Bernoulli, Johann I an Fontenelle, Bernard le Bouyer [Bovier] de (1720.05.11)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Fontenelle, Bernard le Bovier de, 1657-1757
Ort Basel
Datum 1720.05.11
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 658, Nr.1
Fussnote



File icon.gif Monsieur

Estre estimé d'une Personne de Votre rare merite et de Votre reputation est sans doute ce qu'il y a de plus glorieux pour un homme comme moi qui ne cherche qu'à plaire à ceux qui aiment la vertu et l'erudition; je n'ai pas assez de vanité pour me croire digne de Votre estime, mais que je le sois ou que je ne le sois pas, je sçai depuis longtemps que Vous ne m'en jugez pas tout à fait indigne, Vous l'avez fait voir en bien des occasions; mais non content de m'estimer Vous avez aussi la bonté de m'aimer, Vous venez de m'en donner une preuve eclatante par la recommendation que Vous avez adressée en ma faveur à Madame la Marquise d'Avarai.[1] Cette Dame dont j'admire les eminentes qualités, les vertus et le merite, a une consideration toute particuliere pour moi; Elle m'en a donné des marques dés son arrivée en Suisse par des lettres pleines de civilités, quoiqu'alors je n'eusse pas encore eu l'honneur de la voir. Je suis convaincû que c'est Vous Monsieur qui lui avez inspiré ces sentiments faFile icon.gifvorables où Elle est à mon egard.

Quant à Votre recommendation pour procurer à un de mes fils une pension d'ecolier de celles que le Roi donne aux cantons Suisses, j'ai le plaisir de Vous dire que cette recommendation a eu tout son effet, voici comment: Mon fils ainé [2]qui partit pour Venize il y a 3 ou 4 semaines prenant sa route par Soleure a eu l'honneur de faire sa reverence à Mad.e l'Ambassadrice en Lui livrant la lettre dont je l'avois chargé pour Elle. Outre la gracieuse reception qu'Elle lui fit le lendemain, Elle lui donna à entendre que son Exc. Monsgneur l'Ambassadeur avoit resolu d'accorder à un de mes fils une des dites pensions par gratification et sans que j'aye besoin d'avoir pour cela la nomination de la part de notre Magistrat selon la coutime ordinaire,[3] honneur d'autant plus grand pour moi que les autres pensions royales que l'on paye annuellement à l'etat d'ici demeurent suspendues depuis quelque temps

[4] à cause d'un juste ressentiment que Monsgr. l'Ambassadeur a contre la conduite de certaines personnes d'ici ennemies de la justice aussi bien que des sciences; Vous pouvez bien Vous imaginer Monsieur que ce sont justement ces gens-là qui avec leur pouvoir presque despotique qu'ils usurpent sur nous, haissent cruellement ceux qui font profession File icon.gif de probité et qui sans se meler d'affaires s'attachent uniquement à faire fleurir les belles lettres et les sciences. Madame d'Avaray bien informée de la verité de ceci m'ayant donc dispensé de passer par la nomination du Magistrat, non seulement Elle m'a procuré cette pension pour un de mes Enfans en donnant ordre de me la faire payer sur le champ pour la premiere année, mais Elle eut encore la generosité de me faire esperer, selon que mon fils m'ecrit, quelque chose de perpetuel et plus considerable que la pension d'ecolier qui ne dure qu'une couple d'années et ne porte que 200 lb par an fort insuffisant pour la subsistance d'un de mes fils que je voudrois envoyer à Paris pour y etudier, particulierement dans cette cherté qui y regne et regnera sans doute encore longtemps, de sorte qu'il me faudroit peutetre faire une depense 7 ou 8 fois plus grande. Aussi est il vrai que l'honneur qui me revient de cette pension m'est incomparablement plus estimable que le profit,[5] d'autant que nos petits Tyrans en seront enragés voyant que malgré leur cabale ils ne peuvent pas empecher que les sciences que je cultive et qu'ils meprisent si fort ne soient recompensées par des Personnes de distinction qui sont infiniment au dessus d'eux. Dans cette consideration je fis la semaine File icon.gif passée une promenade à Soleure pour faire à Madame d'Avarai mes hommages et La remercier de sa generosité et de tous les effets de sa bienveuillance. Il faut que je Vous avoue Monsieur, que le bon accueil et le traitement civil que j'ai reçu à Soleure a surpassé tout ce que j'osois esperer; je serois bien ingrat si je ne reconnoissois que j'en suis redevable à Votre recommendation laquelle jointe à l'opinion favorable que Vous avez fait concevoir de moi à Mad.e l'Ambassadrice m'a procuré ces avantages. Mais sans Vous repaitre de complimens je Vous dis en peu de mots que je ne mettrai jamais en oubli toutes ces marques de Votre affection, et que je ne souhaite rien tant que l'occasion de Vous faire voir que personne ne sauroit etre avec plus d'estime pour Vôtre rare merite et des sentimens plus reconnoissans pour Votre amitié que je suis Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur J. Bernoulli

Bâle ce 11. Maj 1720

P. S. Comme j'ai promis Monsieur de Vous faire part au plutot de la faveur que Mad.me d'Avarai m'a faite sur Vôtre recommendation, Vous aurez la bonté de Lui indiquer par occasion que je m'en suis aquitté, et de me recommender à la continuation de ses bonnes graces; je pourois bien en avoir besoin, si par malheur ma presence Lui avoit fait perdre une partie de son estime pour moi, puisqu'il n'arrive que trop souvent, que minuit praesentia famam. [6]


Fussnoten

  1. Gattin vom Claude Théophile Marquis de Béziade, französischen Gesandter bei der Eidgenossenschaft, in Solothurn von 1716-1727.
  2. Nicolaus II Bernoulli
  3. [Text folgt]
  4. Die folgende Passage bis "sciences" und der entsprechenden folgende Satzteil von "bien informé" bis "ceci" ist mit Bleistift in eckigen Klammern eingeschlossen. Möglicherweise sollte sie in der Abfertigung weggelassen werden.
  5. Der folgende Satzteil steht wieder in eckigen Bleistiftklammern
  6. Claudianus, De bello Gildonico, 385


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