier à mon aise; enfin monsieur la vie n'est que peine.

Vous me rendés confus par ce que vous me dittes au sujet du petit present que je vous ay fait. Il l'en faut beaucoup que je croy que ny cela ny cent fois d'avantage pust payer vos lecons mais je vous prie de le regarder come une marque legere d'une grande reconoissance. Puisque vous me consultés sur la dispute qui est entre vous et madame Bernoulli, mon avis est que les jettons servent au quadrille[2] quelque chose qui en puisse arriver à la Minerve; et s'ils s'usent, il y en a encor icy. Je crois que j'en recevray bientost. M. Saurin veut se faire veteran et si cela arrive je crois que j'auray une place de pensionaire. M. Deucher m'a ecrit qu'il vous avoit remis la bourse en mauvais etat parceque les jettons l'avoient usée par l'agitation de la chaise.

J'ay achevé de corriger la derniere epreuve de votre piece sur les Tautochrones et j'espere que vous serés content de la correction[;] je l'ay fait imprimer selon votre maniere d'ecrire avec des parentheses au lieu de lignes en dessus, et les denominateurs File icon.gif sur la mesme ligne que les numerateurs, separés par deux poincts; Cela me paroit plus net maintenant que j'y suis accoutumé. On n'a point encor delivré les Mem. de 1729 mais je crois qu'on les delivrera incessament, et si m. de Meyran oublioit de vous les envoyer je ne l'oublierois pas.

Je vous ay mandé monsieur que ma conjecture sur l'anneau de saturne me tenoit au coeur;[3] voicy la solution d'un probleme sur cette matiere que je vous supplie de vouloir bien examiner et de m'en dire votre sentiment en me le renvoyant;[4] car je crains bien de m'y estre trompé; et n'ay point voulu passer du tems à en verifier les calculs que je ne scache si la solution est bone.

Je ne scay pas quel sujet nos commissaires des prix proposeront pour le prix prochain je tascheray de les determiner à proposer la cause de l'attraction apparente des planetes en raison doublée reciproque des distances au soleil. Entre nous ils se croyent plus scavants sur cela qu'ils ne sont et croyent en general qu'il ne faut qu'imaginer des tourbillons pour venir à bout de tout, faute d'avoir assez examiné la matiére; ils croyent aussy que Villmot n'a rien laissé à desirer sur cela.[5] Je suis avec beaucoup de respect Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur Maupertuis

de paris vend. 18. May. 1731

Adressés moy s'il vous plait d'ores en avant (à m.r etc. rue S Anne prés les nouvelles catholiques) à Paris.


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. Kartenspiel für vier Personen, ähnlich dem L'hombre-Spiel.
  3. [Text folgt]
  4. [Text folgt]
  5. [Text folgt]


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