Crousaz, Jean Pierre de an Bernoulli, Johann I (1718.07.08)

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Autor Crousaz, Jean Pierre de, 1663-1750
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Lausanne
Datum 1718.07.08
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 656, Nr.10*
Fussnote Signatur eigenhändig. Letzte Seite leer Original



File icon.gif à Lausanne 8.e Juillet 1718

Monsieur

Je vous dois reponse depuis longtems sur la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire au sujet de Mons.r Batier;[1]la parfaite estime que j'ai pour Monsieur son illustre Pere, et la gloire que je trouve à vous donner des marques de mon empressement, feront que je ne negligerai aucune occasion de lui être de quelque usage, et c'est un devoir dont je me promets de m'aquiter souvent au retour de la campagne où je vais passer nos vacances: Je veux être avec lui sur le pié d'une familiarité qui lui aprene à commercer avec les personnes d'un certain age et d'un certain ordre, et je me reserverai pourtant quelque autorité pour lui donner utilement les avis dont il a besoin, car il est un peu jeune et même un peu étourdi: Comme il y a peu d'étrangers à Lausanne, et que la plûpart de nos Etudians se destinent au Ministere, nous n'avons pas de peine à les tenir dans une exacte discipline. Diverses occupations des plus pressantes m'ont empêché jusqu'ici de lui être utile comme je l'aurois souhaité et de vous repondre plutôt. Nos disputes au sujet de la formule du Consensus m'ont fait perdre bien du tems: Le Clergé de Berne s'est un peu trop piqué sur cette File icon.gif affaire; La sagesse de LL. EE.[2] a trouvé moien de le contenter, en ordonnant qu'on continueroit de signer, et en même tems a mis en repos nos candidats, en assurant que cette signature n'emporte autre chose qu'un engagement à ne pas contrarier les articles contenus dans cette formule: L'Académie de Lausanne avoit trois vûes dans cette affaire, la premiere regardoit les Libertins, à qui l'on étoit bien aise d'enlever un pretexte qu'ils aiment à alleguer, savoir que la politique est la mere de la Religion: Nous étions bien aises encore de degager la Religion de divers articles fort contestés entre nous, et par consequent difficiles à établir en disputant contre les Libertins. Pour ce qui est des Catholiques Romains, ils nous pressent terriblement, quand ils nous disent que, par nôtre propre conduite nous avouons la necessité d'un Tribunal qui juge en dernier ressort dans l'Eglise. Enfin, Monsieur, il nous paroissoit qu'il auroit été glorieux aux Cantons Evangeliques, et de la derniere importance pour tout le parti Protestant de faire une demarche qui facilitât la réunion des Lutheriens, si necessaire dans le deplorable état où se trouve l'Allemagne par le changement de Religion du Prince Electoral de Saxe.[3] Cette réunion est encore bien loin, quoi que si necessaire, si l'on en doit juger par ce qui s'est passé dans nôtre Canton, où les coeurs les plus pacifiques ont été traittés de perturbateurs du repos public, par ceux là même qui devroient se faire une gloire de les regarder comme freres: Je suis un exemple digne de memoire de l'odium Theologicum, la posterité aura peine à croire que, dans une Academie entiere qui se pique de donner des Loix en matiere de Religion, il ne se soit pas trouvé une seule personne qui n'ait d'abord pris à la lettre mes nouvelles Maximes,[4] et qui, pressé sur l'absurdité de cette interpretation, ne se soit enfin reduit à dire que l'ironie ne peut être aperçue que par les plus grans genies: Voila qui va de pair avec les Portugais, qui mirent une cavale à l'Inquisition, et le canton de Schwits, qui vouloit faire brûler des marionettes.[5] Oserai-je vous le dire, Monsieur, et pourés vous le croire, ils ont hardiment publié que dans l'Epitre dedicatoire de ma Geometrie,[6] j'insinuois ouvertement que les Predicateurs devoient instruire le compas à la main, et substituer Euclide à l'Ecriture S.te et que je ne pretendois pas moins qu'abolir tous nos Mysteres. Averti de tous ces bruits, je me suis rendu à Berne pour expliquer mes ouvrages File icon.gif à ceux qui ne les entendoient pas; mais à mon arrivée j'ai trouvé que ceux qui avoient fait le plus de bruit contre moi, avouoient qu'ils n'avoient pas encore lû mes Livres. Vous ne sauriés jamais vous imaginer, Monsieur, la prodigieuse difference qu'il y a entre le Clergé de cette Capitale et le reste de ses habitans; il faut la voir de ses yeux pour la croire: Parmi ceux qu'on apelle Politiques il se trouve des gens d'une grande erudition et une infinité d'un gout exquis, d'un discernement trés juste, d'une conversation charmante, également éloignés des vices et des prejugés; si j'étois plus jeune, il n'y a point de mouvement que je ne me donnasse pour me procurer la douceur de passer le reste de mes jours avec des esprits et des coeurs si bien faits. Si les affaires qu'un petit nombre de zelés tâchent de me susciter parviennent jusqu'aux Journalistes, ils s'en feront une fête, et ne manqueront pas d'en regaler la Rep. des Lettres, à la gloire de qui le public en jugera, vous le devinés bien. Si le nombre de mes protecteurs ne passoit pas infiniment le nombre de ceux qui me traversent, il faudroit me rabatre uniquement sur les Mathematiques, encore devrois je m'abstenir de Preface et d'Epitre dedicatoire dans les ouvrages que je donnerai sur ces matieres. Voila, Monsieur, des nouvelles d'un genre bien nouveau. C'est avec l'estime la plus parfaite et le zele le plus animé que j'ai l'honneur d'être Monsieur Vôtre tres humble et tres obeïssant serviteur J. P. De Crousaz


Fussnoten

  1. Dieser Brief fehlt. Offenabr handelte es sich um ein Empfehlungsschreiben für Christoph Battier (Matrikel Basel IV, Nr. 2406, Sohn des professors Johann Jakob Battier, der sich nach Abschluss seines juristischen Studiums im Herbst 1718 nach Lausanne begab.
  2. LL. EE. = Leurs Excellences
  3. Kurprinz Friedrich von Sachsen war 1712 in Bologna zum katholischen Glauben konvertiert. Diese Konversion war erst 1717 anlässlich seiner Verlobung mit Erzherzogin Maria Josepha von Österreich bekannt geworden.
  4. Crousaz, Jean-Pierre de, Nouvelles maximes sur l'éducation des enfans, Amsterdam 1718
  5. [Text folgt]
  6. Crousaz, Jean-Pierre de, La Géométrie des lignes et des surfaces rectilignes et circulaires, 2 tomes, Amsterdam 1718


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