Crousaz, Jean Pierre de an Bernoulli, Johann I (1720.08.14)

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Autor Crousaz, Jean Pierre de, 1663-1750
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Lausanne
Datum 1720.08.14
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 656, Nr.16*
Fussnote Letzte Seite leer



File icon.gif à Lausane 14 Aoust 1720.

Monsieur

Il y a longtemps que je n'ay eu l'honneur de vous écrire, et en cela je profite bien mal de la liberté que votre amitié me donne et des fruits que je puis tirer de votre commerce; Mais je n'en dois accuser que la negligence de mes Libraires, qui ne m'ont mis en état que depuis deux jours de vous envoyer ce que je vous destinois et que vous deviés avoir il y a trois mois. Agréez Monsieur, je vous prie cet exemplaire de ma nouvelle Logique,[1] et si vos occupations importantes vous laissent le temps de la lire, soyés tres persuadé que je profiterai avec bien de la reconoissance de tout ce dont vous aurés l'amitié de me faire part. Je vous assure, Monsieur, que chaque jour je me convainc davantage que le premier rang vous est dû entre les Mathematiciens et dès qu'on excelle, comme vous faites, dans cette sublime Science, on est Juge exquis et tres competent sur toutes les autres.

Nous avons ici un Jeune pensionaire nommé M. de Traitorrens qui a du merite et en particulier du talent pour les Mathematiques; C'est seulement dommage qu'il s'en pique trop. Il me disoit il y a quelque jours qu'il avoit trouvé une methode tres universelle de delivrer d'incommensurables une Equation, de quelque degré qu'elle soit, et en quelque nombre File icon.gif qu'ils s'y trouvassent; Je me proposai de luy faire sentir l'inutilité d'une decouverte, dans laquelle il paroissoit s'applaudir extrêmement; et pour cet effet je luy demandai si le calcul étoit bien long! Tres long, me dit-il, et la somme devient-elle fort grande. Extremement. Et les Signes, continuai-je, montent-ils à des Puissances fort elevées; Fort haut, me dit-il; Et ne croyés[2] vous pas repliquai-je que quand il faudra assigner à une Grandeur ainsi énoncée leurs valeurs, par des Extractions de Racines vous tomberés derechef dans de nouveaux incommensurables, dans des vrais irreductibles, et que quand vous voudrés exprimer leurs rapports et les representer en lignes, la multiplicité de vos signes vous jetteroit dans de nouveaux embarras. J'ay plutot fait de chercher une ligne qui soit à comme une Racine est à sa 3.e ou 4.e puissance, que de parvenir à travers mille combinaisons à une puissance dans laquelle se trouvera degagée de signe radical. Il ne vaut pas la peine, ce me semble, de changer un signe en un autre,[3] à moins que celui ne soit un plus commode pour le calcul, c'est à dire, plus précis et plus simple, ou qu'il ne soit plus signifiant, c'est à dire qu'il ne donne des idées plus nettes et qu'il ne presente la chose dont il est le signe et l'expression avec plus d'evidence et de simplicité. Je soumets tout cela comme tout le reste à votre jugement.

Le mesme M. Traitorens a un frere d'un esprit rêveur et qui dans la conversation ne donneroit pas une grande idée de luy, mais qui a un genie singulierement heureux pour les machines. Sur une Regle de Laiton [4] qui n'a pas deux pieds de longueur et dont la largeur est de deux pouces, il a tracé des divisions qui repondent aux cordes des Arcs divisés en minutes secondes de cinq en cinq. La machine joue de telle sorte qu'en faisant couler le long de cette regle un rayon d'un pied avec ces alidades, on en tirera plus de secours que d'un quart de cercle de quatre pieds de Rayon. La commodité est infiniment plus grande; cela saute aux yeux. Pour ce qui est de la sureté File icon.gif de l'operation, il pretend que ses divisions sont d'une parfaite exactitude, au lieu que les cercles tracés avec le plus de soin ont toujours leurs imperfections, de l'aveu de tous les experts. Je n'ay pas examiné la machine, car ces Messieurs se sont contentés de me dire ce que je viens de vous rapporter, et de la faire passer sous mes yeux comme un éclair, ne craignant rien tant que le malheur d'estre devinés. Ce qu'il y a de sûr c'est que si elle est bonne, ils ne la garderont pas pour eux; Qu'ils en recueillent tres purement et tres uniquement la gloire de l'invention et du travail; Cela est juste et j'y consens de tout mon coeur, tres content qu'avec de l'argent je puisse en profiter avec le reste des Geometres. Le temps nous apprendra bientot ce qui en est.

Je suis dans les sentimens de la plus parfaite estime et plein d'attachement et de zele Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur J. P. De Crousaz


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. Im Manuskript steht "croyai"
  3. Im Manuskript steht "une autre"
  4. Im Manuskript steht "Leton"


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