Fontenelle, Bernard le Bouyer [Bovier] de an Bernoulli, Johann I (1729.08.29)

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Autor Fontenelle, Bernard le Bovier de, 1657-1757
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Paris
Datum 1729.08.29
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 658, Nr.8*
Fussnote



File icon.gif Monsieur

Voilà un Recepissé qui vous certifiera la reception et l'enregistrement de votre ouvrage.[1] Si le temps ne m'avoit pas extrémement pressé, et que d'ailleurs je n'eusse pas eu encore quelque chose à faire qui ne se pouvoit remettre, je l'aurois lû pour mon plaisir, et pour mon instruction, et par l'avidité qu'on a de voir tout ce qui vient de vous, car du reste vous vous moquiés de moi de vouloir que je le lusse pour juger si vous le presenteriés. En verité, si ce n'etoit le respect infini que j'ai pour vous, je me serois faché de cette proposition. J'ose vous dire que je la pardonne à votre modestie, mais au fond elle n'est pas soutenable.

Vous savés trés bien le françois, et cent fois mieux qu'il ne faut pour une pareille matiere. Ainsi n'ayés absolument aucun scrupule sur le stile.

Je suis trés persuadé que M. de Mairan étant Juge ne s'offenseroit pas de ne pas savoir votre secret, mais si vous croyés devoir cette confidence à l'amitié, vous la lui pouvés faire. Pour moi je ne me vanterai de rien, et j'aurai absolument la bouche fermée, mais je suivrai la Piéce de l'oeil par l'interest que j'y prends, et je réveillerois adroitement l'attention des Commissaires pour elle, s'il en étoit besoin, mais je ne croi nullement que ce cas là arrive, et j'ai bien peur de ne point faire le peu que je pourrois.

Je vous remercie trés humblement, Monsieur, d'avoir envoyé l'Ecrit de Mr. l'Abbé de Bragelonne à M.r votre fils.[2]

Pour la question des forces vives, je déclare que je n'y entens encore rien. Dans quelque temps d'ici, j'etudierai avec attention tout ce qui en File icon.gif a été écrit, d'abord par vous, Monsieur, ensuite par nos Academiciens en 1728,[3] et je tâcherai d'y voir clair. Jusque là je ne sens que le préjugé de votre autorité, qui est trés grand, ceux méme qui vous attaquent, le sentent comme moi.

Si vous vous donnés la peine de songer aux finis indéterminables, je vous supplie de les prendre comme je les donne, comme une espece d'hipothese necessaire jusqu'à present pour expliquer plusieurs phenomenes du Calcul, principalement celui de l'art. 363. C'est ainsi que j'en ai parlé dans l'art. 197.[4] Ce n'est pas que plusieurs bons Geometres ne conviennent presentement de la necessité de recevoir absolument cette hipothese, ou paradoxe, il y en a meme qui m'ont reproché de l'avoir proposé d'une maniere trop timide, mais je ne vous en demande pas tant, toutes ces autorités ne sont rien auprés de moi en comparaison de la vostre, et il me suffira que vous jugiés le paradoxe recevable en attendant mieux pour expliquer les effets du Calcul. Si vous nous donnés ce mieux, que vous étes plus capable que personne de trouver, je le reçoi de tout mon coeur, et suis assés glorieux de vous avoir donné occasion de le trouver. Car enfin il y a là quelque chose, qui vaut la peine d'étre cherché.

Je sens, Monsieur, que vous ne voulés parcourir mon Livre[5] que par rapport aux finis indéterminables, qui vous arrestent, et vous revoltent. Mais j'aurois bien souhaité que vous jetassiés les yeux sur d'autres choses differentes, que l'on me flate qui sont neuves, et qui répandent quelque lumiere sur la Geometrie de l'Infini. Votre jugement m'apprendroit sûrement à quoi je m'en dois tenir. Je me connois trop moi méme pour ne pas croire que j'ai fait des fautes, vous en avés bien trouvé, et d'essentielles, dans M. Newton, et que sera ce de moi? aussi je ne vous demande pas un examen si exact, qui me feroit trop de peur, File icon.gif je me contenterois bien d'un jugement general qui ne me fust pas tout à fait défavorable.

J'oubliois à vous dire que je suis sur que vous ferés un trés grand plaisir à l'Academie de rétablir les Tourbillons de Descartes si décriés par les Anglois, et de nous délivrer de leurs Attractions, et de leur Vuide. C'est presque là une querelle de Nation, où nous serons ravis de vous avoir pour nous. On m'a dit que quand les Anglois ont veu l'Annonce de notre Prix sur les Aphelies des Planetes etc. ils en crevoient de rire, comme si tout cela n'étoit pas démontré à fond et épuisé par M. Newton.

Je suis avec un respect infini Monsieur Votre trés humble et trés obeïssant serviteur Fontenelle

de Paris ce 29 Aoust 1729.

File icon.gif A Monsieur

Monsieur Bernoulli Professeur en Mathe-

matique

A Basle


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. [Text folgt]
  4. [Text folgt]
  5. [Text folgt]


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