Crousaz, Jean Pierre de an Bernoulli, Johann I (1718.08.23)

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Autor Crousaz, Jean Pierre de, 1663-1750
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Lausanne
Datum 1718.08.23
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 656, Nr.11*
Fussnote Signatur eigenhändig. Letzte Seite leer



File icon.gif à Lausanne 23 Aout 1718

Monsieur

A mon retour de la Campagne où j'ai passé nos vacances, j'ai eu le plaisir de recevoir une de vos lettres[1] par Monsieur le Ministre Dubrit. Rien n'est plus doux et en même tems plus glorieux pour moi que la maniere dont vous voulés bien entrer dans mes interêts: J'espere qu'à la fin mes ennemis auront honte de la guerre qu'ils me font, et qu'ils se resoudront à me laisser en repos.

Je me promets de vous envoier dans quelques jours les materiaux que je prepare pour mon apologie, s'ils persistent à vouloir m'ataquer. Vous, que j'ai eu l'honneur de divertir par mes nouvelles Maximes,[2] rirés peut etre avec vos amis de ce que j'ai preparé pour leur apologie.

File icon.gif Je vous en fais juge, Monsieur, suis-je dans la Republique des Lettres quelque chose de plus qu'un homme des plus mediocres? Cependant le Clergé de Berne est d'une telle humeur, qu'il suffit d'etre dans cette Rep. des lettres quelque chose au dessus du zero, pour leur devenir suspect.

J'ai remarqué depuis mon retour de la campagne que Mr. Bâtier m'evitoit,[3] la pudeur sied bien à un jeune homme, et la confusion de paroitre à mes yeux different de ce qu'il m'avoit paru à son arrivée est, à mon avis, une heureuse marque. Il est maintenant chés Mr. Bergier, où j'aurai l'ocasion de le voir plus souvent, et par consequent de lui marquer combien j'estime Monsieur son Pere, et à quel point je vous honore.

Vous aurés sans doute lû, Monsieur, l'eloge de vôtre illustre ami Mr. Leibnitz.[4] Il m'a paru digne de son sujet et de l'excellente plume qui l'a écrit. Je souhaite de tout mon coeur de ne lire jamais le vôtre, et que cette satisfaction soit reservée à une posterité fort éloignée. Ce qu'il dit pour justifier Mr. Leibnitz, contre la Nation Angloise, qui repand sur toutes choses son esprit de parti, me paroit demontré.

Il y a dans cet eloge un endroit qui m'a frapé et m'a donné une surprise de laquelle je ne suis pas encore revenu. Il paroit que Mr. de Fontenelle a sur la nature des Infiniment petits[5] des idées bien differentes de celles de Mr. Leibnitz; cela redouble mon impatience pour la Metaphysique de l'Infini, que cet habile homme doit nous donner. S'il me fait entrer dans ses idées, ce sera pour moi un veritable Maitre, car je vous avoue que j'ai beau me tourner de toutes parts, plus j'y pense, plus je me trouve forcé à reconnoitre que les infiniment petis sont tels par comparaison et non pas absolument. Si vous avés là dessus d'autres idées, vous me trouverés, Monsieur, disposé à les étudier, avec un esprit aussi neuf que si je n'y avois jamais pensé: Si je ne suis qu'un homme mediocre, j'ai du moins le merite de le reconnoitre, je me defie de mes vûes, et je vous assure que je n'ai été en repos sur les meprises que je croiois File icon.gif avoir aperçu dans le Memoire de Mr. Guinée,[6] qu'aprés que vous m'avés fait la grace de m'instruire de vos sentimens là dessus.

En vain on cherchera une formule qui donne surement un vrai Maximum, pendant qu'on le cherchera dans l'obscurité du simple calcul, et qu'on n'aura pas sous les yeux la nature même de la chose où l'on cherche[7] ce Maximum.

Ne doit-on point, Monsieur, dire la même chose lorsqu'il s'agit (comme dans l'art. 59 de l'Analyse des Infiniment petis, et encore dans le 60)[8] de choisir entre plusieurs Racines d'une Equation composée la seule qui peut satisfaire au problême, n'est on point obligé d'examiner entre celles qui se presentent, celle qui a les conditions requises. L'atention aux circonstances du Problême decouvrira, mais je doute que sans cela aucune regle et aucune formule de calcul conduise surement à ce choix.

Je me fais plus de peine, Monsieur, de vous derober du tems, si je ne vous entretenois sur des matieres dont vous êtes le Pere, par vôtre facilité à les saisir et par l'étendue que vous leur avés donné, sur des matieres, en un mot, sur lesquelles vous devés, par cette raison, au[9] Juif et au Grec, au Scythe et au Barbare. Ce sont des sujets sur lesquels il me paroit qu'on n'a pas fait des progrés mediocres quand on s'y trouve vôtre disciple avec quelque distinction. Mons.r le Marquis de l'Hopital l'a reconnu, mais cette gloire dont je ferois une plus haute et une plus ouverte profession que lui, s'il m'arrivoit de mettre au jour quelques éclaircissemens et quelques additions que j'ai écrits sur son ouvrage pour le soulagement de ma memoire, et pour l'instruction de mon fils.[10] Je vous demande la grace, Monsieur de vous persuader de la parfaite estime et du zele ardent avec lequel j'ai l'honneur d'être Monsieur Vôtre trés humble et trés obeïssant Serviteur J. P. De Crousaz


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. Crousaz, Jean-Pierre de, Nouvelles maximes sur l'éducation des enfans, Amsterdam 1718
  3. Im Manuskript steht "meditoit", was keinen Sinn ergibt.
  4. Fontenelle, Bernard le Bovier de, Éloge de M. Leibnitz, in: Histoire de l'Académie Royale des sciences. Année 1716, Paris 1718, pp. 94-128.
  5. Im Manuskript steht "petis"
  6. [Text folgt]
  7. Manuskript steht "cherce"
  8. L'Hôpital, Guillaume-François de, Analyse des infiniment petits, pour l'intelligence es lignes courbes, 2. éd., Paris 1715, pp. 49-51 und pp. 51-61
  9. Im Manuskript steht "aux"
  10. [Text folgt]


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